Grève surprise à la STM
Les 500 employés d’entretien de la Société de transport de Montréal (STM) ont débrayé jeudi, de midi à 14h30 de façon illégale.
Pendant deux heures et demie, aucune tâche de maintenance ou de réparation n’a été effectuée. La grève a pris fin lors du changement de quart de travail.
Un incident a éclaté entre un mécanicien et un cadre pendant la grève à l’atelier Youville. Le mécanicien, qui tenait un objet sonore dans sa bouche, a été blessé à la suite «d’un geste du cadre» a rapporté le syndicat des employés d’entretien, qui a dénoncé ce geste. La STM a démenti tout geste violent, parlant d’un acte «d’intimidation». La police est intervenue sur place peu après les faits et la STM a déposé une plainte.
«Malgré une demande de retourner à leur poste faite par leur gestionnaire sur place, et au président du syndicat, la grève illégale a été maintenue jusqu’à 14h30 au moment du changement des quarts de travail.», a détaillé le directeur général de la STM, Luc Tremblay.
«Nous affirmons cependant que le syndicat n’a jamais lancé de mot d’ordre aux travailleuses et aux travailleurs pour cet après-midi. Il s’agit d’un mouvement spontané», a rétorqué le Syndicat du transport de Montréal (STM–CSN), par voie de communiqué, jeudi soir.
La STM a avisé que ce débrayage entraînera des conséquences sur les services de bus et de métro au cours des prochains jours, d’autant que des précipitations de neige sont attendues. Elle s’est rapidement adressée au tribunal administratif
«Il sera important que l’ensemble de notre clientèle demeure vigilant des possibles retards qui pourraient être occasionnés par des gestes en dehors de notre contrôle.»
La STM a mandaté ses avocats afin qu’ils déposent une plainte au tribunal administratif du travail pour obtenir une ordonnance de retour au travail, pour éviter que cette situation ne se répète.
Un médiateur avait été nommé en septembre pour aider les deux parties à négocier plus d’un an après le début des discussions, mais la médiation s’est arrêtée au début de mois de novembre. La situation semble loin d’être réglée aujourd’hui.
«On continue de négocier de bonnes fois avec eux. Jusqu’à hier il y avait des discussions, on ne comprend pas la réaction de ce matin ni les sorties de cette semaine dans les médias», a déclaré M. Tremblay.
Depuis le début de la semaine, syndicat et STM débattent à couteaux tirés par média interposé. Mercredi, le président du Syndicat du transport de Montréal Gleason Frenette avait accusé la STM de vouloir faire des économies sur le dos des employés par des gels d’embauche et des coupes de postes. Il avait aussi évoqué la difficulté de travailler sur les nouveaux bus hybrides, ce qui entraine une diminution de véhicule sur la route.
«Les accusations de la direction ont déclenché un mécontentement généralisé dans plusieurs garages et ateliers de la STM, ce qui a affecté la prestation de travail», a déclaré le syndicat.
30% de la flotte était constamment en réparation cet été, alors que le taux habituel se situe autour de 16%.
Luc Tremblay avait répliqué que ce taux était causé par les moyens de pression des employés d’entretien, et par le manque d’employés travaillant la nuit.
Jeudi, M. Tremblay a nié tout gel d’embauche pour les employés d’entretien, qualifiant cette affirmation de «mythe».
«On est prêt à changer des quarts de travail pour des nouvelles personnes, on n’est pas contre l’embauche de personne, mais au bon endroit», s’est justifié M. Tremblay.
Depuis avril 2017, la STM négocie avec les employés d’entretien pour le renouvellement de leur contrat de travail. Les discussions achoppent sur les horaires de travail, la société de transport réclamant davantage de souplesse à ses employés. Elle souhaite entre autres créer davantage de quarts de travail de nuit afin que plus de travaux soient effectués sur les bus et le métro pendant les heures creuses. Les employés d’entretien se sont toujours opposés à cette clause, pour des raisons de conciliation travail-famille, dénonçant des heures de travail de nuit impossible à gérer. Ils ont effectué des grèves des heures supplémentaires au cours des derniers mois afin d’obtenir une meilleure conciliation travail-vie personnelle.