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La COP 15 finie, comment s’assure-t-on d’une réussite?

Le ministre chinois de l'Environnement, Huang Runqiu, (au centre) encadré du ministre canadien de l'Environnement, Steven Guilbeault, et de la secrétaire exécutive de la Convention sur la diversité biologique de l'ONU, Elizabeth Maruma Mrema. Photo: Getty Images / Andrej Ivanov

Maintenant que le Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal a été adopté, le travail ne fait que commencer pour s’assurer d’une réelle réussite des 23 objectifs adoptés. Que ce soit sur le plan domestique ou international, différents moyens sont disponibles pour suivre l’évolution de la protection de la biodiversité comme le demande le Cadre mondial.

Un suivi uniforme ne sera pas chose évidente. Certains des objectifs sont chiffrés ou possèdent un indicateur de performance, mais d’autres non.

Au niveau domestique, différents outils sont accessibles publiquement pour suivre en temps réel l’évolution vers les cibles. Pour ce qui est de la protection de 30% des territoires marins et terrestres, le registre des aires protégées du Québec permettra d’observer la progression au niveau provincial.

Le registre public des espèces en péril permettra quant à lui d’évaluer la progression de l’objectif du Cadre mondial ciblant la diminution du risque associé à la disparition des espèces.

Tous les acteurs de la société civile sont là pour talonner les gouvernements et assurer qu’on ait des résultats. 

Alain Branchaud, directeur général de SNAP Québec

Pour le directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP) du Québec, Alain Branchaud, bien que le gouvernement fédéral ait une grande latitude quant à la protection des territoires marins, ce n’est pas le cas pour ce qui des territoires terrestres. Selon lui, Ottawa ne peut mettre «tous ses oeufs dans le même panier» et doit faire davantage confiance aux acteurs de la société civile.

«Il faut absolument qu’une grande quantité des ressources financières aille sur la protection du territoire public, explique Alain Branchaud. Il ne faut pas que ce soit seulement investi au niveau des gouvernements des provinces et territoires, mais il faut aussi supporter la société civile, comme les organisations environnementales qui travaillent dans la protection du territoire public et ça, ça va faire la différence».

Alain Branchaud considère qu’Ottawa doit outiller davantage les partenaires qui peuvent jouer un rôle de catalyseur et d’entremetteur à l’échelle locale. Un support s’avère aussi nécessaire à l’égard des provinces pour assurer une transition des secteurs concernés par la protection de la biodiversité.

«Il faut qu’on ait le même genre de pression publique partout au Canada, avec des organisations qui sont bien outillées et bien financées, dit-il. Il faut qu’il y ait une approche différente, il faut que le gouvernement fédéral collabore mieux avec les différentes parties et je pense que le résultat sera au rendez-vous.»

À l’automne dernier, l’organisme Greenpeace a lancé une campagne pour qu’Ottawa adopte une loi afin de rendre contraignante l’atteinte des objectifs du Cadre mondial.

Selon M. Branchaud, une telle loi serait un bon outil pour à la fois s’assurer d’avoir de la transparence sur l’atteinte des objectifs, mais aussi d’établir une approche pangouvernementale qui force les différents ministères à l’intérieur d’un même gouvernement à agir de façon cohérente quant à l’atteinte des objectifs. Il craint cependant qu’une telle loi ne soit pas facilement applicable, car elle se juxtaposerait à d’autres lois préexistantes en matière de protection de la nature.

«De venir contraindre des lois comme celle sur les espèces en péril par une autre loi, ça ne ferait pas vraiment de sens», note Alain Branchaud.

Agir à l’échelle internationale

Au-delà d’assurer l’atteinte des objectifs du Cadre mondial sur son propre territoire, le Canada peut aussi agir à l’international pour que soit respecté les engagements pris par les différents gouvernements et États à la COP 15. Pour le directeur de la diplomatie climatique internationale au Réseau action climat Canada, Eddy Perez, cela peut passer par un alignement du Cadre mondial avec les traités et outils bilatéraux.

«Le Canada pourrait demander dans le contexte de négociation commerciale d’inclure cette entente environnementale comme une condition d’atteinte des objectifs d’un traité de libre-échange, dit-il. C’est dans l’intérêt du Canada – l’Hôte de la COP 15 – de présenter une vision commerciale et internationale qui force que nos relations diplomatiques renforcent la mise en œuvre du Cadre mondial».

On devrait faire de l’esprit du Cadre mondial la norme commerciale et la norme diplomatique, comme à certains égards on a essayé de faire avec l’Accord de Paris.

Eddy Perez, directeur de la diplomatie climatique internationale au Réseau action climat Canada

Pour Eddy Perez, Il faut voir le résultat de la COP 15 comme un «équilibre» entre d’un côté, les gestes qui se trouvent à l’intérieur du Cadre mondial, et de l’autre côté, le soutien économique et la solidarité entre les pays.

«Cet équilibre-là fait qu’il y a une dépendance. Il ne peut pas y avoir d’ambition sans financements et il ne peut pas y avoir de financements sans ambitions», explique Eddy Perez.

Il souligne la nécessité que les ministres signataires du Cadre mondial se rencontrent à nouveau dès l’année prochaine pour reconfirmer l’importance du Cadre mondial et présenter les efforts qu’ils auront déjà déployés à l’échelle domestique.

«Les questions de financements sont sérieuses, dit-il. Il va falloir qu’en début d’année 2023, les pays riches fassent de nouvelles contributions rapidement et qu’ils les annoncent».

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