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Les femmes absentes du paysage toponymique de bien des arrondissements

Les femmes sont encore peu présentes sur les noms de rues à Montréal. Photo: Josie Desmarais

Les toponymes féminins sont encore rares à Montréal. Dans certains arrondissements, les noms de femmes représentent à peine 3% des désignations de rues, places et parcs.

Selon les données publiées sur le site Web de la ville de Montréal et compilées par TC Media à l’occasion de la Journée internationale de la femme, Saint-Léonard et Lachine comptent moins de 4% de noms de femmes dans leur toponymie. Les chiffres sont pires à Montréal-Nord qui ne compte que cinq noms de femmes enregistrés au répertoire des 226 toponymes du quartier.

En haut de palmarès, Le Plateau-Mont-Royal, Rosemont-La Petite-Patrie et Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles (RDP-PAT) affichent une proportion de plus de 10%.

Depuis 2015, sur les cinq nouveaux espaces baptisés à RDP-PAT, trois rendent hommage à d’illustres femmes. « C’est une volonté depuis 2012. Nous avons demandé aux ateliers d’histoire de nous proposer des noms pour réparer les erreurs historiques», détaille Suzanne Décarie, conseillère de Ville au district de Pointe-aux-Trembles, qui précise que les historiens seront à nouveau sollicités puisque la banque de noms est déjà presque épuisée.

À Montréal-Nord, on explique la faible représentation féminine par l’histoire récente de cette ancienne ville devenue arrondissement. « Pour donner le nom d’une personnalité à une rue, par exemple, il faut notamment que la personne soit décédée depuis au moins un an. Montréal-Nord a seulement 102 ans, alors c’est difficile de trouver des noms de femmes nord-montréalaises qui ont participé à l’histoire de l’arrondissement et qui répondent aux critères de la toponymie », a affirmé Chantal Rossi, conseillère de Ville, lors d’un événement tenu dans le cadre des célébrations de la Journée de la femme.

Contactée par TC Media, Anie Samson, la mairesse de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, a tenu à préciser qu’aucun site n’était actuellement disponible dans son quartier, mais a néanmoins promis que les prochaines nominations découleront de Toponym’Elles, une plateforme Web qui encourage les citoyens à proposer des noms de femmes illustres afin de baptiser des lieux ou artères de la métropole.

Toponym’Elles a été lancé il y a un an. Depuis, un léger progrès a été réalisé. Selon les données du répertoire historique des toponymes, sur les 33 sites baptisés en 2016, onze l’ont été avec des noms de femmes contre neuf avec des noms d’hommes.

Pour inciter les collectivités retardataires à s’engager dans cette démarche, Manon Gauthier, l’élue responsable de Toponym’Elles, proposait l’an dernier de rebaptiser des espaces aux noms génériques ou peu évocateurs.
Le retard demeure criant: plus de 6% des dénominations enregistrées au répertoire sont des noms de femmes contre 50% de noms d’hommes.

Les données compilées par TC Media ont été tirées du répertoire historique des toponymes de la Ville de Montréal.

Le classement de la représentation féminine dans la toponymie des arrondissements

Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles: 79 femmes sur 651 noms – 12%
Rosemont—La Petite-Patrie : 32 femmes sur 268 noms – 11,9%
Mercier-Hochelaga-Maisonneuve: 39 femmes sur 390 noms – 10%
Le Plateau-Mont-Royal: 24 femmes sur 220 noms – 10,9%
Ville-Marie: 47 femmes sur 471 noms – 10%
Le Sud-Ouest : 30 femmes sur 343 noms – 8,7%
Outremont: 8 femmes sur 104 noms – 7,7%
LaSalle: 26 femmes sur 352 noms – 7,4%
Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce: 17 femmes sur 300 noms – 5,7%
Ahuntsic-Cartierville: 26 femmes sur 460 noms – 5,65%
St-Laurent: 27 femmes sur 483 noms – 5,6%
Anjou: 12 femmes sur 238 noms – 5%
Pierrefonds-Roxboro: 31 femmes sur 643 noms – 4,8%
Verdun: 10 femmes sur 210 noms – 4,8%
Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension: 11 femmes sur 245 noms – 4,5%
L’Île-Bizard—Sainte-Geneviève: 11 femmes sur 268 noms – 4,1%
Lachine: 7 femmes sur 208 noms – 3,4%
Saint-Léonard: 13 femmes sur 392 noms – 3,3%
Montréal-Nord: 5 femmes sur 226 noms – 2,2%

Une toponymie féminine bien large

Sur le site Internet du répertoire de la toponymie montréalaise, certains noms sont recensés comme des références féminines malgré des liens parfois ténus.
Ainsi, la rue Notre-Dame, qui fait référence à la Très Sainte Vierge, figure dans ce registre. Toujours dans le domaine divin, la rue Athéna est aussi répertoriée pour l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro. Clin d’œil à la communauté grecque, cette voie évoque la fille de Zeus et déesse de la pensée, des arts, des sciences et de l’industrie.
Dans d’autres arrondissements, certaines femmes ne semblent figurer dans cette base de données que grâce aux liens qu’elles entretenaient avec des hommes. Dans LaSalle par exemple, les rues Anita, Ghislaine et Dora ont été baptisées avec les prénoms des épouses du conseiller Normand Bourdeau, du directeur adjoint de la police Maurice Giguère et du Dr Lionel Boyer, maire de 1963 à 1971. Même constat dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve où la rue McVey rend hommage à Susan McVey, épouse du premier maire du village de la Longue-Pointe, Edward Quinn. Enfin, la rue Angers dans Pierrefonds-Roxboro porte le prénom abrégé d’Angéline Labrosse, épouse de Léo Lauzon, propriétaire de la terre sur laquelle cette voie est ouverte.

En collaboration avec Leslie Meuraillon.

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