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Quatre policiers du SPVM arrêtés

Philippe Pichet
Philippe Pichet Photo: Archives Métro/Chantal Levesque

MONTRÉAL – Quatre policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont été arrêtés jeudi matin et deux d’entre eux seront accusés de diverses infractions criminelles en lien avec leur gestion des informateurs policiers.

Les deux autres ont été arrêtés pour être interrogés. Leur identité n’a pas été révélée puisque l’enquête est toujours en cours, a indiqué le directeur du SPVM, Philippe Pichet, lors d’un point de presse convoqué à la dernière minute jeudi.

Quant aux enquêteurs Faycal Djelidi et David Chartrand, ils font face à des chefs d’accusation de parjure et de tentative d’entrave à la justice. M. Djelidi fait aussi face à des chefs d’accusation de sollicitation et d’obtention de services sexuels moyennant rétribution et d’abus de confiance.

Neuf chefs ont été déposés contre M. Djelidi et quatre contre M. Chartrand. Ces deux policiers ont été suspendus sans solde, a précisé M. Pichet.

Des accusations supplémentaires demeurent également possibles contre les deux autres policiers arrêtés.

Les accusations découlent du fait que des irrégularités ont été constatées dans le contrôle des informateurs à la suite d’une enquête menée par la division des affaires internes depuis décembre 2015, a expliqué M. Pichet lors du point de presse.

Le service avait déjà mis en place des mesures de contrôle après les cas des policiers Ian Davidson et Benoît Roberge, et grâce à celles-ci, des drapeaux rouges ont été levés. Des irrégularités ont été constatées, des mesures ont été prises pour tenter de les corriger et comme cela n’a pas fonctionné, l’enquête criminelle a été déclenchée, a relaté le directeur de SPVM, qui n’a pas voulu expliquer en détail en quoi consistaient les problèmes relevés.

«Quand on fait affaire avec une source, il faut absolument qu’il y ait des choses qui soient faites, ne serait-ce que de faire un rapport de source et s’assurer que tout soit consigné de façon exemplaire. Dans ce cas-là, il y a eu des irrégularités.»

Selon M. Pichet, personne n’est en danger en raison de ces irrégularités et les enquêtes n’ont pas été compromises.

Les deux enquêteurs travaillaient avec la division sud du SPVM auprès de l’escouade responsable des enquêtes multidisciplinaires et de la coordination jeunesse, qui s’occupe notamment des stupéfiants.

Le directeur du SPVM a interrompu ses vacances pour venir annoncer les arrestations de jeudi et a exprimé sa déception face à ce qui s’est passé.

«C’est une situation déplorable et comme policiers, nous nous sentons tous concernés lorsque l’un des nôtres traverse la ligne», a-t-il déclaré devant les journalistes.

«C’est toute la communauté policière qui s’en trouve affectée», a ajouté M. Pichet, assurant que ceux qui ne respectent pas les règles représentent une minorité.

M. Djelidi travaillait avec le SPVM depuis 16 ans, dont six au sein des enquêtes, tandis que M. Chartrand oeuvrait au sein de la force policière depuis 11 ans, dont trois comme enquêteur.

On ne sait pas pour le moment quand les deux hommes vont comparaître au palais de justice.

D’autres policiers du SPVM accusés dans le passé, ou soupçonnés de fuites de renseignements au crime organisé:

Benoît RobergeL’enquêteur Benoît Roberge a plaidé coupable à deux chefs d’accusation d’abus de confiance et de gangstérisme pour avoir vendu des renseignements aux Hells Angels sur une période de cinq mois en 2012 et en 2013. Il a reçu une peine de huit ans de prison.

Ian DavidsonL’ancien sergent-détective Ian Davidson, surnommé «la taupe», était soupçonné d’avoir tenté de vendre au crime organisé des renseignements importants sur quelque 2000 informateurs de la police. Il s’est enlevé la vie dans un hôtel de Laval, en janvier 2012, avant que des accusations ne soient déposées.

Mort de Richard BarnabéCinq policiers ont été accusés en lien avec l’arrestation brutale de Richard Barnabé, en 1993. L’homme est mort après avoir passé plus de deux ans dans un coma végétatif. Quatre d’entre eux, Pierre Bergeron, André Lapointe, Michel Vadeboncoeur et Louis Samson, ont été reconnus coupables en 1995 de voies de fait ayant causé des lésions.

Allan GossettDans le quartier Notre-Dame-de-Grâce à Montréal, en 1987, le policier Allan Gossett tue d’une balle un jeune Noir de 19 ans, Anthony Griffin. Accusé d’homicide involontaire, M. Gossett sera jugé et acquitté deux fois.

Stéfanie TrudeauStéfanie Trudeau, l’ex-policière connue sous le sobriquet de «matricule 728», a été condamnée pour voies de fait sur un citoyen qu’elle avait arrêté en 2012. Elle a écopé d’une peine de 12 mois à purger dans la communauté et 60 heures de travaux communautaires.

Philippe BonenfantLe policier Philippe Bonenfant a été accusé en 2015 de trafic de stupéfiants, possession d’une arme prohibée, en l’occurrence un poing américain, et d’avoir frauduleusement utilisé un ordinateur pour consulter la banque de données qui regroupe l’ensemble des renseignements utilisés par les policiers dans le cadre de leurs fonctions.

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