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Québec investit 52 M$ en prévention de la criminalité

La vice-première ministre, ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, Geneviève Guilbault.
Geneviève Guilbault Photo: Josie Desmarais/Archives Métro

Afin de lutter en amont contre les armes à feu et la criminalité, le gouvernement provincial a annoncé dimanche un investissement de près de 52 M$ supplémentaires dans des programmes de prévention. Cette enveloppe sera répartie en six mesures incluant un nouveau programme de financement des organismes communautaires œuvrant en travail de rue au coût de 20,2 M$.

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, qui avait annoncé en septembre le lancement de l’opération Centaure, un plan de 90 M$ afin d’enrayer la violence par armes à feu, a souligné l’importance d’investir également en prévention, en point de presse, dimanche.

«Le jour où une arme à feu arrive dans la main d’un jeune de 15 ans, c’est parce qu’on a échappé quelque chose. Ça devient le problème des policiers parce qu’il y a des choses qui n’ont pas été faites en amont. Il y a des problèmes qui sont construits dans certains quartiers et qui font en sorte qu’il y a une inégalité des chances qui existe pour certains jeunes. Ça devient difficile de leur offrir des alternatives positives et constructives à des choix de vie douteux comme la délinquance et les gangs de rue», a-t-elle indiqué.

Mme Guilbault était accompagnée de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, du directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sylvain Caron, de la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Chantal Rouleau, ainsi que du ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière.

Mme Plante estime que la collaboration entre les différentes instances gouvernementales ainsi que les organismes communautaires est nécessaire pour faire cesser la violence armée à Montréal.

«Il n’y a pas de solution unique face à cette montée de la violence armée qu’on voit à Montréal et dans d’autres villes. Ce qu’on peut faire, c’est faire un front commun et trouver des solutions dans une multitude de champs d’action. Ce matin, le gouvernement du Québec, la Ville de Montréal, la Sûreté du Québec, le SPVM et les organismes communautaires font partie de la solution», soutient-elle.

Organismes communautaires

Le nouveau programme de financement de la mission des organismes communautaires en prévention de la criminalité visera notamment, dès l’an prochain, à reconnaître l’action autonome des organismes communautaires de travail de rue. Ceux-ci connaîtraient des problèmes de pérennité de financement, selon Mme Guilbault.

«Les programmes de financement au gouvernement sont faits par projet. Il faut déposer un projet et là on obtient ou non une subvention qui a une durée de vie et là, il faut déposer à nouveau une demande pour avoir du financement», explique-t-elle.

Les problèmes de pérennité du financement empêcheraient la rétention du personnel et compliqueraient la tâche des travailleurs de rue sur le terrain.

«Ça prend 6 à 12 mois à un travailleur de rue pour s’acclimater, connaître son milieu et développer un lien de confiance avec les jeunes afin d’être capable de bien faire son travail. Souvent, au moment où ils commencent à être bons, ils s’en vont ailleurs parce qu’il n’y a plus d’argent. Il y a un taux de roulement dans les organismes qui peut aller jusqu’à 30% alors que pour bien fonctionner comme organisation, il faut se tenir à 4-5% de roulement», précise Mme Guilbault.

Jointe par Métro, la directrice générale de l’organisme de travail de rue Action jeunesse de l’Ouest-de-l’Île (AJOI), Tania Charron applaudit le fait que le financement, dans le cadre du nouveau programme ne sera plus fait par projet, mais bien «par mission», ce qui fournira selon elle une liberté d’action accrue.

«C’est nécessaire et primordial pour pouvoir utiliser des fonds publics d’une façon intelligente. Quand on est financé par projet, souvent on est restreint à un projet précis ou des interventions précises. Là, ça nous donne la liberté d’agir sur différents facteurs de risque et pas juste sur celui qui est financé par le projet. Avec du financement à la mission, on peut agir sur un paquet de facteurs de risque et de protection et ainsi avoir vraiment une approche écosystémique dans notre intervention», explique-t-elle.

Une somme de 3,1 M$ sur cinq ans sera par ailleurs consentie à la création d’une équipe d’intégration sociale et de liaison de la région métropolitaine. Cette instance sera formée de sept personnes, dont six agents de liaison. Selon le communiqué émis par Québec dimanche, l’objectif sera de «former un filet social entre la période d’incarcération et la prise en charge par la communauté en assurant un accompagnement personnalisé et une continuité de services à la sortie de détention».

La prévention par le sport, les arts et la culture

Québec prévoit en outre investir 11,3 M$ sur cinq ans dans le programme existant de prévention de la délinquance par le sport, les arts et la culture, qui est destiné aux jeunes présentant des facteurs de risque à la délinquance et aux gangs de rue. Le programme devait prendre fin en 2022-2023, mais sera prolongé de cinq ans en raison de l’annonce faite par Québec.

À partir de l’an prochain, le comité stratégique en sécurité urbaine de Montréal pourra compter sur un financement de 8 M$ sur quatre ans. Cet argent servira à «bonifier l’offre de services aux jeunes Montréalais, favoriser l’aménagement de lieux qui leur sont destinés et, ultimement, expérimenter des pratiques et des modèles d’organisation de services inédits», peut-on lire dans le communiqué émis par le gouvernement en marge du point de presse, dimanche.

Une subvention de 366 000 $ sur quatre ans sera octroyée à la Ville de Montréal pour l’embauche d’un conseiller en développement communautaire autochtone. Le nouveau conseiller sera assigné à la division de la prévention et de la sécurité urbaine du SPVM et travaillera de concert avec l’agent de liaison autochtone policier du SPVM.

«L’arrivée d’un nouveau conseiller en développement communautaire représentera une valeur ajoutée. La spécialisation des interventions auprès des communautés autochtones est un atout considérable pour le SPVM. Nous sommes convaincus de l’importance de collaborer en considérant les enjeux, le point de vue et la volonté des partenaires», a indiqué le directeur du SPVM, Sylvain Caron.

En 2020-2021, une mesure de financement supplémentaire de prévention de la criminalité a été mise en place pour pallier les besoins additionnels de certains organismes œuvrant en milieu communautaire causés par la pandémie. Qualifié de «fonds d’urgence» par la ministre Guilbault, ce financement sera renouvelé pour un montant de 9 M$ réparti sur cinq ans.

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