Coronavirus: un détenu fédéral décède à Laval, une première au Québec
Un détenu du Centre fédéral de formation (CFF) de Laval est mort après avoir contracté la COVID-19, a indiqué mardi l’agence des Services correctionnels du Canada (SSC). Il s’agit du deuxième décès à survenir au Canada, mais le premier à l’échelle du Québec.
La nouvelle a été confirmée par les autorités sanitaires dimanche dernier, le 3 mai. Il s’est produit dans l’unité «multiniveau» du CFF de Laval. «Les proches du détenu ont été informés de son décès», indique l’agence fédérale, qui offre au passage ses condoléances à la famille.
Comme le protocole l’indique, un coroner a rapidement été avisé de la situation. Il enquêtera dans les prochains jours sur les circonstances entourant le décès.
«Des équipes de soins de santé sont en place dans tous les établissements. Nous travaillons en collaboration avec les autorités de santé publique pour fournir des soins médicaux complets.» -Services correctionnels du Canada
Près de 100 cas confirmés à Laval
Selon les données du gouvernement fédéral, 96 détenus ont déjà reçu un diagnostic positif de la COVID-19 au CFF de Laval. Une soixantaine d’autres attendent toujours un résultat actuellement, alors que 15 tests de dépistage se sont révélés négatifs. Au total, plus de 170 tests y ont déjà été effectués.
Il s’agit du deuxième décès lié au coronavirus à survenir au Canada dans un établissement fédéral. C’est toutefois le premier au Québec.
L’établissement Mission, en Colombie-Britannique, avait récemment enregistré un premier décès entre ses murs. Quelque 119 personnes ont reçu un diagnostic positif. C’est l’un des principaux lieux d’éclosion dans le milieu des prions fédérales à l’échelle du pays.
À Laval, le Centre fédéral de formation peut recevoir jusqu’à 400 détenus.
Les prisons fédérales sous pression
La semaine dernière, Métro rapportait que la COVID-19 a fait son entrée dans plusieurs établissements carcéraux du Québec, menaçant à la fois les détenus et agents correctionnels. Des cas ont été recensé à la prison de Bordeaux, ainsi qu’aux pénitenciers fédéraux de Joliette, Port-Cartier et Laval.
Selon le président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ), Mathieu Lavoie, les agents correctionnels sont très exposés.
«La santé publique n’était pas préparée au contexte carcéral. Ils ne comprennent pas que ça peut être complexe de faire des enquêtes épidémiologiques dans un tel environnement.» -Mathieu Lavoie, du SAPSCQ
Il évalue à environ 300 le nombre d’agents en retrait préventif à travers la province, sur 2700 travailleurs. La crainte de manquer de matériel de protection, ainsi que le manque de formation, expliquerait la multiplication de ces absences.
«Ces établissements présentent également des défis de salubrité importants. On parle de personnes qui vivent dans la promiscuité. Il n’y a pas plus de mesures d’hygiène que d’habitude», a aussi déploré la présidente de l’Association des avocats et avocates en droit carcéral, Rita Magloé Francis.
Dans les dernières semaines, plusieurs organismes ont sommé Ottawa de réduire la population carcérale dans les prisons.
«Les agents correctionnels peuvent facilement devenir des vecteurs de transmission. Les services de santé en prison ne sont pas vraiment outillés», avait soutenu la porte-parole de la Ligue des droits et libertés (LDL), Lucie Lemonde.