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«COVID zéro»: Québec doit serrer encore les mesures de lutte au virus, disent des médecins

Une dame porte le masque devant un café à Montréal.
Photo: Josie Desmarais/Métro

Des médecins canadiens lancent une nouvelle stratégie dans la lutte au coronavirus. Le principe «COVID zéro», qui fixe un objectif radical de réduction des cas, est l’unique moyen d’éviter une troisième vague au Québec, constatent-ils.

Dans la Belle province, la courbe des cas de COVID-19 a atteint un dangereux plateau. Au cours du dernier mois, la moyenne des nouvelles infections quotidiennes dépasse les 1060, rapporte l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Au yeux du premier ministre François Legault, pourtant, les mesures sanitaires «fonctionnent», soulignait-il mardi.

C’est exactement ce discours qu’il faut éliminer, souligne à grands traits le professeur Andrew Morris, directeur médical d’un programme de microbiologie réputé au sein de l’Hôpital du Mont Sinaï de Toronto. «C’est comme si on avait accepté cette courbe», avance-t-il.

Avec des collègues, il a lancé dans les derniers jours la philosophie «COVID zéro».

«Il y a plusieurs pays qui ont eu du succès dans leur combat contre le virus: la Corée du Sud, la Thaïlande, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, observe-t-il en entrevue avec Métro. Ce qu’ils ont en commun, c’est qu’ils ont chiffré leurs objectifs à zéro cas de COVID-19. Ça ne veut pas dire qu’ils les atteignent, mais ils les visent.»

Capacité hospitalière

De l’autre côté du miroir, observe Dr Morris, des pays comme le Canada se basent sur leur capacité hospitalière pour déterminer le succès – ou non – de leur stratégie de lutte à la pandémie.

Au Québec, le ministre de la Santé réfère régulièrement à des projections hospitalières pour évaluer l’évolution de la pandémie. Pour le moment, rien ne laisse croire que les lits disponibles pour traiter les patients «COVID positifs» s’apprêtent à manquer, rapporte l’Institut national d’excellence en santé et en service sociaux.

«Le gouvernement [de François Legault] tente de trouver un équilibre entre l’économie et le nombre d’infections. Si les choses ne sont pas absolument terribles, il se dit: d’accord, on peut endurer ce nombre d’infections», constate Dr Morris.

«Ce que la stratégie COVID zéro dit, c’est qu’on ne peut pas accepter cela. Et qu’à court terme, on doit resserrer le confinement pour voir le nombre de cas s’abaisser réellement.» – Andrew Morris, professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Toronto

Les avenues sont multiples pour atteindre le «COVID zéro», affirme l’expert, qui convient que tous les gouvernements ne s’y rendront pas de la même manière.

Professeure en santé publique, Marie-Pascal Pomey évoque d’importants bémols à l’hypothèse du «COVID zéro». «C’est un peu utopique, lance cette experte de l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM). J’ai l’impression que si on y va de manière aussi drastique, on va faire énormément de mal à l’économie.»

«Pour l’instant, on n’est pas en perte de contrôle. On ne peut pas tout fermer», ajoute Mme Pomey. Elle remarque que le «défi de santé publique» réside justement dans les choix que doit faire le gouvernement.

Confinement général?

Selon Dr Morris, expert en maladies infectieuses, un reconfinement général n’est pas nécessairement la méthode à adopter pour se rapprocher du «COVID zéro». La fermeture des écoles, par exemple, demeure le dernier retranchement pour les gouvernements, souligne-t-il.

«À mes yeux, il vaut mieux tout fermer sauf les écoles en raison de leur importance. Mais des fois, c’est possible que la fermeture soit inévitable, surtout si le milieu scolaire devient un vecteur important de transmission», indique Dr Morris.

Sur la totalité des éclosions actives dans la province, 30% proviennent du réseau scolaire. Selon les plus récents recensements, plus de 1000 écoles composent avec des cas de COVID-19.

Québec doit annoncer jeudi après-midi s’il prolongera le congé scolaire durant les Fêtes et s’il permettra certains rassemblements hivernaux. Marie-Pascale Pomey n’y voit pas un risque trop important pour la transmission du virus, mais elle invite Québec à augmenter sa capacité de tests.

«Ça serait quand même plus raisonnable [d’alléger les mesures] en amenant les tests salivaires, qui ne sont pas chers et qui donnent un résultat rapide», observe-t-elle. Aux dernières nouvelles, l’INSPQ effectue les derniers essais pour valider ces outils de dépistage.

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