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Montréal entend varier le prix du stationnement en fonction de l’achalandage

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Un parcomètre au centre-ville. Photo: Josie Desmarais/Métro

Les automobilistes devront bientôt adapter leurs habitudes de déplacement s’ils souhaitent éviter de payer des frais de stationnement plus élevés à Montréal, alors qu’un projet de tarification modulaire est en cours de développement.

L’Agence de mobilité durable, créée en janvier 2020 pour remplacer Stationnement de Montréal, a réalisé l’an dernier une analyse du taux d’achalandage des places de stationnement sur rue en 2019. En se basant sur ces données, elle a déterminé que l’achalandage souhaité de ces espaces devrait être de 85% dans la métropole.

Un taux nettement inférieur représenterait ainsi une sous-utilisation de ces espaces avec parcomètres, que l’on retrouve principalement sur les artères commerciales des quartiers centraux. À l’inverse, un taux d’occupation trop élevé risquerait de contribuer à la congestion routière en forçant les automobilistes à tourner en rond pour se trouver une place de stationnement.

Un tarif adapté à la demande

Pour mieux gérer l’utilisation de ces places de stationnement tarifés, le directeur général de l’Agence, Laurent Chevrot, a détaillé mercredi matin, en séance du comité exécutif, le projet de tarification modulaire, en fonction de la demande, sur lequel planche actuellement la société paramunicipale.

«Ça va nous permettre d’offrir une tarification différente en fonction du moment de la journée et du taux d’occupation», a expliqué M. Chevrot.

Ainsi, l’agence entend augmenter la tarification des espaces avec parcomètres lorsque leur taux d’occupation dépasse 85%, en plus de réduire la durée limite d’occupation. Si l’achalandage varie entre 70 et 85%, un statu quo s’appliquerait sur les tarifs. Dans les périodes creuses, où l’achalandage chute en bas de 70%, les frais imposés pourraient alors diminuer et la durée limite d’occupation de ces places, augmenter.

«En 2021, on veut continuer d’aller de l’avant avec ces recommandations-là pour proposer une modulation du tarif horaire du stationnement en fonction du taux d’occupation, d’abord sur rue et dans le futur, hors rue [en souterrain, NDLR]», a évoqué M. Chevrot. Ce dernier voit là un moyen de lutter contre la congestion routière et de faciliter l’accès aux commerces, en optimisant l’utilisation des places de stationnement.

«Le tarif modulaire, c’est une nécessité pour Montréal parce qu’actuellement, un automobiliste qui veut magasiner sur Sainte-Catherine ne peut trouver un espace de stationnement libre», constate d’ailleurs l’expert en planification des transports et chargé de cours à l’UQAM, Pierre Barrieau, en entrevue à Métro.

Pas comme Uber

Ce sytème de tarification devra toutefois prévoir des limites aux tarifs imposés aux automobilistes. Autrement, un algorithme pourrait décider de charger des frais horaires faramineux pour des espaces de stationnement prisées pendant certaines journées de fort achalandage sur les rues commerciales, par exemple la veille de Noël ou le Vendredi fou. «Ça pourrait facilement monter à 25$ de l’heure», prévient l’expert. Des balises dans la tarification sont donc nécessaires, selon lui, pour éviter que les automobilistes désertent le centre-ville lorsque ce système sera en place.

En entrevue à Métro, M. Chevrot s’est toutefois voulu rassurant. L’agence ne compte pas varier sa tarification en temps réel, comme le fait Uber, mais plutôt en fonction de l’heure et de la journée. Les critères pour déterminer la variation de ces frais «pourraient être révisés tous les six mois», précise-t-il.

«Nous, on ne cherche pas à optimiser le revenu du tout. On veut influencer le comportement [des automobilistes].» -Laurent Chevrot, directeur général de l’Agence de mobilité durable

La pandémie retarde le projet

Des démarches sont d’ailleurs «déjà en cours» pour adapter les systèmes de tarification du stationnement à Montréal, la technologie actuelle ne permettant pas une telle variation des prix en fonction de l’achalandage. Laurent Chevrot précise par ailleurs que les impacts de la pandémie sur les habitudes de déplacements des Montréalais devront être pris en compte dans la mise en place de ce projet.

La crise sanitaire a notamment stimulé le télétravail et réduit l’attrait du transport en commun pour plusieurs Montréalais, en plus de faire chuter l’achalandage du centre-ville. En contrepartie, les modes de transport actif, comme la marche et le vélo, gagnent en popularité, a souligné M. Chevrot. Dans ce contexte, il est trop tôt pour dire quand cette nouvelle tarification entrera en vigueur.

«Théoriquement, ce serait possible dès cette année [de lancer ce projet]. Mais la réalité de la situation sanitaire fait en sorte que c’est improbable», constate M. Chevrot. Le coût de la mise en place de la tarification modulaire à Montréal est évalué à 500 000$.

Le stationnement plus surveillé à Montréal

L’Agence entend aussi poursuivre un projet pilote mené l’an dernier dans Rosemont–La Petite-Patrie, concernant l’utilisation de lecteurs de plaques d’immatriculation par les agents de stationnement. L’agence entend en parallèle planifier l’acquisition de plus de véhicules munis de cette technologie dernier cri, en vue d’étendre progressivement son utilisation à l’ensemble de la métropole à partir de 2022.

Une telle technologie, en assurant une surveillance plus efficace du respect des règles de stationnement, pourrait faire gonfler les revenus de l’Agence. «Ça devient de vraies machines à tickets, comme on dit», laisse tomber Pierre Barrieau. S’il appuie cette technologie, il se questionne si elle passera test de l’acceptabilité sociale.

«Ça fait partie de nos préoccupations», reconnaît M. Chevrot. C’est d’ailleurs pourquoi on a préféré opter pour un projet pilote avant d’entamer officiellement ce virage, indique-t-il.

L’agence entend d’autre part miser sur une électrification progressive de sa flotte de véhicules afin de réduire l’empreinte carbone de ses agents de stationnement. Certains d’entre eux pourraient même opter pour des vélos électriques pour aller distribuer des contraventions aux automobilistes mal stationnés.

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