Les centres d’éducation populaire de Montréal déçus de leur rencontre avec le ministre Roberge
L’alliance des centres d’éducation populaire de Montréal (InterCEP) a remis cette semaine au ministre de l’Éducation Jean-François Roberge les signatures récoltées lors d’une campagne réclamant une aide financière pour assurer leur survie.
Lancée en septembre dernier, la campagne intitulée «Ça coûte pas cher et ça change le monde» a récolté plus de 5000 signatures au total.
Les citoyens signataires ont mis stylos sur feuille pour interpeller le ministre Roberge et le gouvernement à agir afin de sauver les six centres d’éducation populaire de Montréal (CEP).
Contraints de signer des baux de plusieurs dizaines de milliers de dollars en 2017 sous peine de devoir quitter leurs locaux en 2018, les six CEP avaient établi une entente avec le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) – alors la Commission scolaire de Montréal (CSDM) – et le ministère de l’Éducation.
Cette entente garantissait des fonds pour la rénovation des immeubles, mais imposait le paiement de loyer à partir du 1er juillet 2022. Des sommes trop importantes à assumer pour ces établissements à vocation communautaire.
Se battre pour rester en vie
«Après plus d’une décennie de lutte pour notre survie, on est désormais dans l’urgence», a déclaré Nicolas Delisle-l’Heureux, lors d’un point de presse tenu dans le Salon bleu de l’Assemblée nationale, à la suite de la rencontre avec le ministre Roberge.
«En 2017, nous avons été forcés de signer un bail sous peine d’expulsion immédiate et chaque année depuis, nous devons lutter pour pouvoir payer l’électricité et notre eau chaude. C’est absurde!»
On est des dizaines de personnes qui travaillent dans les CEP à mobiliser des personnes pour assurer notre survie. Comment peut-on remplir notre mission d’éducation populaire et d’organisme communautaire si on doit se battre constamment pour rester en vie ?
Nicolas Delisle-l’Heureux, porte-parole d’InterCEP.
Cœur des communautés locales
Le député d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, également présent pour appuyer la démarche au côté du député libéral de Viau Frantz Benjamin, a reconnu l’impact des CEP et a demandé au ministre Roberge de «les sauver du gouffre» en leur offrant un financement durable pour assurer leur pérennité.
«Les centres d’éducation populaire font un travail dont on ne peut pas se passer. Ce sont des milieux de vie essentiels pour nos communautés, a-t-il affirmé. Si le ministre Roberge refuse de les financer adéquatement, c’est leur arrêt de mort qui est signé.»
Interrogée par Métro, la codirectrice du comité social Centre-Sud, Marie-Josée Desrochers, s’est dite déçue de la rencontre avec le ministre Roberge, qui n’aurait pris «aucun engagement concret».
La porte-parole d’InterCEP a également tenu à rappeler les impacts qu’aurait la fermeture des centres d’éducations sur leur communauté.
«Oui, dans nos six établissements, il y a les CEP, mais on loge aussi de nombreux autres organismes communautaires dans nos locaux. C’est aussi un lieu où les populations vulnérables viennent briser leur isolement, viennent apprendre, rencontrer des gens, se nourrir. Tout cela est voué à disparaître si le gouvernement ne fait rien.»
Je participe depuis plus de 20 ans à des ateliers de philosophie, d’art et d’écriture. Mon CEP me permettait de sortir de la solitude et du froid quand je sortais du dortoir pour itinérants. C’est aussi un endroit où je peux être accueilli avec chaleur et empathie, et où je peux partager des moments humains avec des gens qui me comprennent.
Guy Plante, utilisateur du CEP du comité social Centre-Sud.
Qu’est ce qu’un centre d’éducation populaire ?
Les CEP permettent aux citoyens de s’inscrire à des formations non formelles, ainsi que d’entreprendre des démarches d’éducation et d’insertion sociale afin d’améliorer leur qualité de vie.
Ces établissements communautaires offrent également des services d’alphabétisation, de formation informatique, de formation continue, de réinsertion, d’alimentation, de consultation juridique, de halte-garderie, de soutien aux immigrants, de langues, ainsi que d’autres activités d’ordres social, artistique et culturel aux communautés de leurs secteurs.