Toronto va réformer sa police. Montréal doit-elle en faire autant?
Alors que le maire de Toronto entend réformer son corps de police, des organismes de Montréal pressent l’administration Plante d’emboîter le pas à la Ville-Reine afin de lutter contre le racisme systémique.
Le maire de Toronto, John Tory, présentera ce lundi, en séance du conseil municipal, une motion contenant une liste de recommandations visant à revoir le fonctionnement du corps de police de la métropole ontarienne.
Ce document recommande notamment la création d’une nouvelle équipe composée de membres provenant de l’extérieur du corps de police afin d’intervenir dans des situations «impliquant des individus expérimentant des crises de santé mentale et où la réponse policière n’est pas nécessaire». Il s’agirait, par exemple, de travailleurs sociaux qui répondraient aux appels n’impliquant pas «l’usage d’armes ou de violence».
Racisme systémique
D’autre part, le maire John Tory souhaite demander à la Vérificatrice municipale de Toronto d’analyser le budget du corps de police de la Ville-Reine afin d’«identifier des opportunités pour des économies». La métropole pourrait ensuite réinvestir celles-ci dans dans des services sociaux et communautaires «critiques» visant notamment à lutter contre le racisme à l’égard des Noirs et des Autochtones. Une partie de ces économies serviraient également à combattre la violence par armes à feu, véritable fléau à Toronto.
«Comme maire, je reconnais que, bien que notre ville soit l’une des plus diverses dans le monde, le racisme systémique continue d’être un enjeu réel ici, à Toronto, et nous pouvons en faire beaucoup plus pour le confronter et l’éliminer», souligne John Tory, dans sa motion. Cette dernière recommande d’ailleurs de veiller à ce que le corps de police recrute davantage de membres des minorités visibles.
Si la motion est adoptée, les fonctionnaires de la Ville auront jusqu’au premier janvier 2021 pour fournir une mise à jour aux élus concernant l’implantation des différentes recommandations du maire.
«Nous voulons une ville sécuritaire, mais nous voulons aussi que tout le monde se sente en sécurité dans notre ville.» -Extrait de la motion du maire John Tory
Cette initiative du maire de Toronto survient un peu plus d’un mois après la mort de George Floyd sous le genou d’un policier à Minneapolis, le 25 mai, à l’origine de nombreuses manifestations à l’échelle mondiale.
S’inspirer de Toronto
Contactés par Métro, plusieurs organismes ont pressé l’administration de Valérie Plante d’emboîter le pas à Toronto en optant pour réformer aussi la police de Montréal, afin de lutter contre le racisme systémique.
«On est 10 ans en arrière à Montréal», a réagi à Métro le conseiller du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), Alain Babineau, qui salue les avancées effectuées par Toronto ces dernières années pour contrer le profilage racial au sein de son corps de police.
«Si Toronto propose quelque chose de concret, pourquoi ne pas les suivre?» questionne pour sa part la directrice de la Ligue des Noirs nouvelle génération, Anastasia Marcelin.
Interpellé par Métro, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, n’a pas commenté la motion de M. Tory. Il rappelle toutefois que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) présentera le 8 juillet une nouvelle politique sur les interpellations policières. La Ville s’est aussi engagée à respecter les recommandations de l’Office de consultation publique de Montréal pour contrer le racisme systémique.
«Nous poursuivons également nos discussions avec le SPVM sur différents enjeux», ajoute l’attachée de presse de Mme Plante, Geneviève Jutras.
Financement
Alors que le maire John Tory propose une «réallocation» de certaines ressources de la police de Toronto, d’autres élus déposeront une motion la semaine prochaine pour réclamer de réduire de 10% son budget. Une proposition qu’appuie le conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand, qui entend déposer une motion à la prochaine séance du conseil municipal, en août, afin de réclamer une réforme de la police de Montréal.
«Toronto fait preuve de leadership dans ce dossier. C’est au tour de Montréal maintenant», laisse tomber M. Rotrand.