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Fraude au déneigement dans Rosemont

Le déneigeur aurait sévi à au moins deux reprises.
Photo: iStock

L’an dernier, à presque pareille date, Marie-Pierre Turbide et une collègue ont octroyé à un déneigeur un contrat afin qu’il déblaie les escaliers et le stationnement de leur entreprise située dans Hochelaga-Maisonneuve. S’il apparaissait en tous points professionnel, il s’est toutefois volatilisé après avoir signé un contrat et accepté un paiement par chèque de 750 $.

Que ce soit par téléphone ou par courriel, il était devenu impossible de le joindre. Après que les deux femmes ont tenté quelques recours, il est vite devenu évident qu’il serait quasiment impossible pour elles de récupérer leur investissement. Elles ont été surprises lorsqu’elles sont tombées il y a quelques semaines sur une publication Facebook d’un groupe de Rosemont dénonçant une autre fraude du déneigeur. Encore une fois, celui-ci n’a plus donné signe de vie après avoir signé un contrat et accepté un chèque d’environ 800 $.

«Quand un groupe de propriétaires a publié sur Facebook cette histoire, j’ai vu le nom et je me suis dit que ça pouvait être le même que nous, raconte Mme Turbide. Je suis retournée voir dans mes courriels. J’ai retrouvé le contrat et les échanges avec ma collègue et c’était lui.»

La collègue de Mme Turbide a rencontré une personne qui s’est décrite comme étant l’associée du déneigeur afin de lui remettre le paiement en personne. «Si ça se trouve, c’était lui, mais je ne le savais pas, comme le seul échange que j’avais eu avec lui était par texto. Il n’y avait pas de photo dans son annonce», précise-t-elle, ajoutant qu’il a probablement été capté par les caméras de surveillance de l’entreprise.

L’associé a été payé par chèque. «Par la suite, on a appelé notre institution bancaire pour savoir ce qu’on pouvait faire avec ce chèque qui avait été remis, raconte Mme Turbide. Ils nous ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire, ni nous remettre de l’information sur le destinataire, ni l’annuler. La seule façon de retrouver notre argent était de faire une plainte aux petites créances, selon eux.»

D’après un relevé de compte que Métro a eu l’occasion de consulter, le chèque a été encaissé le 5 novembre 2020. Le contrat signé avec le déneigeur stipulait que celui-ci devait déneiger les deux entrées et le stationnement de l’entreprise pour laquelle travaillent Mme Turbide et sa collègue. L’entente était valide du 1er novembre 2020 au 15 avril 2021.

Le contrat signé par Mme Turbide et sa collègue.

Un processus complexe

«Je suis allée au commissariat, et on m’a dit que les déneigements frauduleux, c’était un peu comme les vols de vélo l’été, se souvient la collègue de Mme Turbide. Le policier m’a remis un formulaire à remplir et m’a dit que si ça allait plus loin, ça irait à la Division des petites créances.»

Elle souligne toutefois que, en général, dans ce genre de cas, les sommes encourues pour ce type de démarche équivalent somme toute à celles volées. «Le policier ne considérait pas qu’on pouvait porter plainte pour fraude, précise Mme Turbide. Il voyait plutôt ça comme une mésentente entre nous et le déneigeur, et que ça nous revenait de le poursuivre. Mais c’est sûr que je ne perdrais pas mon temps pour 750 $.»

Un membre du groupe de voisins floués par le déneigeur n’a pas eu davantage de succès dans ses démarches. «Ce que la police nous a dit, c’est que nous devions prouver la fraude, l’intention de supercherie. Sinon c’est une cause civile de services non rendus», explique-t-il, ajoutant qu’il possède une photo de sa carte d’assurance maladie ainsi que son adresse et ses numéros, qui se sont révélés être faux.

«J’ai poussé plus loin en disant que s’ils cherchaient avec la carte et que l’individu n’est pas propriétaire d’équipement de déneigement, la fraude se prouve d’elle-même.»

Il précise que ses voisins et lui n’ont plus vraiment espoir de récupérer les 800 $ qu’ils avaient investis, mais qu’ils souhaiteraient surtout «protéger d’éventuelles victimes».

Du côté du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), on précise que les fraudes liées au déneigement «ne sont pas, de manière générale, rapportées en grand nombre». «Cela étant dit, le SPVM prend les cas de fraude au sérieux et invite toute personne – morale ou physique – qui estime en être victime à nous les signaler», souligne la chargée de communication Anik de Repentigny.

Pour Mme Turbide et sa collègue, une crainte demeure tout de même quant à l’éventualité de se faire frauder à nouveau. «Il faut aussi rembourser ce montant. C’est compliqué de trouver quelqu’un de confiance, ça nous a refroidies. La prochaine fois, on demandera des références», indiquent-elles.

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