Prix du stationnement: le Plateau s’attaque aux VUS et autres «gros pollueurs»
Le Plateau-Mont-Royal (PMR) lance officiellement sa tarification «écofiscale» du stationnement, avec pour objectif de décourager l’achat de voitures polluantes comme les VUS. Plus la taille du moteur de l’automobile est élevée, plus il en coûtera cher à son propriétaire pour acquérir une vignette.
«Soit on augmentait la taxe de 4 à 5%, soit on l’augmentait de 2% seulement en haussant d’autres tarifs, dont les vignettes de stationnement», explique à Métro le nouveau maire du Plateau, Luc Rabouin. Son arrondissement compose avec un manque à gagner de 2 M$ selon lui, et devait trouver des solutions pour redresser sa posture financière.
L’arrondissement dit vouloir «encourager les bons comportements» et encourager sa population à acheter des plus petites voitures, moins polluantes, pour qui le gel des tarifs est maintenu. Les plus gros pollueurs devront toutefois payer davantage, selon le principe «d’utilisateur-payeur».
Nouvelles grilles de prix
Un véhicule dont le moteur est de 1,6 litres et moins – ce qui représente environ 22% du parc automobile du Plateau – paiera le même prix qu’aujourd’hui en 2020, soit 140$ annuellement. Ce tarif «unique», qui demeure malgré tout le plus élevé à travers l’île de Montréal, n’avait pas été changé depuis 2011. Dans Ville-Marie, notamment, ce coût est de 52$, alors que dans Villeray, il atteint 73$.
Mais pour une automobile dont le moteur fait 3,5 litres et plus, par exemple un Ford F-150, une Acura MDX ou un Dodge RAM, le prix grimpera à 225$ par année. Cette catégorie, qui comprend notamment plusieurs modèles de VUS, mais aussi de fourgonettes et de camionnettes, compose 14% des véhicules occupant les espaces de stationnement du Plateau.
Près de la moitié des véhicules sur le Plateau ont un moteur de 1,7 à 2,4 litres, estime l’administration du maire Luc Rabouin. Ces usagers verront leur contribution annuelle augmenter à 175$ pour acquérir une vignette. Pour les quelque 20% de voitures dont le moteur fait 2,5 à 3,4 litres, les tarifs passeront à 200$.
Ces nouvelles tarifications entreront en vigueur le 1er janvier prochain. Elles seront adoptées lundi, lors du prochain conseil d’arrondissement.
Greenpeace applaudit
Appelé à réagir, le porte-parole de Greenpeace au Québec, Patrick Bonin, a applaudi la décision du PMR.
«Il faut en effet encourager les bons comportements et encourager les gens à acheter de plus petites voitures moins polluantes s’ils sont forcés d’en avoir une. Cette mesure d’écofiscalité se démarque en renforçant le principe de pollueurs-payeurs, tout en générant du financement pour les mesures de transition écologique.» -Patrick Bonin, porte-parole chez Greenpeace
M. Bonin rappelle que plusieurs organisations, dont la sienne, demandent à Québec «de mettre en place un ambitieux programme de bonus-malus qui permettrait d’encourager l’achat de véhicules éco-énergétiques et de décourager l’achat des véhicules les plus polluants».
Une idée qu’avait abordée le gouvernement provincial en 2012, dans son plan d’action de lutte contre les changements climatiques.
Greenpeace invite d’autres arrondissements et d’autres municipalités à faire preuve de «courage» à leur tour.
Des choix pour la planète
Pour le nouveau maire du Plateau, Luc Rabouin, ces choix s’expliquent par «une situation budgétaire difficile», mais surtout par «un contexte d’urgence climatique».
D’après les données de l’arrondissement, environ 13 000 vignettes de stationnement sont vendues aux résidents chaque année, alors que près de 20 000 places sont disponibles. Si les zones de vignettes seront «progressivement agrandies» dans les artères résidentielles, «elles ne dépasseront pas 70% des espaces disponibles, ce qui permettra de maintenir 30% des places gratuites», assure-t-on.