REM de l’Est: Montréal demande d’être «partie prenante» du projet
L’administration municipale a adopté lundi après-midi une déclaration demandant à la Ville d’être «partie prenante» du projet de prolongement du Réseau express métropolitain (REM) vers l’est et le nord-est de Montréal. L’opposition a toutefois voté contre, qualifiant cette requête de la Ville d’«aveu d’échec» dans ses relations avec Québec.
À la mi-décembre, la filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec responsable du REM, CDPQ Infra, a annoncé en grande pompe le prolongement du REM en deux tronçons qui se dirigeront vers l’est et le nord-est de la métropole. Le projet de 23 stations, réparties sur 32 km, est évalué provisoirement à 10 G$, soit nettement plus que la première phase du projet de train léger, actuellement en cours. Les travaux pourraient débuter en 2022, pour une mise en service prévue en 2029.
Ce projet soulève toutefois maintes inquiétudes. Les structures aériennes du projet pourraient notamment avoir un impact majeur sur le paysage du centre-ville. Des tronçons de ce prolongement du REM longeront par ailleurs la ligne verte du métro et le service rapide par bus actuellement en construction sur le boulevard Pie-IX. Ce projet soulève ainsi plusieurs enjeux d’intégration au territoire de la métropole.
«Un aveu d’échec»
En séance du conseil municipal, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a donc présenté lundi après-midi une motion qui demande notamment au gouvernement du Québec de reconnaître la Ville de Montréal comme étant «partie prenante dans la planification et la réalisation du projet».
Cette demande a fait sursauter l’opposition officielle à l’hôtel de ville, qui a rappelé que Mme Plante avait associé le REM de l’Est à son projet de «ligne rose», en décembre dernier.
«La mairesse est difficile à suivre. D’un côté, c’est son projet avec Québec, et d’un autre côté, elle souhaite maintenant d’être consultée en aval», a soulevé la leader de l’opposition officielle, Karine Boivin-Roy.
«Pour nous, c’est malheureusement un aveu d’échec des relations gouvernementales sous la présente administration», a renchéri le chef intérimaire d’Ensemble Montréal, Lionel Perez.
La déclaration adoptée
Ainsi, bien qu’il appuie ce projet, M. Perez a invité l’ensemble de sa formation politique a voté contre cette déclaration. Le conseil municipal l’a finalement adoptée avec 38 voix pour et 23 contre.
«On veut que ça soit un projet pour la population et c’est ce qu’on fera», a pour sa part répliqué le responsable de la mobilité au comité exécutif, Éric Alan Caldwell.
Dans une déclaration écrite envoyée à Métro, lundi après-midi, la porte-parole pour le REM de l’Est, Virginie Cousineau, s’est voulue rassurante.
«L’intégration urbaine et architecturale de ce projet devra et sera exemplaire nonobstant les défis», a-t-elle écrit. Mme Cousineau a par ailleurs précisé qu’une présentation concernant «les hypothèses techniques, la gouvernance et les jalons importants de ce grand chantier d’intégration urbaine» aura lieu «prochainement».
Un REM souterrain au centre-ville?
La déclaration de la Ville demande en outre la tenue d’une consultation publique sur ce projet en amont de celle que devra réaliser le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. On y réclame aussi la création d’un «comité aviseur» composé d’experts qui analyserait divers scénarios de ce projet, dont un ferait passer le REM «en souterrain, sous le boulevard René-Lévesque».
«Ces différentes questions seront discutées avec la Ville et ensemble, on fait appel au génie, à l’imagination des Montréalais et à leur créativité pour qu’on trouve des solutions [aux défis du REM de l’Est].» -Éric Alan Caldwell, responsable de la mobilité au comité exécutif
Le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa, a toutefois soulevé que l’éventuel passage du REM en souterrain, au centre-ville, pourrait faire gonfler la facture du projet. «Est-ce que la Ville va payer la note pour les coûts supplémentaires?» a questionné l’élu.
CDPQ Infra a d’ailleurs déjà indiqué avoir étudié la possibilité de faire passer le REM de l’Est en souterrain, au coeur de Montréal. Le maître d’oeuvre du projet a toutefois rejeté cette option, car elle soulèverait plusieurs défis logistiques, notamment en raison de la présence de lignes électriques et du réseau du métro au centre-ville.