Coronavirus: Montréal déclare l’état d’urgence pour faire face à la crise
La Ville de Montréal déclenche l’état d’urgence en raison du nombre élevé de cas de contamination au coronavirus dans la métropole. Elle pourra ainsi limiter davantage les déplacements non essentiels et les rassemblements.
«Je veux rendre ça clair. Il y a eu beaucoup d’informations dans les dernières heures. Non, la ville n’est pas en confinement ou en quarantaine. Si ça arrive, ce sera à la demande des autorités publiques et ce sera fait de façon coordonnée. Nous ne sommes pas du tout à ce point», a d’emblée assuré vendredi la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Cette dernière a donné une conférence de presse en fin d’après-midi à l’hôtel de ville en présence de la directrice régionale de la santé publique, la Dr Mylène Drouin.
Plus tôt, vendredi, le premier ministre François Legault a appelé les citoyens de Montréal et de l’Estrie, les deux régions les plus touchées par la propagation du virus, à ne plus circuler vers d’autres régions du Québec.
«On a déjà recommandé aux gens de limiter les déplacements entre les régions. Si c’est respecté, on n’aura pas à mettre en place des mesures plus sévères», a souligné Mme Drouin.
Interventions policières
L’état d’urgence permettra notamment à la Ville de s’assurer que les mesures de distanciation sociale dans les lieux publics sont respectées. Le Service de police de la Ville Montréal pourrait ainsi être appelé à intervenir davantage pour mettre fin à des rassemblements, «qui se tiennent toujours dans certains lieux», a expliqué Mme Drouin.
«S’il faut donner des contraventions, on le fera», a déclaré Mme Plante, qui a précisé que plus de détails à cet égard seront fournis samedi. Le SPVM pourrait aussi émettre des amendes aux commerces non-essentiels qui n’ont pas encore fermé leurs portes, malgré les directives du gouvernement Legault.
«La majorité des gens respectent les recommandations, mais face à la propagation du virus, des mesures additionnelles doivent être prises», a d’ailleurs constaté Mme Drouin.
La marche permise
Alors que le printemps est à nos portes, la Dr Drouin a voulu rassuré les Montréalais: ces derniers pourront continuer à aller prendre des marches, à condition qu’ils le fassent seuls et en se tenant loin des autres.
«Évidemment, plus vous respecter les règles de distanciation, plus on va être en mesure de maintenir [le droit d’aller prendre une marche], de ne pas avoir à mettre des restrictions sur cet aspect-là», a-t-elle dit.
Le Québec compte actuellement 2021 cas confirmés de personnes infectées, dont près de la moitié, soit 971, se trouvent à Montréal. De jeudi à vendredi, 189 nouveaux cas se sont ajoutés dans la métropole. L’Estrie arrive au deuxième rang avec 227 personnes contaminées par le coronavirus.
Jusqu’à maintenant, le virus a tué 18 Québécois, dont 4 à Montréal.
«Montréal a une transmission communautaire qui est bien avérée.» -Mylène Drouin, directrice régionale de la santé publique de Montréal
L’état d’urgence pour aider les itinérants
L’état d’urgence permettra aussi à la Ville de réquisitionner au besoin des locaux privés pour en faire des refuges temporaires pour les personnes en situation d’itinérance. En tout, la Ville souhaite créer «cinq sites qui pourront accommoder un total de 1000 personnes par jour», a indiqué Mme Plante. Le premier d’entre eux sera aménagé près du Square Cabot, tandis que les autres feront l’objet d’annonces dans les prochains jours.
«Cette crise sanitaire ne peut pas devenir une crise humanitaire, c’est pour ça que nous prenons des actions», a affirmé Mme Plante.
Vendredi dernier, la réseau de la santé a annoncé que l’unité de débordement aménagée dans l’ancien hôpital Royal-Victoria deviendra prochainement une unité d’isolement pour les personnes en situation d’itinérance atteints du nouveau coronavirus. Le nombre de lits y diminuera considérablement afin que chaque personne qui y aura recours dispose de sa propre chambre.
Mardi, Mme Plante a précisé dans quels bâtiments les sans-abris qui se rendent dans cette unité seront relogés. Les hommes se rendront ainsi au Complexe Guy-Favreau, tandis que les femmes se dirigeront au Y des femmes de Montréal. Ces deux bâtiments sont situés au centre-ville de la métropole.
-Avec La Presse canadienne