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L’approvisionnement de matériel est problématique au CHUM

Photo: Josie Desmarais

L’approvisionnement en matériel médical connaît des ratés au nouveau Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), et ce, même si le nouveau méga-hôpital ne fonctionne pas à pleine capacité.

«Au bloc opératoire, le principal problème, c’est le matériel. Des fois on reçoit le kit pour un chirurgien, mais il n’est pas complet», explique le président du Syndicat de professionnelles et professionnels de la santé du CHUM (SPSS-CHUM), Guy Brochu. On court toujours après le matériel, même aux soins intensifs.»

M. Brochu ajoute que sur les étages, les équipes ont «de la difficulté à mettre des réserves» de matériels.

À l’origine de ce problème, un hôpital trop grand, couplé à un manque d’effectifs, estime le président du syndicat des employés du CHUM (SECHUM), Claude Talbot. «Il y a un manque d’effectif au niveau de la livraison et des magasiniers, dit-il. On n’était pas prêts à ouvrir à 100%. Même si on n’est qu’à 60% de patients, ces départements-là, comme l’entretien ménager, doivent être à 100% parce qu’ils ont toute la grandeur de l’hôpital à couvrir.»

Les magasiniers n’ont donc pas le temps de remplir les casiers de matériel à temps. Selon M. Talbot, la superficie «joue un grand rôle». «On stérilise au deuxième sous-sol et le bloc opératoire est au quatrième et au cinquième étage, illustre-t-il. Si on commence des opérations et qu’on n’a pas les instruments, ça ne va pas bien.»

Outre les équipements, la distribution de vêtements médicaux, faite par des appareils automatisés, pose également problème. «Il n’y a qu’une machine par étage, fait état Paule*, une infirmière jointe par Métro. Il n’y en a pas toujours à ma taille. Pour moi qui suis petite, ce n’est pas si pire puisque je peux prendre plus grand, mais celles qui portent du extra-large ne peuvent pas prendre une taille plus petite. Alors elles font les autres étages pour voir s’il y en a.»

Paule ajoute que certaines personnes prennent leur pause pour aller chercher des uniformes parce qu’elles savent qu’elles ont plus de chance d’en trouver à certains moments de la journée.

«Le chef a mis un bon vieux charriot de réserve dans le bloc opératoire, relate Guy Brochu. Quand il y a une urgence, le chirurgien doit s’habiller. Il n’a pas le temps de courir après un habit.»

La direction du CHUM confirme que «le besoin est plus grand en termes de ressources logistiques, notamment en raison de la taille du bâtiment» et que «cela peut avoir un impact sur le travail des infirmières».

«Le CHUM a complété son troisième déménagement il y a moins d’un mois. C’est clair qu’il y a des ajustements à faire pour assurer la sécurité des personnes dans l’hôpital», souligne la conseillère en communications au CHUM, Isabelle Lavigne, qui ajoute qu’un groupe de travail a été mis sur pied récemment pour améliorer la logistique dans le méga-hôpital.

Claude Talbot se demande «jusqu’à quand» ils seront en période d’adaptation. «Ça demande de la formation ces postes. On ne peut pas arriver et prendre n’importe qui. Ça va prendre un à deux ans être à 100% cet hôpital», croit-il.

Et la situation sera «de pire en pire», selon M. Brochu, car en ce moment, le CHUM n’est pas à sa pleine capacité de patients.

Le CHUM assure être en plein recrutement. Des magasiniers sont entre autres activement recherchés. La porte-parole du CHUM n’a pas pu nous indiquer le nombre de postes qui doivent être comblés.

Stress
M. Brochu estime que le manque de matériel est un facteur des stress pour les infirmières. «On vient à bout de s’organiser, mais dans une situation stressante où on a besoin d’un matériel particulier, ça ajoute au stress, dit-il. La semaine dernière, aux soins intensifs, on n’avait plus de stock et c’était la panique.»

Ces conditions de travail sont difficiles et le président du syndicat craint que des employés quittent le CHUM. Celui-ci enregistre déjà un manque d’effectif.

«Les filles se découragent et ne rentrent pas travailler, souligne-t-il. En ce moment, il y a un pont et les gens peuvent retourner à l’hôpital Notre-Dame sans perdre leur ancienneté. Notre peur, c’est que les gens se redirigent vers Notre-Dame et nos effectifs vont diminuer encore plus.»

C’est le cas de Paule, qui a demandé d’être transférée en dehors du bloc opératoire. Elle était exaspérée de devoir se déplacer du vestiaire des femmes, qui est au troisième sous-sol, au bloc opératoire, qui se trouve  au quatrième étage dans un autre bâtiment,  matin et soir. «C’est un minimum de 15 minutes à chaque fois, à cause de l’attente aux ascenseurs. Et c’est du temps qui n’est pas compté dans nos heures de travail», raconte-t-elle.

Dîners problématiques

La salle pour manger près du bloc opératoire est «trop petite» pour accueillir tous les employés, une situation attribuable au fait que des salles de repos ont été aménagées dans des zones stérilisées, où il est donc impossible de manger.

Les employés doivent donc se tourner vers la cafétéria. «Le temps d’attente à la cafétéria, c’est déplorable, soutient M. Brochu. Les infirmières n’ont que 45 minutes pour se rendre, attendre à la caisse, manger et revenir.»

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