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La «complosphère» née dans l’extrême droite québécoise

Manifestation couvre-feu Montréal
Une manifestation en opposition au couvre-feu s'est déroulée à Montréal, le 1er janvier. Photo: Sidney Dagenais/Métro

Les discours complotistes au Québec prendraient leurs sources dans la mouvance d’extrême droite ainsi que religieuse et spirituelle, d’après un rapport du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation (CEFIR) du cégep Édouard-Montpetit publié lundi.

Intitulé Typologie des discours complotistes au Québec durant la pandémie, le rapport de recherche s’est intéressé aux discours complotistes exprimés par les principaux influenceurs des réseaux québécois pendant la pandémie. L’objectif était «d’établir un portrait sociopolitique et religieux des principales croyances complotistes». Le CEFIR a pu définir deux matrices idéologiques qui composent la «complosphère». L’une est d’extrême droite et l’autre est spirituelle et religieuse.

Deux matrices idéologiques, six types de discours

Dans la matrice dite d’extrême droite, le CEFIR réunit les discours «survivalistes», «identitaires» et «citoyens souverains». Les citoyens souverains sont caractérisés principalement par leur rejet virulent de toute autorité émanant de l’État. «Ils rejettent l’autorité de l’État, de même que le système économique, les services publics, le système juridique et les lois, qu’ils assimilent à une vaste conspiration dont ils peuvent prétendument s’extirper grâce à de soi-disant connaissances juridiques et constitutionnelles», décrit le CEFIR. Des personnages comme Stéphane Blais, Mario Roy ou François Amalega (voir photo) sont mentionnés dans cette catégorie.

Schéma représentant la typologie de la «complosphère» (CEFIR).

«En analysant les différents types de discours complotistes que nous avons répertoriés, certains pourront sans doute souligner que l’extrême gauche n’y figure pas», explique le CEFIR dans son rapport. Les constatations du CEFIR rejoindraient d’autres recherches déjà effectuées sur le sujet qui démontrent que le complotisme aurait une couleur politique d’extrême droite.

«Cela confirme nos recherches (Nadeau et al., 2021), qui soutiennent que la majorité des personnes qui sont adeptes des théories du complot au Québec évoluent dans des réseaux idéologiques d’extrême droite et que cette tendance serait mondiale (Imhoff et al. 2022)», conclut le rapport du CEFIR.

Les trois autres mouvances sont de types religieux et spirituel. Elles regroupent les discours dits du «nouvel âge», «intégriste catholique» et «fondamentaliste protestant». D’après le CEFIR, cette matrice religieuse et spirituelle est caractérisée par la primauté des lois de Dieu et/ou de la nature sur les lois humaines.

Des personnages comme Guylaine Lanctôt (alias Diesse Ghis), Amélie Paul ou Jean-Jacques Crèvecœur font partie de cette typologie. «Les adeptes des réseaux du nouvel âge se perçoivent comme des créateurs spirituels censés révéler au reste des simples mortels l’accès à la connaissance absolue de soi et de l’univers», décrit le CEFIR.

Le CEFIR constate que la forte présence des adeptes de la «complosphère» sur les réseaux sociaux, associée aux conséquences de la pandémie, a amplifié la diffusion des théories de la conspiration. «Les confinements successifs font tristement la démonstration que les professeurs ne sont pas très présents sur les médias sociaux et, surtout, qu’ils ne possèdent pas, pour la plupart, les connaissances et les outils nécessaires pour concurrencer les complotistes sur le marché des idées.»

Le travail de recherche du CEFIR va se poursuivre dans les prochains mois pour proposer une version plus étoffée de cette recherche et ainsi aborder les aspects psychosociaux dans la deuxième phase de ce projet. Une phase de recherche basée sur des entretiens avec des individus qui croient aux théories du complot est prévue.

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