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L’histoire della Piccola Italia

Photo: Josie Desmarais/Métro

Capture d’écran 2016-08-02 à 22.08.32Cet été, les différentes communautés de Montréal convient la ville à célébrer avec elles leur culture. Métro a décidé de souligner leur apport à la vie de la métropole, alors que débute la Semaine italienne, qui met à l’honneur l’héritage et la culture d’Il Bel Paese.

L’Italie entretient une relation toute particulière avec l’Amérique pour une raison simple : ce sont ses enfants qui l’ont explorée pour le compte des couronnes européennes! Ce fut d’abord Cristoforo Colombo en 1492, puis Giovanni Caboto, qui navigua cinq ans plus tard le long des côtes de Terre-Neuve au nom du roi d’Angleterre.

Les Italiens ont accompagné les débuts de la Nouvelle-France, s’engageant dans différents régiments français déployés dans la colonie ou amenant les âmes autochtones vers l’Église dans l’uniforme des Jésuites. Cette première présence italienne en Amérique du Nord demeure cependant anecdotique, et il faudra attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour que les premières vagues d’immigration soutenues atteignent les rives du Saint-Laurent.

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Le panettone est une des spécialités culinaires de l’Italie. Photo: Josie Desmarais

Le Canada de l’époque est en chantier : ponts et chemins de fer sont à construire, mines et forêts sont à exploiter. Des agents de recrutement parfois peu scrupuleux sillonnent alors les villages du nord de l’Italie pour fournir une main-d’œuvre bon marché aux compagnies canadiennes. Ces Italiens espèrent trouver un avenir meilleur au Canada : la plupart trouvent des emplois exigeants, saisonniers, et sous-payés. Qu’importe, à la veille de la Première Guerre mondiale, quelques milliers d’Italiens vivent à Montréal, le cœur qui fait alors battre l’ensemble de l’industrie canadienne.

«La communauté italienne a toujours eu plus d’affinités avec la culture québécoise francophone, croit Josie Verrillo, qui est responsable de la Semaine italienne de la métropole depuis 17 ans. Leur religion est la même, et leurs langues plongent leurs racines dans la même source latine, a-t-elle expliqué à Métro. D’ailleurs, la communauté a toujours migré vers l’est de la ville, dans des quartiers à plus forte concentration francophone.»

Des alentours du canal de Lachine et des gares Windsor et Viger, la communauté italienne se déplace en effet vers le Sud-Ouest, vers Hochelaga et, surtout, vers la rue Jean-Talon, qui sépare Rosemont et Villeray. C’est d’ailleurs au coin du boulevard Saint-Laurent que la communauté italienne viendra faire son nid, dans ce qui est aujourd’hui connu sous le nom de la Piccola Italia – la Petite-Italie.

«Les terrains, alors, ne sont pas chers, et cela permet aux Italiens de Montréal de réaliser leur rêve : devenir propriétaires en Amérique», a affirmé Bruno Ramirez, spécialiste des immigrations de Montréal, lors d’une allocution présentée à la Bibliothèque nationale en 2015. Les cours arrière se transforment rapidement en jardins luxuriants, qui font, d’ailleurs, encore l’envie du voisinage dans la Petite-Italie.

C’est à la même époque, soit en 1910, que l’église Notre-Dame-de-la-Défense sera érigée, symbole d’une communauté qui s’enracine dans le sol et l’histoire de Mont­réal. Cette paroisse sera le point d’ancrage de la culture italienne de la métropole : la Casa Italia deviendra rapidement le carrefour des différentes associations religieuses et de loisir qui fleurissent au sein de la communauté.

L’avènement du fascisme et du duce, Benito Mussolini, en Italie au début des années 1920 divise les Italiens de Montréal. Plusieurs louent ce régime dans lequel tous marchent au pas; d’autres s’opposent à ce système liberticide. Plusieurs démocraties occidentales verront d’abord d’un bon œil la stabilité amenée par le fascisme italien. La Deuxième Guerre mondiale, cependant, mettra fin aux sympathies manifestées par l’Ouest au dictateur : ce dernier se range aux côtés d’Hitler, les Italiens, qu’ils soient en Europe ou en Amérique, deviennent une «menace pour la sécurité nationale».

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Le Caffè Italia est une institution de la Petite-Italie. Photo: Josie Desmarais

Surveillance discriminatoire, internements arbitraires et démantèlement des institutions chères à la communauté italienne rythmeront la guerre. La victoire des Alliés sur l’Axe et l’exécution du duce et de son épouse en avril 1945 mettront fin à ce chapitre raciste de l’histoire canadienne, en plus de rouvrir plus grand que jamais le pont migratoire qui relie une Italie dévastée par le conflit au Canada, épargné par les bombes ennemies, à l’aube des Trente Glorieuses.

Au début de la Deuxième Guerre mondiale, il y avait 24 000 résidants d’origine italienne à Montréal. Trois décennies plus tard, ils seront près de 110 000; en 2006, le recensement en dénombre 260 345, seulement à Montréal.

La communauté italienne a connu un tel essor pour une raison principalement : l’éducation.

Les parents arrivés pauvres à Montréal, qui ont réussi à se bâtir une vie à coups de sacrifices et d’abnégation, promettent un avenir meilleur à leurs enfants en les éduquant. Dans les années 1980, ainsi, le taux de diplomation aux études supérieures sera de 10 % supérieur au sein de la communauté italienne du pays que la moyenne nationale. De plus, près de 90 % d’entre eux auront une propriété. Les Québécois d’origine italienne s’épanouissent dans toutes les sphères de la société : ils seront entrepreneurs, politiciens, médecins, avocats, artistes, etc.

«Il y a une communauté unique qui s’est créée ici, au Québec, raconte Mme Verrillo, qui souhaite offrir à la métropole un aperçu de la culture d’Italie grâce à la Semaine italienne. On n’est pas 100 % Italiens, mais on n’est pas non plus 100 % Québécois. Nous sommes Italo-Québécois!»

Che figata! – C’est cool! – comme cela se dit dans les rues de Rome…

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