Soutenez

Quels effets la pandémie a-t-elle sur le populisme?

Le président brésilien Jair Bolsonaro (à gauche) et Luiz Henrique Mandetta, ex-ministre de la Santé du Brésil. Photo: Andre Coelho/Getty Images
Miguel Velázquez - Metro World News

Les crises économiques, politiques et sanitaires mondiales consécutives à l’urgence sanitaire pourraient devenir un «terreau fertile pour le populisme».

Ce que les politiciens d’Amérique latine n’avaient pas prévu lorsqu’ils ont eu recours à un confinement total pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus, ce sont les divisions sociétales que ces mesures allaient engendrer.  

«Au niveau le plus élémentaire, cette pandémie révèle à quel point de nombreuses sociétés sont brisées et divisées», a expliqué Peter Bloom, professeur de gestion à l’Université d’Essex, au Royaume-Uni.

Ses recherches récentes ont révélé la forte relation entre la commercialisation économique et l’autoritarisme politique ainsi que le «côté obscur» des discours d’autonomisation en milieu de travail et le rôle de la technologie dans le changement des organisations et des processus d’organisation.

La voie ouverte aux populismes

Plusieurs experts estiment que cinq mois de confinement (toujours en vigueur dans plusieurs pays) ont anéanti plus de la moitié des progrès accomplis dans la réduction de la pauvreté en Amérique latine au cours des deux dernières décennies.

«L’incapacité de garder les gens en sécurité et d’assurer leur survie ouvrent évidemment la voie aux mouvements populistes pour contester ces systèmes au nom du peuple», ajoute M. Bloom.

Peter Bloom estime que l’urgence sanitaire mondiale aura un effet important sur les gouvernements populistes. Car selon lui, il y a une demande beaucoup plus grande pour qu’ils résolvent réellement les problèmes plutôt que de simplement résister au statu quo.

«Les efforts typiques pour obtenir un soutien en diabolisant certains groupes sont généralement beaucoup moins attrayants lorsqu’ils sont confrontés aux réalités concrètes vécues par de nombreuses personnes. Cela dit, à moins que les opposants offrent également une solution de rechange viable, plutôt que de simples sentiments sympathiques et des politiques superficielles, je pense que les gouvernements populistes pourront toujours utiliser cette occasion pour renforcer leur pouvoir politique.»

Il ajoute : «À court terme, les gouvernements populistes peuvent souffrir de mouvements d’opposition faisant appel à la « raison » ou à la « science », cependant, si ces groupes ne livrent pas eux-mêmes quelque chose de positif ou ne parviennent pas à faire face, les problèmes plus profonds qui ont donné lieu au populisme – notamment les inégalités économiques et politiques – alors les discours et les partis populistes pourraient devenir plus forts que jamais.»


Dr Wolfgang Merkel
Directeur de l’unité de recherche sur la démocratie et la démocratisation au Centre des sciences sociales de Berlin (Allemagne)

La crise mondiale causée par la pandémie COVID-19 pourrait-elle profiter à la montée du populisme?

Le populisme de droite subit au moins un déclin temporaire pendant la pandémie. Néanmoins, si les gouvernements non populistes continuent de gouverner par des décrets d’urgence alors que l’opposition démocratique au parlement reste silencieuse sur cet «état d’exception» dirigé par l’exécutif, ils ouvrent un nouvel espace politique pour l’opposition. Les partis semi-autoritaires peuvent, paradoxalement, revendiquer plus de liberté, et c’est exactement cela qu’ils font.

Comment l’urgence sanitaire affecte-t-elle les gouvernements populistes?

Les gouvernements populistes tels que Trump, Bolsonaro (Brésil), Orban (Hongrie) et dans une certaine mesure le début de l’administration Boris Johnson ont minimisé les risques du dangereux virus et causé des milliers de victimes supplémentaires. Trump a perdu les élections, Boris Johnson est en difficulté, mais le premier ministre hongrois Orban n’a pas encore payé de prix pour ses politiques irresponsables. Il a transformé la démocratie défectueuse de la Hongrie en un régime semi-autoritaire.

Et Bolsonaro?

Le gouvernement Bolsonaro s’est avéré ignorant et inefficace à bien des égards. Il devra payer son prix à court ou moyen terme. Et rappelez-vous, Bolosnaro n’a pas remporté les élections, c’est le Parti des travailleurs qui les a perdues à cause de scandales de corruption. L’avenir dépend beaucoup de l’émergence d’une forte coalition d’opposition contre l’administration incompétente de Bolsonaro. Le Bolsonaro suivra son idole incompétente de Trump et il sera démis de ses fonctions.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.