Une entrée mal aménagée pour les personnes handicapées
Deux locataires d’un bâtiment pour personnes âgées à Montréal-Nord dénoncent un accès difficile pour les personnes handicapées dans une cour de l’immeuble.
«Ce n’est pas tolérable», clame Jacques Martin, 65 ans, résident des Habitations Pelletier, un complexe privé réservé aux retraités autonomes et semi-autonomes qui promet à ses occupants de répondre «aux attentes et besoins des gens qui veulent vivre pleinement leur retraite», selon son site internet.
Ce locataire des lieux, présent depuis quatre ans pour y aider notamment sa mère, âgée de 95 ans et qui occupe un autre appartement, cible l’accès à la cour avant de ce complexe de 234 logements.
Pas d’ouverture automatique
Alors que deux terrains de pétanque et cinq balançoires y sont disposés dans un cadre agréable et rempli de verdure, les résidents peuvent y accéder à travers la cafeteria et une porte qui ne dispose d’aucune ouverture automatique ni de main courante.
Pour les personnes se déplaçant en fauteuil roulant, rentrer ensuite dans l’immeuble par ce biais-là s’avère compliqué. Ils ne peuvent monter seules la courte rampe, tenir les roues de leur fauteuil et tirer en même temps la porte vers eux.
#polqc @kenpro11 Accès pr handicapés impossible ds une résidence du
Fonds sol FTQ Les Habitations Pelletier. HONTE! pic.twitter.com/mt9V6bIUkL— Jacques Martin (@Jacques_Martin1) July 29, 2016
Deux résidents ont filmé leur quotidien avant de diffuser la vidéo sur les réseaux sociaux. On y voit une personne âgée, privée de l’une de ses jambes, qui lutte pour tenter de se saisir, en vain, de la poignée. Il abandonne et son fauteuil recule au point de départ. On l’entend ensuite affirmer qu’il est «impossible» de réaliser un tel acte.
«Je suis en colère, affirme André Hibert, l’homme devant la caméra. Je ne suis plus capable de rentrer avec ma chaise roulante. C’est ridicule.»
«C’est incroyable de laisser des gens vulnérables dans cette situation. Si personne ne les accompagne, ils sont privés de cette sortie», s’emporte M. Martin, ex-syndicaliste à la Fédération des transports du Québec.
Un nid-de-poule devant l’entrée
Une autre possibilité existe: passer par l’entrée principale et emprunter une petite partie de l’avenue Pelletier pour accéder à la cour. Mais sur ce chemin, un large nid-de-poule bloque les fauteuils des résidents.
«Je suis déjà tombé dedans et j’avais de la misère à m’en sortir. J’aimerais que l’on bénéficie de plus d’attention, qu’il y ait des améliorations. On donne de l’argent, mais on ne nous donne pas tous les services», reprend M. Hibert, 80 ans.
La directrice adjointe de l’établissement, avertie de cette situation par TC Media, promet de se pencher sur ces sujets.
«C’est sûr, nous allons réparer ce trou. Ça n’a pas de bons sens et ça peut être dangereux. Je vais en parler avec la directrice», reconnait Danièle de Bray.
Affirmant ne pas avoir eu vent des plaintes de résidents, elle reconnaît que l’accès décrié n’est pas idéal.
«Personne n’est venu me voir. Tout ce qu’on peut faire pour les aider, on le fera, indique Mme de Bray. Mais dans cette résidence, les gens sont supposés pouvoir se débrouiller par eux-mêmes. Si quelqu’un n’avait pas de chaise roulante en arrivant, va-t-on changer ensuite la bâtisse ?»
Un précédent
Ce n’est pas la première fois que les services des Habitations Pelletier inquiètent M. Martin. En janvier 2015, il avait contacté les pompiers de l’arrondissement pour dénoncer des sorties de secours toujours enneigées, plusieurs jours après des précipitations.
Malgré son mécontentement répété, ce résident de Montréal-Nord depuis une vingtaine d’années refuse de quitter son logement.
«Ce n’est pas à moi de partir, indique-t-il. C’est à eux de respecter la loi. Quitter, c’est leur donner raison. Normalement, ici, on doit se sentir en sécurité et j’espère que tout ça les fera réagir.»



