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«Il faut respecter le rapport du BAPE»

Photo: CDPQ Infra

Les autorités gouvernementales ont rejeté cette semaine du revers de la main les conclusions du rapport du Bureau des audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur le projet de Réseau électrique métropolitain (REM). Celles-ci s’avèrent très pertinentes, croit le chargé de cours en urbanisme de l’Université du Québec à Montréal, Jean-François Lefebvre.

«Il faut respecter le rapport du BAPE, indique celui qui a analysé de près les détails du projet de REM, lors d’une entrevue à Métro. Si ça dit que le projet ne peut pas être accepté dans l’état qu’il est, c’est que la Caisse [de dépôt et placement du Québec] a fait un travail bâclé basé sur des mauvais préceptes d’urbanisme.»

M. Lefebvre a déploré que le débat public dégénère et que le BAPE ait été montré du doigt et non le projet de la Caisse de dépôt. Il a également souligné que le REM se prépare alors que la gouvernance du transport en commun dans la région métropolitaine est en pleine transition. La nouvelle Agence régionale de transport métropolitain doit officiellement remplacer l’Agence métropolitaine de transport (AMT) au printemps.

Dans le rapport du BAPE, les commissaires ont reproché à la Caisse de ne pas avoir étudié d’autres modes de transport. Avec d’autres experts, Jean-François Lefebvre a fait l’exercice. Plutôt que d’opter pour un métro léger automatique, qui doit rouler seulement sur des structures souterraines ou aériennes, il a privilégié le tramway et le tram-train. Pour un budget 5M$, il a expliqué que six lignes pourraient s’étendre dans le Grand Montréal notamment sur le boulevard Pie-IX, sur la rue Jean-Talon, sur le chemin de la Côte-des-Neiges, sur le chemin de l’aéroport ainsi que vers la Rive-Sud et la Rive-Nord. Trois nouvelles stations de métro pourraient par ailleurs être construites et les voitures des trains de banlieue pourraient être rénovées, selon cette proposition appelée «Grand virage».

«C’est un exemple de proposition alternative, a précisé M. Lefebvre. On ne dit pas que c’est ce qui doit être fait. Ce qui doit être fait doit être fait en concertation avec les élus et la société civile.»

L’entreprise privée ne doit pas décider des projets de transport en commun, d’après le chargé de cours, mais plutôt y contribuer lorsque les lignes directrices ont été déterminées.

Jean-François Lefebvre, qui est un membre de Projet Montréal, a décrié le projet du REM, en évoquant entre autres le peu de nouvelles stations qui seront construites, les vastes stationnements incitatifs qui devront du coup être aménagés, le coût très élevé du matériel roulant, la partie très circonscrite de l’île de Montréal qui sera desservie et les risques de perte de qualité du service.

CDPQ Infra, la filiale de la Caisse responsable des projets d’infrastructures, a réfuté plus tôt cette semaine plusieurs conclusions du rapport du BAPE. Elle a répliqué que le tramway a été considéré, mais qu’il a été rejeté en raison de ses coûts d’exploitation élevés, de son impact sur la congestion routière et du peu de possibilités advenant une hausse d’achalandage. Elle a défendu son choix de métro léger automatique en disant qu’il offrira «un service vastement amélioré, fiable et à haute fréquence, 20 heures par jour, sept jours sur sept». Elle a aussi démenti la conclusion du BAPE voulant que le service sur la ligne Deux-Montagnes diminuerait, arguant plutôt que le nombre de départs sera six fois plus élevé.

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