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Profilage racial au SPVM: un organisme prend «le taureau par les cornes»

SPVM profilage racial
Alain Babineau Photo: Zacharie Goudreault/Métro

Face à «l’inaction» de la Ville de Montréal et du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour s’attaquer au profilage racial dans la métropole, un organisme prend «le taureau par les cornes» et s’apprête à créer un groupe de travail pour conseiller l’administration municipale sur les mesures qu’elle devrait prendre pour s’attaquer à cet enjeu.

Le 26 mai dernier, en séance du conseil municipal, le conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand, a déposé une motion pour demander à ce que le SPVM collecte des données ventilées sur ses interpellations policières en fonction notamment de la race et du statut social des personnes faisant l’objet de celles-ci. Ces données seraient ensuite rendues publiques sur une base régulière, par exemple via les données ouvertes de la Ville.

La motion, qui a reçu le support de plusieurs organismes communautaires, demandait aussi la création d’un comité consultatif composé notamment d’experts, de policiers et de représentants des minorités visibles. Celui-ci aurait permis d’élaborer pour le SPVM «une nouvelle politique sur la collecte de renseignements relatifs à la race», indique la motion initiale.

«Inaction»

La Ville a toutefois approuvé une version amendée de cette motion afin de demander que celle-ci fasse l’objet d’une étude de la part de la Commission de la sécurité publique. Cette dernière n’a d’ailleurs déterminé aucun échéancier à cet égard.

«Ils ont mis ça sur une tablette en ramenant ça à l’étude. Mais avec tout ce qui se passe, on ne peut plus attendre. Il faut prendre le taureau par les cornes», martèle en entrevue à Métro le conseiller du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), Alain Babineau

L’organisme entend donc créer lui-même prochainement un groupe de travail pour déterminer les actions que devrait prendre la Ville pour s’attaquer aux interpellations policières discriminatoires, mais aussi, de façon plus générale, aux problèmes de profilage racial au SPVM. Des personnes issues du milieu académique et légal de même que des experts «spécialisés dans la formation des policiers» devraient notamment prendre part à cette initiative. 

«On invitera le SPVM à venir s’asseoir à la table et à prendre part au processus», souligne aussi M. Babineau. 

Contacté par Métro, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a indiqué que la Ville «est déjà en action» en vue de créer «un plan d’action intégré de lutte contre le profilage racial et social». Le SPVM devrait aussi disposer d’une politique en matière d’interpellations policières. Celle-ci devait entrer en vigueur en mars, mais la crise du coronavirus a retardé ce processus.

 

Selon un rapport universitaire publié en octobre dernier, les personnes noires ou autochtones ont en moyenne quatre fois plus de chances de faire l’objet d’une interpellation policière à Montréal que les personnes blanches.

Brutalité policière

Dimanche, des milliers de personnes ont pris part à une manifestation à Montréal, comme ailleurs au pays, pour dénoncer la mort de George Floyd, un Américain noir victime d’une intervention policière brutale à Minneapolis, lundi dernier.

Vendredi, le premier ministre Justin Trudeau a d’ailleurs condamné en conférence de presse la brutalité policière et donné son soutien à ce mouvement de mobilisation, en grande partie pacifique.

«Manifester pour dénoncer le racisme et exiger que les choses changent est noble et nécessaire», a pour sa part déclaré Mme Plante sur les réseaux sociaux.

Montréal n’est d’ailleurs pas à l’abri de telles bavures policières, prévient Alain Babineau. Au cours des 20 dernières, plusieurs personnes noires ont perdu la vie sous les balles de policiers montréalais. Cela a notamment été le cas de Freddy Villanueva, en 2008, de Bony Jean-Pierre, en 2016, et de Pierre Coriolan, en 2017. 

«On en a eu des meurtres, des personnes qui ont été tuées. On a eu plusieurs rapports. Et [le SPVM] continue de dire que ce n’est pas du profilage racial, que ce sont des biais systémiques», déplore M. Babineau.

«J’ai bien peur que ce qui est arrivé au Minnesota peut survenir ici n’importe quand parce que les conditions sont pareilles.» -Alain Babineau, conseiller du CRARR 

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