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Le transfert de patients en CHSLD inquiète

The nurse is talking with a patient who fell ill with a new type of coronavirus covid-19. Male nurse with protective coverall clothing in intensive care unit in hospital.
Photo: Istock/PatrikSlezak

Dénoncé par la protectrice du citoyen à la suite de la première vague de la pandémie de COVID-19, le transfert de patients hospitalisés vers les CHSLD est de retour dans la stratégie de certaines directions régionales de santé publique, dont celle des Laurentides. 

Cette nouvelle inquiète l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ), qui y voit une répétition «d’une erreur fatale» du passé. 

«Cette pratique ayant fait entrer le loup dans la bergerie lors de la première vague fut à la source de milliers de décès. Et on nous propose aujourd’hui de répéter l’expérience? Cela n’a rien de rassurant», affirme la présidente de l’AREQ, Lise Lapointe, en rappelant que près de 4000 décès liés à la COVID-19 sont survenus dans les CHSLD entre mars et juin 2020, ce qui représente près de 10% de l’ensemble des patients en CHSLD. 

Selon la présidente de l’AREQ, Québec devrait «concentrer ses efforts à freiner la détérioration actuelle dans les CHSLD qui font face au variant Omicron». Elle estime que le «transfert des patients hospitalisés vers les CHSLD ajoute un risque et un fardeau à des établissements fragiles, en manque de ressources et dont les personnes hébergées sont les plus vulnérables de notre société». 

Plus tôt cette semaine, la porte-parole du Parti québécois pour les aînés, Lorraine Richard s’est elle aussi positionnée contre le retour de cette pratique. «Les aînés ne doivent pas, encore une fois, faire les frais de la mauvaise gestion de la pandémie par le gouvernement. On se doit de leur donner les soins hospitaliers dont ils ont besoin aussi longtemps que nécessaire et de les protéger dans leurs milieux de vie», a-t-elle mentionné.

Dans la région de Montréal, le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal affirme que ses «hôpitaux transfèrent vers les CHSLD uniquement des usagers qui ont un profil pour aller en CHSLD et qui sont en attente d’un lit en CHSLD». Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal affirme pour sa part ne pas recourir à cette pratique. De son côté, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal dit «appliquer les directives du MSSS». Quand au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, il affirme avoir opté pour quatre sites non-traditionnels, dont trois sont actuellement actifs. Métro est en attente d’un retour du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, qui a accusé réception de notre demande.  

Je veux juste dire, ce n’est pas du tout la même situation dans la plupart des CHSLD actuellement par rapport à ce qu’on a vécu au printemps 2020. On calcule qu’il nous manque 1500 employés. À l’époque, on parlait de 10 000 employés. La grosse grosse différence, et je pense que ça a été un bon choix, c’est qu’on a commencé à donner la 3e dose à tous les résidents de CHSLD et de RPA. Donc, les personnes qui sont atteintes ont des effets moins importants. Quand on voit qu’il y a quelques places disponibles dans un CHSLD avec le personnel disponible et que, de l’autre côté, on a un hôpital qui est débordé, bien effectivement transférer des patients pour qu’ils aient de meilleurs services [est une pratique]. Je veux rassurer tout le monde: c’est clair qu’on ne va pas aller transférer des patients dans des CHSLD qui sont débordés, qui manquent de personnel ou qui sont en éclosion.

François Legault, premier ministre du Québec

Un rapport dévastateur

Dans son rapport sur la gestion de la pandémie dans les CHSLD lors de la première vague publié en novembre, la protectrice du citoyen, Marie Rinfret, soulignait que la mise à contribution des CHSLD pour la prise en charge de patients hospitalisés avait «affecté à la baisse leur capacité de contenir les éclosions», notamment parce que ceux-ci avaient «manqué de chambres libres pour isoler les cas positifs».

Acceptable, sous certaines conditions

Pour le médecin gériatre David Lussier, le transfert de patients en CHSLD peut être «acceptable sous certaines conditions». Dans une enfilade de tweets publiés au cours de la fin de semaine dernière, il explique que l’usage de sites non traditionnels tels que des hôtels ou des arénas convertis en hôpitaux de fortune «nécessite du personnel dédié et donc de délester d’autres activités» dans le réseau. Il insiste cependant sur l’importance du respect des mesures de prévention et de contrôle des infections, tel l’isolement à la chambre des patients, l’usage régulier de tests PCR et surtout l’utilisation d’équipement de protection individuelle adéquat pour le personnel, incluant le port du masque N95.

Des éclosions dans les CHSLD de Montréal 

La cinquième vague de COVID-19 est aussi présente dans plusieurs CHSLD de la province. Une quarantaine d’établissements se trouvent en zone rouge, ce qui signifie que plus de 25% des résidents sont des cas confirmés. De ce nombre, quatre se trouvent sur le territoire de l’île de Montréal, soit le CHSLD Robert-Cliche dans Rosemont (27 cas actifs), le CHSLD Louis-Riel dans le Sud-Ouest (28 cas actifs), le CHSLD Dorval (38 cas actifs, dont 18 dans les dernières 24 heures) et le CHSLD de LaSalle (52 cas actifs, dont 10 nouveaux dans les dernières 24 heures). 

Par ailleurs, 36 autres établissements sont en zone orange. Parmi eux, on trouve le Centre d’hébergement Yvon-Brunet (27 cas actifs), le Vigi Reine-Élizabeth (31 cas actifs), le CHSLD Providence Notre-Dame de Lourdes (16 cas actifs), le CHSLD Petite-Patrie (17 cas actifs), le Centre d’hébergement Paul-Émile-Léger (27 cas actifs), l’IUGM-PCN (31 cas actifs), l’Hôpital Sainte-Anne, volet réadaptation (13 cas actifs), le Centre d’hébergement des Seigneurs (27 cas actifs), le CHSLD Dante (21 cas actifs), le Centre d’hébergement Champlain-de-Gouin (20 cas actifs), le CHSLD Auclair (30 cas actifs), le Centre d’hébergement Armand-Lavergne (26 cas actifs) et le CHSLD Angus (10 cas actifs). 

Du côté des RPA, 46 résidences sont catégorisées en zone rouge dans la province. Seulement deux d’entre elles se trouvent à Montréal, soit la Résidence de Prince of Wales (9 cas actifs) et le Manoir Baie-d’Urfé (4 cas actifs). 

Pour ce qui est des établissements en zone orange, on en compte 36 à l’échelle de la province, dont trois dans la métropole. Ces derniers sont le Jardin de la Patrie (2 cas actifs), la Résidence Les Floralies Lachine (44 cas actifs) et le Château Pierrefonds (23 cas actifs).

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