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Bâillon sur le projet de loi 40: «une honte» pour le Québec, dit la CSDM

La présidente de la CSDM, Catherine Harel-Bourdon, entourée de membres de la commission scolaire, jeudi. Photo: Henri Ouellette Vézina/Métro

À l’instar de plusieurs syndicats, la présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Catherine Harel-Bourdon, attaque l’attitude «anti-démocratique» du gouvernement Legault. Celui-ci doit adopter le projet de loi 40 sous bâillon vendredi matin à l’Assemblée nationale. L’exercice remplacera essentiellement les commissions scolaires par des centres de service.

«Aujourd’hui, j’ai honte face à ce que le gouvernement Legault s’apprête à faire», a expliqué jeudi Mme Harel-Bourdon, en marge d’une manifestation tenue devant les bureaux de la CSDM, dans Hochelaga.

Entourée de travailleurs du milieu de l’éducation – dont des techniciens en service de garde, des secrétaires, des concierges et des parents impliqués – la principale intéressée s’est indignée du recul de libertés qu’entraînera ce «projet de loi mammouth».

«On veut enlever le droit de vote aux francophones sous bâillon, alors que les anglophones, eux, l’auront encore. Je n’ai jamais vu ça, un acte antidémocratique pareil. Il n’y a même pas eu de réelles consultations avec les personnes concernées», a-t-elle lancé.

Une proximité en danger?

Au-delà des changements administratifs, l’adoption du projet de loi 40 détruira ce qu’il reste du travail de collaboration dans les quartiers, selon Catherine Harel-Bourdon. «La notion de proximité, elle va disparaître avec les centres de service. On passe du bien commun à un utilisateur de services. C’est toute la philosophie qui se transforme», tonne la présidente de la CSDM.

«Il n’y aura plus de lien dans les quartiers pour les personnes vulnérables ou immigrantes. Elles n’auront plus de représentants pour faire valoir leurs enjeux.» -Catherine Harel-Bourdon, présidente de la CSDM

La CSDM dit par ailleurs s’inquiéter de la manière dont va se traduire la nouvelle structure de gouvernance scolaire du gouvernement Legault. «Est-ce qu’ils vont former des méga-regroupements qui auront une incidence sur le service? Ça va devenir un centre de services à numéro», tranche Mme Harel-Bourdon.

Celle-ci rappelle que «les trois oppositions représentent la majorité des Québécois». «Le gouvernement de la CAQ a été élu par 37% de la population. Tous les autres partis à Québec disent que le bâillon n’a pas de bon sens. Aucun des 82 amendements déposés par le ministre Roberge n’a même été étudié. On s’en va dans un système complètement improvisé», confie-t-elle à Métro.

À la Centrale des syndicats nationaux (CSN), la vice-présidente Véronique De Sève abonde dans le même sens. «Il y a certaines choses qu’on peut améliorer dans le secteur scolaire, mais ses acteurs doivent d’abord être consultés. On a des choses à dire. Ce n’est pas avec une affaire bâclée qu’on va bien le faire», dit-elle.

L’organisme syndical dit militer «pour le bien-être des tout-petits, pour la réussite éducative et, surtout, pour le droit à une éducation démocratique».

Un bâillon vendredi

Le premier ministre François Legault a lui-même confirmé hier la tenue de séances pour «compléter le processus d’étude» du PL40 vendredi, dans une lettre remise à la présidence de l’Assemblée nationale. C’est donc dire que Québec utilisera le bâillon de nouveau, après la Loi sur la laïcité de l’État, en juin, et deux autres mesures.

Hier, l’attaché de presse au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Francis Bouchard, indiquait à Métro que le travail fait en commission parlementaire a porté ses fruits.

«En étude détaillée, nous avons fait de belles avancées pour la profession enseignante, notamment en ce qui a trait au processus de révision des notes, et sur la reconnaissance de l’expertise des enseignantes et enseignants. Nous avons évidemment écouté les différents partenaires, notamment lors des auditions parlementaires, puis lors de rencontres de travail subséquentes», a-t-il avancé.

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