STM: un taux d’absentéisme de 25%, «énorme pression» sur les opérations
La Société de transport de Montréal (STM) doit composer avec un taux d’absentéisme de 25% de ses employés dans la foulée du coronavirus, révèlent des données rendues publiques par la Ville. La situation met actuellement «une énorme pression» sur les opérations quotidiennes, ce qui ravive le débat sur la relance du transport collectif après la crise sanitaire.
«On livre environ 80% de notre service en pointe, mais avec 75% de nos employés. On a vraiment besoin de tous les employés disponibles pour y arriver», a expliqué lundi soir le vice-président du C.A de la société de transport, Craig Sauvé. Il ajoute que plusieurs employés seront réaffectés à des tâches essentielles, dont le nettoyage des véhicules «qui a doublé» dans les dernières semaines.
«Pour le moment, la STM continue à offrir le service avec un taux d’absentéisme de 25%, quand même. Ça met une énorme pression sur les opérations.» -Craig Sauvé, vice-président du conseil d’administration
Selon l’élu, le besoin est principalement au niveau de ressources humaines. «Tous les employés qui sont aptes au travail, en vertu des recommandations de la santé publique, on a besoin qu’ils se présentent», lance-t-il.
D’ailleurs, ce taux élevé d’absentéisme à la STM s’expliquerait de «plusieurs façons»: retrait préventif d’employés jugés vulnérables, isolements volontaires, congés de maladie, garde d’enfants, etc. «Le défi pour l’entretien en est un de recrutement. C’est pourquoi nous souhaitons embaucher davantage d’étudiants, en plus de pouvoir maintenant compter sur les employés de bureau», explique à Métro la porte-parole de la STM, Isabelle Tremblay.
Quels impacts pour l’environnement?
De manière générale, la situation relance le débat sur les investissements à réaliser en transport collectif pour minimiser les impacts environnementaux après la pandémie, dit un expert.
«Conserver la part modale, ça va être presque impossible. Il y a trop de gens qui vont décider pendant les premiers mois de prendre leur vélo, leur voiture, ou de travailler de la maison.», dit le spécialiste en planification des transports, Pierre Barrieau.
Selon lui, le gouvernement Legault n’aura «pas le choix» d’augmenter les subventions aux opérateurs comme la STM, pour que ceux-ci baissent leurs tarifs. «À part ça, rien ne peut être fait rapidement, à défaut d’avoir un vaccin, juge M. Barrieau. On a donné un traumatisme aux gens. Ça va leur prendre du temps à se réapproprier le transport collectif.»
«Il y aura une rééducation à entamer. Ça se peut que ça prenne quelques années. Il faudra peut-être attendre l’arrivée du REM, ou de la ligne rose.» -Pierre Barrieau, chargé de cours à l’UdeM
Des caméras sur les bus de la STM?
La Ville de Montréal a adopté lundi soir une motion pour donner le mandat à la Commission sur les transports d’étudier la possibilité d’équiper de caméras les autobus de la STM qui utilisent des voies réservées.
«Ce sont des dossiers comme ça auxquels les gens ne pensent pas parfois, mais qui ont un impact majeur pour changer la mobilité. D’ici deux ans, ce sera la réalité sur les bus urbains en Amérique du Nord.» -Marvin Rotrand, conseiller de Snowdon et instigateur de la motion
M. Rotrand dit vouloir lutter contre le stationnement illégal et les automobilistes qui utilisent les voies réservées pour «éviter la congestion». Un projet-pilote similaire tenu dans les derniers mois à New York sur trois lignes de bus empruntant des voies réservées a permis d’augmenter de 25% l’achalandage en heure de pointe, en plus de hausser de plus de 30% la vitesse commerciale des autocars.
Appelé à réagir, le responsable de la mobilité au comité exécutif, Éric Alan Caldwell, a pour sa part bien accueilli la nouvelle. «On veut plus d’efficacité et de fluidité dans nos voies réservées. Et pour y arriver, ça prend un meilleur contrôle, juge-t-il. C’est déjà un élément qui est considéré par nos équipes, et par la STM. Le Forum de la Commission sur les transports sera un bel endroit pour en discuter.»
M. Caldwell note toutefois que «certains obstacles» demeurent à l’implantation de cette mesure «dans un contexte montréalais». Parmi eux, les changements à faire au code des procédures pénales, ou encore au code de la sécurité routière.
En collaboration avec Zacharie Goudreault