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Le SPVM retire les grenades assourdissantes de son arsenal

Photo: Archives

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a décidé de retirer «définitivement» les grenades assourdissantes de type Rubber Ball Blast Grenade (RBBG) de son arsenal d’armes intermédiaires, a indiqué le corps de police mardi.

«Nous avions mis un moratoire sur leur utilisation et les RBBG n’ont pas été utilisées depuis deux ans. Nous avons pris la décision de retirer définitivement les RBBG à cause des risques qui y sont associés», a affirmé le directeur de la gendarmerie du SPVM, Dominic Harvey, lors d’une audience de la Commission de la sécurité publique de la Ville mardi.

Cette audience porte justement sur l’utilisation des armes intermédiaires, comme les balles de plastique ou les pistolets à impulsion électrique (Taser).

M. Harvey a dit que le SPVM a «pris acte» du jugement rendu en novembre dernier. Le tribunal a ordonné la Ville à verser 175 000$ à Francis Grenier, un manifestant qui a perdu l’usage d’un œil en 2012, après avoir été atteint d’une RBBG.

La Cour supérieure avait blâmé le SPVM pour sa façon de minimiser les conséquences négatives et les blessures que pouvaient occasionner les RBBG. L’ancien directeur de police, Philippe Pichet, avait été visé par le tribunal puisque celui-ci avait comparé les avertissements donné par le fabricant des RBBG à des indications sur «une boîte de céréales».

«À la suite du jugement, avec l’historique qu’on avait, on a décidé que c’était préférable de la retirer», a ajouté Dominic Harvey. L’inspecteur André Durocher a aussi confirmé qu’il n’y «aucun autre type de grenades assourdissantes» qui est utilisé dans le cadre des manifestations.

Francis Grenier, qui était présent à la séance de la commission, n’a pas été nécessairement rassuré par ce qu’il a entendu de la part du service de police. «Je suis très heureux de savoir que la RBBG ne sera plus utilisée, a-t-il affirmé. Par contre, j’ai quand même une crainte par rapport aux autres types de projectiles comme le bâton cinétique ou le BIP [balles de plastiques en gel]. Ce sont des utilisations qui sont hasardeuses. Il n’y a pas un grand potentiel au niveau de la précision.»

M. Grenier souligne qu’à la distance où les policiers peuvent être précis les balles de plastique sont dangereuses et qu’au-delà de ça, elles ne sont trop imprécises pour être sécuritaires. «Autant la RBBG que le BIP peut causer des blessures létales», a-t-il ajouté.

L’ex-manifestant fait partie du collectif Manifester sans peur, dont les membres n’ont pas été impressionnés par les réponses données par le SPVM. Le groupe maintient sa demande d’imposer un moratoire sur l’utilisation des armes d’impact à projectile (AIP) qui servent a lancer les bâtons cinétiques ou BIP.

Marcos Ancelovici, qui est professeur au département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a qualifié la commission d’«exercice de relations publiques» pour le SPVM. «Ils nous disent qu’il n’y a jamais eu de blessés. Les gens sont partis en courant et ne vont pas aller porter plainte à la police après avoir été atteint par la police», illustre-t-il.

Le membre de Manifester sans peur croit qu’il a «un refus d’investir les sommes nécessaires» pour faire des études correctement sur les armes intermédiaires.

M. Ancelovici espère néanmoins que l’administration entendra leur appel. «Je ne sais pas si la Ville va prendre cette décision un jour, mais Projet Montréal, dans son programme, a promis l’interdiction des projectiles de plastique», a-t-il rappelé.

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