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Montréal veut augmenter l’embauche et la sécurité des Autochtones

Lucien-Saulnier
L'édifice Lucien-Saulnier, qui occupe actuellement la fonction d'hôtel de ville de Montréal. Photo: Zacharie Goudreault/Métro

La Ville de Montréal s’engage à augmenter l’embauche d’Autochtones dans ses rangs et ceux de son corps de police, dans le cadre d’une stratégie de réconciliation présentée mercredi.

La commissaire aux relations avec les peuples autochtones de la Ville, Marie-Ève Bordeleau, a présenté mercredi avant-midi les grandes lignes de cette stratégie, qui compte 125 engagements que la Ville compte poursuivre d’ici 2025. La commissaire, qui a obtenu ce poste à l’hiver 2018, a consulté une trentaine de groupes autochtones sur une période de deux ans pour préparer ce document. Prêt depuis ce printemps, la Ville a repoussé sa présentation de plusieurs mois en raison de la pandémie.

«Ça fait longtemps qu’on l’attendait et on est tous extrêmement contents [de cette stratégie]», a réagi mercredi le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard. Lors d’une conférence virtuelle organisée par la Ville, il a souligné l’importance de lutter contre le racisme que subissent les Autochtones, à Montréal comme ailleurs au Québec.

«Le décès tragique de notre sœur Joyce Echaquan le 28 septembre à l’hôpital de Joliette en est un triste rappel», a-t-il ajouté.

Plus d’employés autochtones à la Ville

Parmi les engagements clés inscrits dans cette stratégie, qui s’inspire notamment du rapport de la Commission Viens et celui de l’OCPM sur le racisme et la discrimination systémiques, on compte la création d’un programme de recrutement visant à augmenter la présence d’employés autochtones à la Ville.

«Il faut se doter de stratégies spécifiques pour augmenter la présence des Autochtones au sein de la fonction publique», a souligné Mme Bordeleau. Elle a aussi soulevé l’importance de miser sur la sensibilisation pour inciter des membres de cette communauté à postuler pour des postes à la Ville.

«Ce que l’on souhaite, c’est que la Ville de Montréal soit un milieu intéressant pour les Autochtones, mais aussi qu’il y ait une possibilité de gravir les échelons aux personnes qui souhaitent continuer dans la fonction publique montréalaise», a indiqué à cet égard la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Selon des données de la Ville, le nombre d’employés autochtones qu’elle gère est passé de 67 en 2015 à 107 en date de décembre 2019. Les Autochtones représentent ainsi environ 0,4% des employés de la Ville.

On ne rapporte par ailleurs que huit cadres administratifs autochtones à la Ville et un seul cadre policier membre de cette communauté, en date de l’an dernier.

«C’est un nombre qui n’est pas très haut. Il y a du travail à faire», a reconnu Mme Plante. Cette dernière aimerait aussi voir le nombre de candidats issus «des différentes diversités», incluant des personnes autochtones, augmenter en vue des prochaines élections municipales, l’an prochain.

L’administration municipale s’engage par ailleurs à inclure davantage les membres des communautés autochtones au sein de ses comités consultatifs à l’avenir.

«Les transformations que nous voulons apporter, nous les voulons durables et profondes.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal

Développement économique

Le plan de la Ville prévoit par ailleurs d’offrir plus de services de soutien et d’accompagnement aux entrepreneurs autochtones afin de contribuer au développement économique des membres de cette communauté à Montréal.

«Cette stratégie, c’est un point de départ, une occasion de se rapprocher. Nous, les Autochtones, sommes prêts. Nous appelons maintenant les Montréalais à nous accompagner dans ce chemin sinueux [de la réconciliation]», a réagi le directeur général de Montréal Autochtone, Philippe Meilleur.

Patrouilles mixtes

La stratégie demande par ailleurs au Service de police de la Ville de Montréal d’accentuer ses efforts de recrutement de policiers autochtones et de créer des patrouilles mixtes d’intervention «auprès des personnes vulnérables». Des engagements qui surviennent alors que plusieurs Autochtones auraient subi du profilage racial de la part de policiers montréalais dans les dernières années.

«C’est vraiment un projet qu’un veut mettre sur pied avec un ou des partenaires autochtones […] afin d’assurer une intervention policière et sociale culturellement sécuritaire pour les Premières Nations», a indiqué Mme Bordeleau.

Le plan de la Ville souligne par ailleurs l’importance d’avoir plus d’«espaces d’accueil culturellement adaptés aux personnes en situation d’itinérance d’origine autochtone» à Montréal. Les besoins sont particulièrement importants auprès des personnes inuites. Ces dernières, bien qu’elles ne représentent que 3% des Autochtones à Montréal, comptent pour près de 45% de la population autochtone en situation d’itinérance dans la métropole.

«Il doit y avoir des services culturellement sécurisants spécifiques pour la communauté inuite et c’est dans cette direction-là que nous allons aborder cette question», a souligné Mme Bordeleau, qui souhaite collaborer avec les organismes d’aide aux Autochtones et aux personnes en situation d’itinérance pour répondre à cet enjeu.

La stratégie de la Ville prévoit également d’offrir plus de financement pour la tenue d’activités culturelles autochtones à Montréal dans les prochaines années.

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