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La Ville adopte sa Politique montréalaise pour l’action communautaire

La banque alimentaire du Centre communautaire Bon courage plus tôt cette année
La banque alimentaire du Centre communautaire Bon courage plus tôt cette année Photo: Archives Métro Média

La Ville de Montréal adopte sa Politique montréalaise pour l’action communautaire qui reconnaît officiellement l’apport des groupes communautaires comme des acteurs sociaux au sein de la métropole, en plus de jeter les bases pour l’avenir.

La politique est historique puisqu’il s’agit de la première de ce genre à être adoptée par une municipalité québécoise, en conformité à la politique gouvernementale «L’action communautaire: une contribution essentielle à l’exercice de la citoyenneté et au développement social du Québec».

La Politique d’action communautaire s’oriente autour de trois principes directeurs, soit la reconnaissance du milieu communautaire, le respect et la valorisation de son autonomie, ainsi que le développement de partenariats éthiques avec le milieu communautaire.

Selon la coordonnatrice du Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM), Marie-Andrée Painchaud, la reconnaissance et l’autonomie des groupes communautaires sont essentielles pour ceux-ci.

«Ça peut amener la Ville, par exemple, à être davantage à l’écoute des besoins des groupes qui représentent les besoins de la population plutôt que d’essayer d’imposer des visions et des façons de faire aux groupes communautaires», mentionne-t-elle.

«Avec la Politique montréalaise pour l’action communautaire, nous voulons renforcer la confiance et témoigner de notre reconnaissance, non seulement pour le travail que les acteurs du milieu communautaire ont effectué dans les décennies passées, mais aussi pour celui qu’ils réaliseront dans les décennies à venir.»

-Valérie Plante, mairesse de Montréal

Vers un financement du communautaire plus adéquat? 

Il reste que le plus gros besoin du milieu communautaire en ce moment est le financement. Or, si la politique en tant que telle n’amène pas davantage d’argent aux groupes communautaires dans l’immédiat, elle pourrait être le premier pas vers un financement plus adéquat, souhaite Marie-Andrée Painchaud.

«On s’attend à ce que, dans la ou les prochaines années, la politique – toujours en concertation avec la Ville – accouche d’un plan d’action. C’est sûrement dans le plan d’action qu’on va pouvoir retrouver peut-être plus d’argent», souligne-t-elle. 

De son côté, la coordonnatrice du Regroupement des organismes communautaires famille de Montréal (ROCFM), Nancy Harvey, n’espère pas «tant d’argent de plus», mais plutôt davantage d’autonomie dans la façon de dépenser les sommes.

Le responsable des communications et de l’analyse politique au Regroupement des organismes communautaires autonomes jeunesses du Québec (ROCAJQ), Jean-Michel C. Proulx, souligne que les financements qui seront privilégiés seront des financements par projet ainsi que pour des mandats spécifiques.

«Nous déplorons depuis longtemps que les organismes ont besoin de financement à la mission leur permettant une flexibilité dans l’utilisation des fonds. La Ville de Montréal semble vouloir ici laisser la prérogative au gouvernement du Québec, or celui-ci sous-finance le milieu communautaire en ce qui a trait au financement à la mission», précise-t-il.

Cependant, M. C. Proulx se réjouit de voir que la Ville souhaite favoriser un financement pluriannuel, par le biais de ses ententes avec le gouvernement ou de ses propres programmes. «Les organismes communautaires, comme n’importe quelle organisation, ont besoin de prévoir à long terme et les financements de courts termes nuisent à leur capacité d’action», explique-t-il.

Pour sa part, Marie-Andrée Painchaud pense que la politique améliorera la façon dont la Ville distribue les fonds aux organismes communautaires. «Ça va d’abord nous aider à ce qu’il y ait plus de transparence au niveau du financement, possiblement une meilleure équité, ainsi qu’une meilleure concertation entre les groupes communautaires et la Ville», affirme-t-elle. 

Marie-Andrée Painchaud cite en exemple les maisons de jeunes qui sont financées par la Ville pour des activités de loisirs. Cependant, ces endroits sont avant tout des lieux d’implication citoyenne pour les adolescents qui y développent divers aspects de leur vie, explique-t-elle.

«Comme la Ville considère les maisons de jeunes comme des groupes de loisirs, elle les traite comme des groupes de loisirs, alors qu’elles sont beaucoup plus que ça», dit-elle. 

Enjeu de promotion auprès des arrondissements

Maintenant que les grands principes sont établis dans la politique adoptée par la ville-centre, le défi est de les faire connaître à l’intérieur de l’appareil municipal, estiment tous les intervenants.

À ce sujet, l’enjeu majeur est d’en faire la promotion auprès des arrondissements et des villes liées qui sont autonomes.

«La ville-centre encourage les arrondissements à adhérer à la politique, mais ils sont assez libres de le faire ou pas et on sait qu’il y a beaucoup de choses qui passent par les arrondissements, beaucoup de financement et beaucoup de collaboration», explique Marie-Andrée Painchaud.

Jean-Michel C. Proulx espère que cette politique soit bien comprise et appropriée par l’ensemble de ses arrondissements et surtout, qu’elle inspire d’autres municipalités et MRC à faire de même. «À cet effet, l’harmonisation des programmes municipaux permettra plus d’équité entre les différents arrondissements, comme le cas de Montréal-Nord qui est sous-financé», dit-il.

Si la collaboration est bonne dans certains arrondissements et villes liées, ce n’est pas le cas partout, laisse savoir Nancy Harvey. «Chacun a son milieu communautaire. C’est organisé différemment. Des fois, il y a des choses qui s’expliquent difficilement et c’est comme ça depuis des années», affirme-t-elle. 

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