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Un refuge pour autochtones menacé de fermer après quelques mois

L'Hôtel des Arts, sur la rue Saint-Dominique. / Josie Desmarais/Métro Photo: Josie Desmarais

Installé à l’Hôtel des Arts depuis fin janvier, le refuge géré par Projets autochtones du Québec (PAQ) craint de devoir déjà fermer ses portes à la fin août. Face aux coûts importants de location de l’hôtel, une des possibilités serait l’acquisition de l’immeuble par la Ville de Montréal.

La directrice générale de PAQ, Heather Johnston, explique être actuellement en négociation pour pouvoir rester jusqu’au 31 août.

«Le coût de location de l’hôtel est excessif. Je ne pense pas que ce soit une solution à long terme», dit-elle. «La Ville devrait explorer la possibilité d’acheter ce bâtiment et de mettre ça à la disposition de la population autochtone en situation d’itinérance de façon permanente.»

Selon Heather Johnston, le refuge est «plein à craquer» chaque soir en accueillant près de 50 personnes. Elle ajoute qu’il «sera difficile de trouver un endroit qui remplira tous les critères de l’emplacement actuel».

La réalité, c’est qu’au centre-ville, il y a quoi d’autre qui va répondre aux besoins si ce n’est pas un hôtel commercial?

Heather Johnston, directrice générale de PAQ

Pérenniser l’offre de services

De son côté, la Ville de Montréal ne s’est pas exprimée sur une potentielle acquisition de l’immeuble. Elle explique qu’elle analyse «toutes les options pertinentes» pour faciliter sa pérennisation.

«Cette offre à haut seuil d’accessibilité est essentielle dans les services en itinérance et répond aux besoins identifiés depuis longtemps dans le secteur. […] Nous souhaitons évidemment que ce refuge demeure ouvert aussi longtemps que nécessaire», a déclaré la Ville dans un échange avec Métro.

Pour l’opposition officielle à l’hôtel de ville, il est temps que l’administration Plante cible des espaces pour stabiliser les ressources en matière d’itinérance.

«Comment se fait-il qu’on a ouvert un refuge au coin de Milton-Parc, qu’on essaye de trouver une alternative durant la pandémie, une alternative temporaire encore une fois?», a demandé le porte-parole du parti Ensemble Montréal en matière d’itinérance et de réconciliation autochtone, Benoit Langevin.

«Est-ce qu’on peut planifier au lieu de dire que c’est la responsabilité de Québec? […] L’itinérance, c’est une responsabilité partagée. On n’a jamais vu rien d’aussi instable que l’offre qu’il y a eu au niveau des personnes en situation d’itinérance dans les derniers deux ans», a dit M. Langevin.

Les fonds qui servent au financement de l’hôtel viennent pour le moment du gouvernement provincial. À l’automne dernier, Québec avait annoncé un investissement de 280 M$ sur cinq ans pour contrer l’itinérance.

Des locaux pourtant idéals

La directrice générale de PAQ, Heather Johnston, s’est dite «hautement satisfaite» des locaux actuels de l’Hôtel des Arts. Le nouveau refuge permet d’accueillir à «haut seuil d’acceptabilité» les personnes autochtones en situation d’itinérance, et ce, 24h/24, 7j/7. Un haut seuil d’acceptabilité signifie que les personnes intoxiquées ou présentant des besoins particuliers ne sont pas nécessairement refusées.

L’ancien refuge situé au complexe Guy-Favreau se trouvait dans un sous-sol sans fenêtres et offrait ses services uniquement la nuit. L’immeuble actuel offre quant à lui plus d’intimité aux bénéficiaires avec des chambres individuelles.

Différents services, comme une salle de divertissement, y sont aussi disponibles. L’emplacement a aussi permis l’installation d’une tente chauffée où les bénéficiaires peuvent consommer de l’alcool.

Il n’y a pas que des aspects positifs. Des trafiquants de drogue ont ciblé la clientèle du refuge, causant des problèmes de dépendance et d’importantes craintes parmi les employés. N’empêche, depuis le déménagement, la directrice du refuge a pu constater des changements positifs pour une partie des bénéficiaires.

«On a remarqué une grande amélioration dans le bien-être de beaucoup de gens qui utilisent le refuge, explique Heather Johnston. On a vu des gens plus stables. Ils sont là pendant le jour et ça nous permet de travailler sur des objectifs à moyen ou long terme. […] Il y a aussi un sentiment d’être revalorisé.»

Le refuge de Projets autochtones du Québec, situé non loin du quartier Milton-Parc, a permis de répondre à un besoin important de ce secteur. De nombreux Autochtones en situation d’itinérance fréquentent le quartier, et les élus du Plateau-Mont-Royal sont régulièrement questionnés à ce sujet.

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