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Au milieu

À la fois élégant et sportif, l’homme anachronique semble en pleine possession de ses moyens. Photo: Pierre Brassard | www.pierrrebrassard.com

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Ligne orange. Sur le quai de la station Beaubien.Mercredi, il est 15 h 50.

Il n’est plus jeune. On pourrait probablement dire qu’il est vieux. Quatre-vingts? Peut-être même quatre-vingt-cinq.

Coiffé d’un chapeau élégant; sa moustache et ses cheveux blancs sont soigneusement taillés. Son oreille droite abrite un appareil auditif, et des lunettes à double foyer sont posées sur son nez. Si ces attributs sont souvent associés au crépuscule de l’existence, l’homme, ici, a les deux pieds solidement ancrés sur le quai, puisque chaussés de souliers de course dignes des grands marathoniens.

La chaleur de la station l’a encouragé à retirer son manteau, qu’il a placé par-dessus son bras gauche. Ce qui permet de constater qu’il porte un coton ouaté à capuchon rouge. De temps à autre, il consulte sa montre au mécanisme d’un autre temps.

Le bracelet en cuir et le design du cadran laissent croire que l’objet marque la cadence des années qui passent depuis au moins un demi-siècle. Alors qu’à ses yeux, il a l’impression de posséder cet objet depuis quelques mois à peine, son patron lui ayant offert ladite montre en même temps qu’une promotion.

Il se balance doucement, sur une jambe puis sur l’autre, grâce au rebondi de ses running shoes. Il regarde autour de lui, curieux de ceux qui l’entourent comme je le suis de lui. Il sourit de toutes ses dents d’un beau blanc dentier à une petite fille, puis répond cordialement à la mère de cette dernière qui vient de lui demander l’heure.

À la fois élégant et sportif, l’homme anachronique semble en pleine possession de ses moyens, malgré le fait que, doucement, certaines parcelles de son corps se fragilisent au fil du tic-tac de son antique Timex. D’accord. Il n’est plus jeune. Mais je ne crois pas finalement qu’on puisse dire qu’il est vieux. Car cet homme se tient fier et droit.

Comme le «i» au milieu du mot vie.

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