Chemin Roxham: controverse autour des propos de Lisée
La récente proposition du chroniqueur politique Jean-François Lisée concernant l’afflux de migrants au chemin Roxham suscite beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux.
L’intervention controversée de l’ancien chef du Parti québécois (PQ) a eu lieu dans le cadre de l’émission Mordus de politique sur ICI RDI le 24 janvier. Rappelant la pression migratoire que subissent les services communautaires, les hôtels, les logements et les hôpitaux de Montréal qui sont «surchargés», Jean-François Lisée a dit souhaiter qu’une plus grande part de demandeurs d’asile arrivant par le chemin Roxham soit prise en charge par le fédéral. Il a proposé que ces demandeurs s’installent ailleurs au pays si le gouvernement canadien ne parvient pas à s’entendre avec celui des États-Unis.
«On fait un tri, on garde tous les francophones et ceux qui ont de la famille immédiate au Québec et les autres [demandeurs d’asile], on les met dans un bel autobus climatisé et on les emmène à Immigration Canada à Ottawa», a déclaré Jean-François Lisée, provoquant un certain malaise parmi les autres panélistes.
L’animateur de l’émission, Sébastien Bovet, a immédiatement rappelé que cette pratique existe déjà aux États-Unis, mentionnant l’exemple du gouverneur de la Floride. «Ron DeSantis loue des avions et des bus et il les envoie ailleurs».
«Ça manque beaucoup de compassion d’avoir ce type d’approche», a rétorqué l’ancien directeur des communications du premier ministre Stephen Harper et ancien directeur général du Parti conservateur du Canada, Dimitri Soudas, immédiatement appuyé par l’ancienne politicienne libérale Michelle Courchesne.
«Ça manque d’humanisme un peu», a renchéri Mme Courchesne.
«Un discours public en chute libre»
Cette intervention de l’ancien chef du PQ n’a pas seulement provoqué des réactions sur le plateau de l’émission: le débat s’est ensuite invité sur les réseaux sociaux.
Le journaliste Christopher Curtis a déploré que le discours public soit «en chute libre».
«Si t’es un réfugié et tu parles pas français, tu ne mérites pas d’être traité comme un bétail humain», a-t-il écrit sur Twitter.
«Quelle horreur en effet! L’Ontario c’est un vrai goulag. Personne ne mérite d’y vivre. Les provinces du Canada sont trop racistes pour faire leur part pour accueillir des réfugiés», a ironisé un internaute, réagissant au gazouillis de Christopher Curtis.
«Il n’y a pas de raison de croire que les Canadiens des autres provinces traiteront les immigrants comme du bétail», a répliqué une autre.
La journaliste Toula Drimonis qui écrit entre autres pour Cult MTL et The National Observer, n’a pas été plus tendre avec l’ancien péquiste.
«Chaque fois que je pense que nous avons touché le fond avec les experts ici, je me rends compte que ce n’est pas le cas. Le Texas dit bonjour», a-t-elle écrit sur Twitter.
«On impose au Québec le passage de 99% des migrants au Canada avec tout ce que cela impose de pression sur nos services de santé/scolaire/communautaire. Qu’est-ce qu’il y a de mal à demander à ce que les autres provinces fassent leur part?», a répliqué Steve E. Fortin, qui est entre autres chroniqueur pour le Journal de Montréal et le Journal de Québec.
Demandeurs d’asile en chiffre
Selon les chiffres disponibles sur le site du Gouvernement du Canada, il y a eu un nombre total de 92 715 demandes d’asile traitées par l’Agence des services frontaliers du Canada et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada en 2022:
Québec: 59 205;
Ontario: 26 920;
Colombie-Britannique: 3975;
Alberta: 2050;
Manitoba: 305.
Pour ce qui est spécifiquement du nombre d’interceptions faites par la GRC de demandeurs d’asile appréhendés entre les points d’entrée, 39 171 ont été faites au Québec sur un total de 39 540 au pays.
Rappelons que la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette, a récemment demandé au fédéral de régler le problème du chemin Roxham en renégociant l’Entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis.