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Derrière les barreaux de la Prison au Pied-du-Courant

Plus d'une centaine de patriotes ont été détenus à la Prison au Pied-du-Courant. Douze ont été exécutés en face de l'enceinte principale. Photo: David Beauchamp, Métro

L’exposition Entre résistance armée et insurrection, chapitre II – Lieu de mémoire, gérée par la Maison nationale des Patriotes, raconte comment la Prison au Pied-du-Courant, au-delà d’être le lieu d’exécution d’une douzaine de chefs du mouvement patriote, s’inscrit dans une nouvelle ère du milieu carcéral à une époque importante de l’histoire politique et sociale du Québec.

«La prison de 225 cellules a été terminée en 1840, mais les travaux ont débuté en 1832, avant même que les événements aient lieu, explique la médiatrice culturelle pour la Maison nationale des Patriotes, Marilou Desparois. C’était un lieu idéal pour construire une prison nouveau genre puisque ce secteur de Montréal était rural et retiré de la ville.»

Un nouveau modèle carcéral

L’emplacement, situé sur la rue De Lorimier près de la rue Notre-Dame et de la station de pompage Craig, permet à l’administration coloniale du Bas-Canada, colonie de l’Empire britannique qui deviendra la province de Québec, de construire un nouveau type de prison. En effet, l’incarcération n’est plus qu’une simple transition, mais elle devient une fin en soi, rompant avec l’utilisation habituelle des prisons.

La Prison au Pied-du-Courant en 1926. À noter: le monument aux Patriotes, qui a été inauguré pour la première fois le 24 juin 1926 et qui a été ensuite déplacé plus près de la prison lors de la construction de la rue, aujourd’hui la rue Notre-Dame. Photo: David Beauchamp, Métro

«À l’époque, la prison était avant tout un lieu d’attente pour l’obtention de sa vraie sentence, que ce soit l’amende, la mort ou les châtiments corporels, indique Marilou Desparois. La fonction des prisons change au début du 19e siècle avec ce qu’on appelle le modèle de Philadelphie où, dorénavant, les individus sont délibérément détenus en prison. Dans cet esprit, la Prison au Pied-du-Courant sera conçue différemment, par exemple en incluant de plus grandes fenêtres pour laisser entrer la lumière pour les prisonniers qui passeront potentiellement des années en prison. Ce changement de rôle de la prison va changer l’architecture de ces dernières.»

Un peu comme aujourd’hui, les prisonniers avaient droit à quelques temps libres pendant lesquels ils pouvaient se divertir ou travailler à l’intérieur des milieux carcéraux. Même si, à l’époque, les détenus ne travaillaient pas nécessairement, ils disposaient de moments dans la journée pendant lesquels ils pouvaient écrire des lettres ou jouer aux cartes. Cependant, les conditions de vie au Pied-du-Courant n’étaient pas toujours roses, surtout pour les moins fortunés.

Plus d’argent, plus de luxe

«Au plus fort des arrestations à la fin de 1837 et à la fin de 1838, ils sont 855 à être arrêtés et détenus, soit à la vieille prison de Montréal ou ici [à la Prison au Pied-du-Courant]. Ils peuvent être de trois à cinq détenus dans une cellule sans avoir accès à des meubles, un lit ou de la paillasse. Les plus fortunés, composant l’essentiel des députés du Parti patriote et des chefs du mouvement politique, et ceux qui ont une famille pourront demander à avoir plus de meubles, plus de nourriture et avoir une cellule plus confortable. Le statut du détenu influence les conditions de sa détention, souvent difficiles», explique Mme Desparois.

La dimension d’une ancienne cellule située dans le sous-sol de la Prison au Pied-du-Courant. Elle s’étendait des marques rouges aux piliers noirs et pouvait détenir jusqu’à cinq personnes à la fois. Photo: David Beauchamp, Métro

Peu importe le statut du prisonnier durant cette période, il n’était pas rare qu’un détenu passe 48 heures sans obtenir son gallon d’eau quotidien, servant à boire et pour l’hygiène personnelle. De plus, la prison était mixte et elle était pourvue d’une aile réservée aux femmes. Celles-ci n’avaient pas de meilleures conditions de vie que les hommes de la prison.

Une décennie de portraits

Pour une période de dix ans, Bibliothèque et Archives Canada (BAC) prêtera à la Maison nationale des Patriotes des portraits des détenus de la Prison au Pied-du-Courant pour en faire une exposition. Ces portraits, réalisés par le notaire, député patriote et détenu de la prison Jean-Joseph Girouard sont d’une grande valeur historique puisqu’ils permettent d’illustrer les prisonniers à une époque où les caméras n’existaient pas.

C’est une exposition de laquelle on est très fiers. À chaque six mois, plus spécifiquement à chaque mois de mai et mois de novembre, on va exposer cinq nouveaux portraits provenant de Bibliothèque et Archives Canada pour pouvoir présenter la totalité des portraits en leur possession.

Marilou Desparois, médiatrice culturelle pour la Maison nationale des Patriotes
Cinq portraits de patriotes sont actuellement présentés dans la salle d’exposition de la Prison au Pied-du-Courant. Complètement à droite se trouve le portrait de Wolfred Nelson, un des principaux chefs, plus tard devenu le premier maire de Montréal élu au suffrage populaire. Photo: David Beauchamp, Métro

Parallèlement à la présentation des portraits, l’équipe de la Maison nationale des Patriotes travaille actuellement sur la création d’une exposition temporaire qui se tiendra dans la Prison au Pied-du-Courant. Le musée est actuellement ouvert de 11h00 à 18h00 du jeudi au dimanche.

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