Tribunaux et casseroles pour sauver l’Hôpital de Lachine
L’année du centenaire de l’Hôpital Lachine sera-t-il assombri par une désaffiliation au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) ? C’est ce que craint un comité créé lundi pour barrer la route au ministre de la Santé, Réjean Hébert.
Le 20 décembre dernier, le ministre disait «accorder une importance particulière au fait que cette installation puisse notamment être rattachée à un réseau de langue française», et invitait le CUSM et le centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Dorval-Lachine-Lachine à «entreprendre des démarches» pour céder l’hôpital au CSSS.
Le comité pour la sauvegarde de l’Hôpital de Lachine du CUSM, coprésidé par Claude Dauphin, maire de Lachine, et Edgar Rouleau, maire de la Cité de Dorval, s’oppose toutefois à cette démarche.
De 2005 à 2008, l’hôpital était rattaché au CSSS Dorval-Lachine-Lasalle. Selon François Ouimet, député de Marquette, cette situation s’est avérée catastrophique. Les soins intensifs ont fermé leurs portes en 2005 tout comme l’urgence pour les ambulances, en 2006. «Le plan déposé par l’Agence de santé montréalaise devenait une fermeture déguisée transformant notre hôpital en grosse clinique médicale», a affirmé M. Ouimet, lundi.
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L’hôpital avait finalement été intégré au CUSM. D’après le comité, la langue française n’a jamais été menacée en raison de son affiliation au centre universitaire anglophone.
La semaine dernière, le ministre a toutefois précisé qu’avant la question linguistique, il y a le fait qu’au sein de la mégastructure qu’est le CUSM, l’hôpital Lachine ne serait jamais une priorité. Mais le comité répond que depuis que l’hôpital est affilié au CUSM les soins intensifs et l’urgence ont depuis rouvert et plusieurs médecins et spécialistes ont été embauchés, a expliqué M. Ouimet. «Pourquoi défaire ce qui fonctionne si bien ?», s’est interrogé Jacques Filion, président du conseil d’administration de la Fondation de l’Hôpital Lachine.
Le cabinet du ministre a précisé lundi que l’Agence de santé de Montréal doit réfléchir à l’avenir de l’hôpital tant au sein du CUSM qu’au sein du CSSS et proposer des recommandations d’ici mai 2013. Quant aux raisons visant cette démarche, on assure du côté du cabinet et de l’Agence de santé de Montréal que c’est pour mieux servir la population, sans préciser spécifiquement quels sont les problèmes.
Le comité élabore maintenant ses stratégies d’intervention. Une pétition circule dans la communauté pour exiger le maintien de l’hôpital au sein du CUSM, et le versement des 63 M$ promis sous l’ancien gouvernement pour la modernisation de l’hôpital. Le recours aux tribunaux ou des manifestations dans les rues ne sont pas exclus.