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Séisme en Haïti : 11 ans après, le traumatisme est toujours intact

Un soldat se tient au-dessus des débris lors des efforts de sauvetage après qu'un tremblement de terre de magnitude 7,2 a frappé Haïti et que la tempête tropicale Grace se déplace sur la Jamaïque le 17 août 2021 aux Cayes, en Haïti. Photo: Richard Pierrin/Getty Images

Elles ont fui Haïti en 2010 après le tremblement de terre qui a fait près de 200 000 victimes et plus d’un demi-million de sans-logis. Cette année, Kencia-Maeva et Lourdes Esther revivent le même traumatisme, mais à des milliers de kilomètres. Le séisme qui a secoué à nouveau le pays le 14 août a rouvert des plaies toujours présentes même 11 ans après.

C’est avec impuissance et déchirement qu’elles assistent à la détresse de leurs proches et de tout un pays.

Les plaies de Kencia-Maeva et Lourdes-Esther ne se sont jamais vraiment refermées depuis leur départ précipité de leur terre natale en janvier 2010.

Le séisme qui a secoué Haïti a fait resurgir de sombres souvenirs et des images terribles à jamais gravées dans leurs mémoires.

 «La douleur est intacte. Psychologiquement c’est difficile de revivre ça. Je n’en dors plus la nuit», témoigne Kencia-Maeva.

Âgée aujourd’hui de 27 ans, il est difficile pour elle de continuer à vivre sans penser à ce qui l’a amenée à Montréal il y a une décennie.

«C’est le tremblement de terre qui nous amenés ici», mentionne-t-elle avec beaucoup d’émotion. Une partie de sa famille est restée au pays et cette secousse a fait revivre chez elle des souvenirs.

Lourdes-Esther, arrivée au Québec à l’âge de 16 ans, a aussi quitté précipitamment Haïti avec toute sa famille. Elle raconte avoir vécu ce nouveau tremblement de terre comme un énième coup de couteau dans une plaie encore non cicatrisée dit-elle.

«C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris la nouvelle. J’éprouve un sentiment d’impuissance et ça, c’est difficile», confie-t-elle.

Les séquelles psychologiques sont quotidiennes. Les premières années, elle pouvait sursauter au moindre grincement des rails du train. «J’étais terrorisée.»

«Aujourd’hui, mes papiers importants sont dans un sac pas trop loin à portée de main.»


Lourdes-Esther, résidente de Laval et immigrée au Québec en 2010 à la suite du tremblement de terre survenu en janvier 2010 en Haïti.

Sa sœur de deux ans sa cadette est traumatisée. Elle n’ose plus regarder la télé et ne veut plus évoquer ce sujet.

Solidarité

La communauté haïtienne est solidaire et très soudée reconnaissent les deux femmes. «C’est notre force et on saura se relever comme on l’a toujours fait», lance Lourdes-Esther.

Les élans de solidarité ne manquent pas et chacun contribue comme il peut à faire acheminer de l’aide au pays. Les transferts financiers sont parfois la meilleure façon pour eux d’aider rapidement les personnes sur places.

«On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Les organisations non gouvernementales (ONG), on n’y croit plus!», s’exclame Kencia-Maeva.

«Regardez la situation du pays depuis 10 ans! Rien n’a changé. Il y a beaucoup de personnes qui n’ont toujours pas de toit, affirme Lourdes-Esther. La crise politique n’arrange rien à l’affaire.»

La communauté haïtienne compte alors sur ses personnalités et autres organismes locaux pour faire acheminer les ressources de première nécessité.

«Même si cela doit prendre quelques jours pour être acheminé, au moins nous savons que ça arrivera entre de bonnes mains», précise Lourdes-Esther.

À cette heure, la Croix-Rouge canadienne a lancé un fonds de secours pour lequel la Ville de Montréal a versé 60 000$. Le gouvernement du Québec a accordé une aide d’urgence de 1,5 M$ au pays.

Des organismes comme le Regroupement des intervenants et intervenantes d’origine haïtienne (RIIOH) ont mis en place une cellule de crise à Montréal-Nord.

Le bilan du dernier séisme survenu le 14 août fait état de 1419 morts et plus de 6900 blessées. Plus de 37 000 maisons ont été détruites.

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