Le décès d’un sans-abri fait rejaillir les besoins en matière d’itinérance
Lundi aux alentours de 18 h, un itinérant de 74 ans est décédé, possiblement à cause du froid, dans un campement situé dans le secteur de Notre-Dame-de-Grâce. Cette nouvelle tragédie fait encore une fois rejaillir les besoins en matière d’aide pour les sans-abri à Montréal.
Ce décès a lieu moins de deux mois après la mort d’Elisapie Pootoogook, une itinérante inuite retrouvée morte dans un chantier près du Square Cabot. Plusieurs organismes avaient alors pris le micro pour souligner des besoins urgents.
En ce début janvier 2022, la situation ne semble pas être résolue. Le manque de main-d’œuvre, la pandémie et le froid renforcent la difficulté d’opération des organismes, alors que la Mission Old Brewery lançait hier un appel pour trouver du personnel.
Manque de ressources à CDN-NDG
Le porte-parole de l’opposition officielle sur le dossier de l’itinérance, et conseiller de la Ville à Pierrefonds-Roxboro, Benoit Langevin, a réagi à la nouvelle ce matin, en soulignant le manque de ressources à Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, un manque qu’il avait déjà dénoncé au mois de décembre.
«Dans Côte-des-Neiges il y a une Halte-Chaleur qui a été mise en place, mais elle ouvre à 20 h et ferme le matin. […] un moment donné, il faut arrêter de faire des mesures bandade, puis faire face à la réalité.», a-t-il indiqué, en notant le besoin d’une ressource ouverte jour et nuit. Benoit Langevin rappelle également la distance qui sépare la Halte-Chaleur au service de dépannage alimentaire de Côte-des-Neiges, la Cafétéria communautaire MultiCaf. Les deux ressources sont situées à 4,5 km de distance, soit presque une heure de marche.
M. Langevin met en lumière un second problème, celui du stockage des biens matériels des itinérants « Malheureusement on est dans un contexte dans laquelle une personne doit se départir de ses biens si elle veut avoir accès à des ressources […] c’est un des éléments qui fait que des personnes en situation d’itinérance vont décider de rester dehors. »
La responsable de l’inclusion sociale et de l’itinérance au comité exécutif, Josefina Blanco assure ne pas avoir eu vent de cette problématique « normalement il y a une grande ouverture des différentes ressources qui sont ouvertes. »
Localiser les actions
Le porte-parole de l’opposition a soutenu la nécessité de mettre en place un plan d’action par arrondissement. Le besoin de faire des mesures plus locales avait également été mentionné en novembre dernier par le directeur de Résilience Montréal, David Chapman, alors que se tenait la cérémonie en hommage à Elisapie Pootoogook. « La plupart de la population itinérante ne se déplace pas dans Montréal, elle a besoin de solutions locales telles que des installations temporaires dans toute la ville dans lesquelles les personnes peuvent rester au chaud. »
La responsable de l’inclusion sociale et de l’itinérance au comité exécutif, Josefina Blanco, explique que l’état d’urgence déclenché le 21 décembre permet à la Ville de procéder à des actions sans passer au préalable par le gouvernement du Québec. Deux hôtels ont pu alors être réquisitionnés début janvier pour isoler les sans-abri positifs à la COVID-19, l’hôtel Chrome et l’hôtel Abri du Voyageur.
«À long terme on a besoin de logements sociaux et abordables pour les personnes vulnérables, et à court et moyen terme on doit continuer de travailler avec Québec et les organismes communautaires, pour sortir de cette logique été/hiver.», indique Josefina Blanco.
Au niveau d’un plan d’action local, l’élue explique que «les plans d’action doivent être concertés avec toutes les parties prenantes, ce n’est pas la Ville toute seule qui peut décider.»
Mme Blanco souligne également le soutien de la Ville dans la recherche de main-d’œuvre pour les organismes communautaires, et rappelle que toute personne intéressée peut s’inscrire via la plateforme JeContribue.