Montréal a perdu un nombre record de résidents en 2020-2021
Alors que plusieurs régions en dehors des grands centres ont fait des gains records de résidents entre juillet 2020 et juillet 2021, Montréal a enregistré son plus lourd déficit démographique depuis les 20 dernières années. C’est ce que révèle le portrait de la migration interrégionale en 2020-2021, le premier qui s’inscrit entièrement dans le contexte pandémique, publié aujourd’hui dans le Bulletin sociodémographique de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).
Entre le 1er juillet 2020 et le 1er juillet 2021, 232 000 personnes ont changé de région administrative de résidence au Québec, soit 19% de plus qu’au cours de l’année 2019-2020.
Ce sont les régions où se trouvent les plus grands centres, comme Montréal, qui ont toutes vu leur bilan migratoire se détériorer.
En effet, la métropole enregistre une perte nette de 48 300 personnes dans ses échanges migratoires avec les autres régions administratives en 2020-2021. Cela correspond à un déficit de 2,6% en proportion de sa population.
Il s’agit de son plus lourd déficit depuis le début de la série statistique en 2001-2002. Ses pertes tendent à augmenter depuis quelques années, mais cette tendance s’est amplifiée en 2019-2020 et de façon encore plus nette en 2020-2021.
D’autres grands centres en déficit
Montréal n’est pas le seul grand centre à perdre des résidents. La Montérégie, la Capitale-Nationale, l’Outaouais et Laval ont aussi vu leur bilan migratoire interrégional se détériorer en 2020-2021. Les trois dernières régions affichent même leur bilan le moins avantageux des 20 dernières années.
La Montérégie et la Capitale-Nationale demeurent parmi les régions gagnantes, mais avec des gains moindres, tandis que l’Outaouais a vu ses gains disparaître, une première pour la région.
Quant à Laval, elle se maintient du côté des régions déficitaires avec une perte de 0,48% par rapport à 2019-2020.
Plus forts gains dans certaines régions
En revanche, plusieurs régions ont enregistré des gains records dans leurs échanges migratoires avec les autres régions du Québec.
En effet, c’est notamment le cas de régions adjacentes à Montréal, comme les Laurentides et Lanaudière. Mais l’Estrie et la Mauricie enregistrent aussi des records. Idem pour certaines régions plus éloignées comme la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, le Bas-Saint-Laurent et le Saguenay–Lac-Saint-Jean.
C’est la région des Laurentides qui enregistre les plus forts gains, avec un ajout net de 12 700 personnes. C’est l’équivalent de 2% de sa population.
L’administration Plante et l’opposition réagissent
Dans le contexte de la pandémie, l’administration de la Ville de Montréal rappelle que l’exode n’a pas lieu qu’à Montréal, qui a été particulièrement touchée par la fermeture des frontières et l’impact de celle-ci sur les travailleurs et étudiants étrangers.
Pour encourager les ménages à rester à Montréal et préserver l’attractivité de la métropole, l’administration Plante dit miser sur les priorités des Montréalais, dont l’habitation. «Les outils que nous avons mis en place pour préserver l’abordabilité de Montréal au dernier mandat portent fruit, et nous allons encore plus loin dans ce mandat, avec la stratégie 60 000 logements abordables», affirme l’attachée de presse de la mairesse Valérie Plante, Catherine Cadotte.
De son côté, l’opposition officielle à la Ville de Montréal souligne que l’exode urbain s’accélérait déjà depuis cinq ans et donc que la pandémie n’est pas en cause.
Selon le porte-parole en matière d’habitation et conseiller de la Ville du district de Snowdon, Sonny Moroz, les impacts de cet exode sont nombreux. Il cite la perte de l’attractivité de la ville, l’étalement urbain et le développement de logements dans les banlieues au détriment de la métropole alors que cette dernière est confrontée à une crise en matière d’habitation. «L’exode urbain met à l’épreuve le poids démographique, politique et économique de Montréal», ajoute-t-il
Son parti, Ensemble Montréal, déposera une motion au prochain conseil municipal afin que l’administration de Valérie Plante entame une réflexion sur les raisons de l’accélération de l’exode urbain et sur les possibles liens avec les politiques publiques.