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Plusieurs axes «réaménagés» pour les piétons et les cyclistes à Montréal

Valérie Plante
La mairesse de Montréal, Valérie Plante Photo: Josie Desmarais/Métro

Pour faire plus de place aux piétons et aux cyclistes cet été, la Ville de Montréal met sur pied un nouveau réseau temporaire de «voies actives sécuritaires» sur 112 kilomètres. L’avenue du Mont-Royal et la rue de La Commune seront notamment piétonisées, alors que les voies de circulation seront réduites sur le boulevard Saint-Laurent et la rue Saint-Denis. La situation entraînera la suppression de plusieurs espaces de stationnement.

«C’est l’un des plans les plus impressionnants au monde», a affirmé vendredi la mairesse Valérie Plante. Elle dit avoir réalisé l’urgence d’agir lors d’une randonnée à vélo. «C’était vide de voitures, alors que les cyclistes et les piétons s’entassaient sur un espace restreint. Je me suis dis qu’on ne pouvait pas passer l’été comme ça», illustre la chef de Projet Montréal.

À ce plan, s’ajoute 88 km d’aménagements par les directions d’arrondissement, les quelque 50 km déjà prévus du Réseau express vélo (REV) et les 70 km de réseau cyclable local. Quelque 327 «nouvelles voies cyclables et piétonnes» verront donc le jour cet été, portant le total à plus de 1200 km dans la métropole. Du «jamais vu» selon la mairesse, qui reconnaît par ailleurs que certains aménagements pourraient rester en place après la COVID-19.

«Revoir la ville»

Une première phase des travaux commencera début juin. Elle priorisera le réaménagement des axes «majeurs», soit Mont-Royal, Saint-Laurent, Saint-Denis, Christophe-Colomb, Rachel et Gouin. L’un des objectifs serait de rendre les espaces verts plus accessibles pour les résidents des quartiers ex-centrés.

«En plein cœur du Plateau, on considère aussi une piétonnisation complète de l’avenue du Mont-Royal. On va développer des modèles pour permettre la livraison et la circulation des bus.» -Éric Alan Caldwell, responsable de la mobilité au comité exécutif

La Ville prévoit aussi piétonniser la rue De La Commune, dans Ville-Marie. Rappelons que la rue Wellington, à Verdun, l’a déjà été. Selon M. Caldwell, la diminution «drastique» de la circulation automobile (-50%) et des camions appelait à un nouveau cadre. «Il y aura un impact sur la circulation automobile sur certain axes, mais au global, on n’entrevoit pas d’enjeux», promet-il.

Une seconde phase de travaux, prévue «plus tard cet été», s’attaquera ensuite aux artères locales. Un corridor cycliste sera ainsi érigé sur le boulevard Saint-Joseph, à Lachine. Dans le Sud-Ouest, la rue Notre-Dame subira une «profonde transformation» avec l’ajout d’un corridor de mobilité active.

«On est l’épicentre au Canada. Pour moi, ça demande des mesures musclées. Ne rien faire serait tout à fait inacceptable.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal

Plus au nord, la rue Villeray n’est pas en reste. Près du parc Jarry, une nouvelle piste est-ouest y sera aménagée. S’inspirant d’un concept catalan, l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie va aussi revoir l’aménagement de son territoire afin de créer des «superblocs» visant à favoriser la circulation des piétons et des cyclistes. Dans le Vieux-Montréal, les rues seront pour la plupart partagées. Ce nouveau plan sera en vigueur jusqu’à la fin de l’été, voire le début de l’automne.

Accueil mitigé à Montréal

Si bon nombre organismes ont applaudi la nouvelle, parlant d’une «bouffée d’air frais», d’autres se préoccupent de l’impact à prévoir sur la livraison commerciale.

«Les gens prendront rapidement goût à ces ­­­­mesures qui amélioreront leur qualité de vie, leur santé et leur environnement. Nous espérons que plusieurs de ces mesures deviendront permanentes», affirme le responsable de Greenpeace, Patrick Bonin.

Chez Piétons Québec, la porte-parole Jeanne Robin abonde dans le même sens. «Au lieu de devoir sensibiliser tout le monde, on va gérer la sécurité par des aménagements intelligents qui vont dicter la cohabitation. C’est très logique face à la crise», dit-elle. 

«La Ville mise sur les meilleurs leviers pour permettre un déconfinement graduel et le maintien de la mobilité de toute la population dans le respect des mesures de distanciation physique. Ces aménagements vont nous amener à voir et à vivre la ville autrement dès cet été», affirme aussi Emmanuel Rondia, le directeur du Conseil régional de l’environnement (CRE-MTL).

Mais l’Association du camionnage du Québec (ACQ), elle, soulève plusieurs doutes.

«Ça risque de complexifier les temps de livraison. Il est fort possible qu’on ne puisse pas réaliser le même nombre de commandes. On doit aussi comprendre que ça augmentera les coûts, les camionneurs étant payés à l’heure.» -Marc Cadieux, PDG de l’ACQ.

Le chef de l’opposition, Lionel Perez, dénonce aussi le manque de transparence de l’administration Plante. «Il n’y a eu aucune consultation. On aurait dû y aller par étapes. Il ne faut pas utiliser cette crise pour faire avancer un agenda politique», implore-t-il. «Ce sont des bonnes mesures quand c’est justifié, mais sur le réseau local, où il y a moins de problèmes d’espaces, on se demande si c’était nécessaire», conclut-il.

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