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Racisme systémique: les nouvelles caméras de surveillance pointées du doigt

caméra surveillance RDP SPVM
Ces six derniers mois, le SPVM a installé près de 18 nouvelles caméras de surveillance sur son territoire. Photo: Yohann Goyat / Métro

Dans la lutte à la violence par armes à feu, l’ajout d’une vingtaine de nouvelles caméras de surveillance sur le territoire du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) soulève bien des questions. Des intervenants du nord-est de l’île de Montréal croient que ces nouveaux dispositifs de surveillance sont une atteinte aux communautés noires et ne règlent en aucun cas le problème.

Pierreson Vaval, directeur de l’organisme jeunesse Équipe RDP à Rivière-des-Prairies, fustige ces nouvelles caméras et parle ouvertement de racisme systémique.

«Ces caméras sont un symbole du racisme systémique. Au lieu d’aider et de jouer un rôle de prévention, le SPVM surveille. C’est la définition même de ces caméras», s’indigne le directeur, qui est impliqué depuis de très longues années dans la prévention de la violence chez les jeunes de son quartier.

La sécurité publique ne passe pas par les caméras et la sur-surveillance des populations!

Lynda Khelil, porte-parole de la Ligue des droits et libertés (LDL)

En octobre dernier, la Ligue des droits et libertés (LDL) montait déjà au front en dénonçant publiquement l’installation des neuf nouvelles caméras de surveillance, parlant d’atteinte au droit à la vie privée et à l’égalité.

«Le profilage racial et social est une problématique systémique à Montréal qui perdure depuis plusieurs dizaines d’années. La solution contre la violence armée ne doit pas passer par plus de profilage et de surveillance des populations», déclarait alors Lynda Khelil, porte-parole de la LDL.

Selon M. Vaval, il y a une «sous-dotation scandaleuse» de mesures et de l’aide. Il déclare dans la foulée que «ces nouveaux moyens de surveillance sont une manière de rendre observable, par la majeure partie de la population, que des mesures sont prises pour protéger les citoyens».

Une communauté pointée du doigt

L’emplacement des 18 nouvelles caméras sur le territoire du SPVM est stratégique, déclare Ted Rutland, professeur agrégé à l’Université Concordia.

«Elles sont toutes pointées vers des populations bien spécifiques. C’est une sorte d’injustice sociale et de discrimination», commente-t-il.

Contacté par Métro, le SPVM défend l’utilisation et l’installation de ces caméras en soulignant l’intérêt de ces dernières dans la lutte à la criminalité.

18

Le nombre total de caméras ajoutées en six mois

«L’objectif est de renforcer le sentiment de sécurité des gens qui habitent, transitent ou fréquentent des secteurs aux prises avec une hausse des crimes de violence, notamment ceux impliquant des armes à feu», fait savoir le service des communications.

Malgré tout, Pierreson Vaval pense que cela stigmatise toujours plus la communauté noire. «Cela met plus de pression sur ces communautés qui se sentent déjà pointées du doigt. Nous sommes tannés de cette répression», clame-t-il.

Un mauvais investissement?

À Rivière-des-Prairies, deux nouvelles caméras ont fait leur apparition dans le quartier ces derniers mois. À Montréal-Nord et à Saint-Léonard, le nombre total par arrondissement s’élève à trois.

Selon plusieurs organismes communautaires, si ces investissements sont d’une part «discriminatoires», les caméras de surveillance ne règlent pas non plus la question de la violence dans ces quartiers.

On perpétue le problème, car on ne veut pas regarder ce qui se passe réellement. La police veut surveiller, ces caméras ne servent en aucun cas à la prévention.

Pierreson Vaval, directeur de l’organisme Équipe RDP à Rivière-des-Prairies

Beverley Jacques, directeur de DOD Basketball à Saint-Léonard et membre de la Coalition Pozé, relate que les jeunes n’ont que faire des caméras. «Elles ne les empêchent pas de vivre et ils continuent même à commettre des délits», dit-il.

Selon lui, le SPVM tente à sa manière de faire de la prévention, mais ces caméras ne sont pas la solution.

«La police doit changer ses pratiques et être plus proche des communautés», pense de son côté Pierreson Vaval.

«Le SPVM ne peut justifier son travail de prévention avec l’installation de caméras, ajoute quant à lui Ted Rutland. Leur installation massive soulève un problème social et un gros manque d’investissement financier et humain dans la vie de ces jeunes de quartier.»

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