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Coronavirus: Montréal appelée à faire plus pour ses cols blancs

Montréal
Un drapeau de la Ville de Montréal flotte ici au vent. Photo: Wikimedia Commons

Une employée cadre de la division du recrutement au Service des ressources humaines (SRH) de la Ville de Montréal dénonce le manque de mesures sanitaires et le peu de souplesse démontrée par l’employeur à l’égard de ses cols blancs dans la foulée du coronavirus. Forcés de rentrer au bureau chaque jour, sous peine de tomber en «congés sans solde», plusieurs salariés à bout de souffle souhaiteraient des changements.

«Toute la journée hier, la salle d’attente pour passer les entretiens d’embauches était pleine. En plus, l’équipe au bureau ne dispose pas de purel ou de lingettes. Bref, rien pour désinfecter le matériel utilisé par les candidats», dénonce Raphaëlle* en entrevue à Métro. Elle dit vouloir conserver l’anonymat pour éviter toutes représailles à son égard.

Si les cadres travaillent de la maison, aucun membre du soutien administratif n’y est autorisé, s’indigne la salariée. «Ils ont déjà confirmé les horaires de toute la semaine. Je trouve inadmissible que nos cols blancs soient encore déployés à donner un service qui est loin d’être essentiel», avance l’employée de la Ville, secondée par plusieurs collègues.

Sans soutien, sans garantie

Raphaëlle déplore que «les cols blancs sont les premiers sur la ligne de front» sans pour autant obtenir du soutien supplémentaire.

«Il y a des personnes visées par la fermeture des écoles qui n’ont même pas eu accès au télétravail. Et ce, même si la nature des tâches leur permet de faire ça. Ces personnes sont maintenant sans solde jusqu’à nouvel ordre. C’est inacceptable.» -Raphaëlle, employée de la Ville

Le 17 février dernier, la Ville aurait pourtant signé une lettre d’entente avec les cols blancs stipulant que ceux-ci ont droit au télétravail. La direction a toutefois refusé plusieurs demandes en la matière «sans aucune raison précise», selon l’employée de la Ville.

«On ne comprend pas pourquoi la Ville pousse pour fermer l’aéroport mais, en même temps, fait travailler ses cols blancs directement avec des candidats. Les employés sont terrorisés», soutient Raphaëlle. Celle-ci avance que l’équipe des ressources humaines est une «équipe extraordinaire» dont on ne pourra se passer une fois la crise passée. «Préservons sa santé», implore-t-elle.

Montréal fait des «efforts importants»

Joint par Métro, le porte-parole de la Ville de Montréal, Gonzalo Nunez, affirme que l’administration municipale «fait des efforts importants» pour faciliter le télétravail, diminuer les contraintes technologiques et prévenir la propagation de la COVID-19.

«De nouveaux outils d’accès sécuritaire à distance sont déployés et la capacité de bande passante est augmentée. De plus, les informations transmises aux employés liées au COVID-19 couvrent une multitude de situations, afin d’assurer la santé et la sécurité des employés», assure-t-il.

Appelée à réagir mardi, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a pour sa part promis des changements très bientôt.

«On augmente à chaque jour la capacité et le nombre de personnes en télétravail. Ce qu’on veut, c’est augmenter la cadence le plus possible d’ici vendredi.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal

En ce qui concerne les mesures sanitaires, Montréal affirme avoir «demandé une augmentation des fréquences de désinfection» de tous les locaux relevant du Service de la gestion et de la planification immobilière (SGPI). Quand la Ville n’est que locataire des lieux, elle entame un dialogue avec les propriétaires pour rappeler les mesures d’hygiène. «Dans certains sites, les toilettes et lieux non utilisés sont désinfectés et scellés jusqu’à la réouverture», affirme M. Nunez.

Pas de «mission sociale»

Appelée à réagir, l’experte en gestion municipale de l’UQAM, Danielle Pilette, rappelle que des risques existent pour une municipalité comme Montréal qui choisirait d’envoyer «une quantité importante de cols blancs en télétravail».

«On n’a pas le choix de garder ces services-là en activité, au cas où il y aurait un besoin urgent de remplacer du personnel. C’est une question de gradation. Les grandes villes ont toutes des plans de contingence desquels on ne peut pas déroger», explique-t-elle.

Disant comprendre les «préoccupations», la spécialiste affirme que les cols blancs sont essentiels dans le contexte. «Ils devancent la gradation de la crise. C’est une question de responsabilisation sociale. C’est une situation de mal nécessaire vécue dans plusieurs entreprises privées aussi», dit-elle.

Les villes «n’ont pas une mission sociale» comme un gouvernement provincial, par exemple, ajoute Mme Pilette. «Ce sont certes des organismes publics. Mais elles ont d’abord le mandat de donner des services au coût», conclut l’experte.


* prénom fictif

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