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Pénurie d’enseignants: des syndicats déplorent «l’entêtement» de la CAQ sur les maternelles 4 ans

Les syndicalistes Josée Scalabrini, Éric Pronovost, Jacques Landry et Sonia Éthier lors d'une conférence de presse pour dénoncer la maternelle 4 ans dans un contexte de pénurie d'enseignants.
De gauche à droite: Josée Scalabrini, Éric Pronovost, Jacques Landry et Sonia Éthier Photo: Andrej Ivanov/Métro

Quatre syndicats ont accusé jeudi le gouvernement Legault de «foncer tête baissée» sur son projet d’implantation des maternelles 4 ans, alors qu’une «grave pénurie» d’enseignants et de professionnels se fait lourdement sentir au Québec. La région métropolitaine serait particulièrement touchée.

«Ces sommes-là auraient pu être investies dans le réseau scolaire, dans l’enseignement supérieur ou dans le réseau de la petite enfance qui a déjà fait ses preuves», explique à Métro la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Sonia Éthier.

Elle déplore que le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, soit incapable d’affirmer d’où proviennent les enfants inscrits en maternelles 4 ans. «C’est une mauvaise idée, tranche-t-elle. C’est improvisé dans la mesure où on est partis sans les ressources nécessaires.»

Même son de cloche pour la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), Josée Scalabrini.

«Si le gouvernement veut parler d’éducation, qu’il le fasse en se basant sur les besoins et en se branchant sur le monde de l’éducation. Avec les coupures importantes, on manque de personnel pour nous appuyer, surtout quand il y a des élèves en difficulté dans nos classes.» – Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ

Des postes à combler

Selon Jacques Landry, président de la Fédération des professionnels de l’éducation, le réseau a besoin de 2000 professionnels supplémentaires à l’heure actuelle. «Oui, c’est important d’agir tôt, mais ça n’a aucun sens si on ne se donne pas les moyens de faire un suivi», martèle-t-il. Seulement à la Commission scolaire de Montréal (CSDM), on cherchait encore une centaine d’enseignants à la veille de la rentrée scolaire.

La priorité, dit Mme Scalabrini, est d’offrir un soutien aux enseignants par la revalorisation du métier. «Il faut reconnaître leur apport à la société par un salaire à la hauteur du travail accompli», croit-elle.

Appelé à réagir, l’attaché du ministre de l’Éducation, Francis Bouchard, a indiqué à Métro que les nouvelles classes de maternelles 4 ans ouvertes cette année «ont été autorisées après avoir consulté les commissions scolaires, justement pour nous assurer que celles-ci avaient les ressources nécessaires».

«Le nombre modeste de nouvelles classes ouvertes à Montréal cette année est d’ailleurs principalement dû à la pénurie d’enseignants, qui touche particulièrement Montréal», soutient-il.

Les dépenses ont augmenté, selon l’IEDM

Une étude de l’Institut économique de Montréal (IEDM) parue jeudi matin souligne toutefois que les dépenses en éducation ont augmenté de 14% en 10 ans entre 2006 et 2016. Le nombre d’élèves aurait pourtant diminué dans cette période, faisant en sorte que les dépenses réelles par élève auraient grimpé de 18,4 % en une décennie.

«On doit regarder ce qui se fait mieux ailleurs si on veut arriver à contenir l’augmentation des dépenses et en profiter pour améliorer la qualité des services offerts aux élèves.» -Miguel Ouellette, co-auteur de l’étude de l’IEDM

Mais pour Sonia Éthier, ce constat manque de nuances, surtout quand on sait qu’une augmentation de 65 000 élèves est projetée d’ici cinq ans.

«On est en mode rattrapage, donc c’est normal qu’on investisse plus qu’en 2006. On n’est loin de dépenser inutilement», condamne-t-elle.

Mme Éthier souligne que le Québec demeure en retard de 5% en termes d’investissements en éducation, par rapport au reste du Canada.

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