Les bonis à la performance en croissance
Les primes à la performance accordées aux employés du secteur public augmentent à grande vitesse. En l’espace de quatre ans, elles ont fait un bond de 15%, selon les données recueillies par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS). «C’est une augmentation assez substantielle», a avoué hier le chercheur de l’IRIS Simon Tremblay-Pépin.
Avec une équipe de chercheurs, ce dernier a analysé l’octroi de bonis dans six organisations publiques soit Hydro-Québec, la Société des alcools du Québec, Loto-Québec, la Société d’assurance automobile du Québec, la Commission des services juridiques et le réseau de la santé. À elles seules, ces institutions publiques ont distribué pour 105 M$ de bonis en 2008-2009. Pas moins de 76% de ce montant a été accordé par le réseau de la santé et Loto-Québec.
L’IRIS a également cons-taté que la part de la masse salariale consacrée aux bonis à la performance a plus que doublé de 2002-2003 à 2008-2009, passant de 1,5% à 3,5%. «Il y a de plus en plus de catégories d’emploi dans le système public qui sont couvertes par des système de bonis, a fait savoir M. Tremblay-Pépin. Il y a aussi une augmentation du boni moyen pour les cadres supérieurs et les hauts dirigeants.»
Par exemple, au début des années 2000, un cadre supérieur de Loto-Québec recevait 25 000$ en boni. Moins d’une décennie plus tard, ce montant atteignait près de 50 000$, selon le chercheur de l’IRIS. Résultat : l’écart salarial entre les employés de l’État se creuse. D’après les informations que l’IRIS a obtenues, les organisations publiques n’évaluent pas l’efficacité des systèmes de bonis. Ceux-ci coûtent jusqu’à 5% de la masse salariale en frais administratifs, selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économique paru en 2005.
Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a rappelé par voie de communiqué qu’en juin dernier, il a suspendu pour deux ans les primes à la performance données en temps réguliers aux dirigeants des organismes publics non commerciaux. Il a aussi limité les bonifications des dirigeants des sociétés d’État commerciales et financières à 10% de leur salaire. M. Bachand a ajouté que la part de la rémunération totale des employés de l’État dédiée aux primes à la performance ne dépasse pas 2,5%.
Les effets
Les bonis accordés dans le système public selon l’étude de l’IRIS. Leur effet est nul, aux dires de la quinzaine de fonctionnaires interrogés par l’institut. Le ministre des Finances, Raymond Bachand, croit plutôt que les bonis «favorisent une saine gestion tout en accroissant l’efficacité et en améliorant la productivité».