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L’épuisante année pandémique du Dr François Marquis

François Marquis
Le Dr François Marquis devant l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Photo: Josie Desmarais/Métro Média

«Essoufflant.» Le Dr François Marquis ne s’en cache pas, il est difficile de maintenir le rythme depuis les premiers cas de COVID-19 au Québec. Enchaînant les jours de travail, le chef de service des soins intensifs de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont est au front depuis douze mois. Une période difficile pendant laquelle il a côtoyé la mort comme jamais

«À la première vague, ils tombaient comme des mouches, Des fois, je voyais trois, quatre, cinq patients mourir de la COVID-19 dans la même soirée. Je n’avais pas vu ça dans ma vie avant», confie à Métro le Dr Marquis.

Depuis mars dernier, l’intensiviste a l’impression de courir un marathon qui n’en finit plus. Il travaille presque l’équivalent de deux emplois à temps plein, enchaînant les journées de douze heures à l’hôpital, en plus d’être très sollicité par les médias.

«J’ai à peine l’impression que ça a duré quelques mois tellement on est à la course sans arrêt», fait-il part d’emblée.

Un premier cas «traumatisant»

François Marquis se souvient du tout premier cas de COVID-19 qu’il a traité à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.

C’est au début de la pandémie. Un homme revenant d’une escale à Hong Kong se présente à l’établissement avec des symptômes plus graves qu’une «petite grippe».

«Comme on ne savait rien encore, il a eu droit à la totale, raconte-t-il. C’était assez traumatisant. On pouvait sentir la peur autant chez le patient que le personnel. Il y avait vraiment une espèce de crainte paranoïaque.»

Première vague, «ils tombaient comme des mouches»

Peu de temps après, la première vague de cas de COVID-19 a déferlé à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Ce qui a surtout marqué Dr Marquis, c’est de voir les décès soudains dus à la maladie s’accumuler.

La détresse des familles lui reste aussi gravée dans la mémoire.

«La difficulté, c’était la quantité. Ce n’était pas le fait de devoir accompagner une famille à passer au travers d’une expérience effrayante à distance, mais c’était d’en avoir quatre ou cinq ou dix en même temps.»

Dur coup pour les «anges gardiens»

Après la première vague, les cas ont diminués, mais le personnel médical a continué à travailler d’arrachepied pour rattraper le retard.

«On savait tous que la deuxième vague s’en venait donc on était en train d’essayer de reconstruire de l’intérieur. On s’est énormément fatigués pendant l’entre-deux vagues», explique François Marquis.

Si les «anges gardiens» sentaient le soutien de la population lors de la première phase de la pandémie, ils ont observé un relâchement dans les derniers mois.

«La première vague et la deuxième, ça a été deux planètes différentes, souligne le docteur. La deuxième a eu moins de cas. Mais a été vraiment plus dure parce qu’on a toujours eu de la difficulté à reprendre notre second souffle.»

Les failles du système révélées

Pénurie de personnel, vétusté de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, épuisement professionnel: la pandémie aura révélé «1000 failles» du système de santé, pense François Marquis.

«On a vu les limitations au niveau des lieux physiques. On a vu aussi des limitations au niveau du personnel, alors qu’on avait déjà des difficultés à retenir notre personnel face à de nouveaux hôpitaux très neufs et très attractifs. Ça nous a fait extrêmement mal», dit-il.

Si les cas hospitalisés sont maintenant en baisse, Dr Marquis indique que le personnel médical subit encore les ravages des derniers mois.

«C’est vraiment comme après un tsunami, tout est dévasté. Les voitures sont virées sur le dos, les maisons ne sont plus debout. On a un peu ce feeling-là dans l’hôpital», confie-t-il.

Pour lui, une chose est claire, «la bataille est loin d’être gagnée».

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