L’est de Montréal veut sa part de marché en récréotourisme
L’est de Montréal ne reçoit pas sa juste part des retombées économiques reliées à l’industrie du tourisme. C’est ce qui ressort du rapport Le devenir récréotouristique de l’est de Montréal présenté lors d’un événement organisé le 16 juin par la Chambre de commerce du secteur.
Le rapport estime que 15% des clientèles touristiques de l’île de Montréal – sur 11 millions – ont fait un séjour dans l’Est en 2019. Malgré cela, seulement 3% à 4% des dépenses touristiques totales de la métropole se seraient faites sur ce territoire. Cela représente entre 150 et 200 M$ sur les 4,8 G$ engendrés par les dépenses touristiques à Montréal en 2019, selon les estimations présentées dans le rapport.
L’auteur de ce dernier, Pierre Bellerose, propose donc d’accroître la part de marché des dépenses touristiques de l’est de Montréal grâce à dix recommandations. La cible: que l’Est génère 10% des dépenses touristiques de la métropole d’ici 2030.
Une autre chambre d’hôtel
Parmi ses recommandations, l’ancien vice-président, relations publiques, accueil, recherche et développement du produit chez Tourisme Montréal Pierre Bellerose suggère qu’une stratégie hébergement/hôtels et commerces soit établie afin de permettre de diversifier l’offre commerciale et d’augmenter les dépenses moyennes et la durée des séjours.
En effet, sur les 19 286 chambres d’hôtel de l’Association des hôtels du grand Montréal, seulement 519 se trouvent à l’est de la rue Papineau, soit 2,7%. Le rapport ajoute que le nombre de chambres hôtelières dans l’est de Montréal est resté le même au cours de 15 dernières années, tandis qu’il a connu une forte croissance ailleurs sur l’île.
Il faut que les touristes puissent passer une nuit dans l’Est.
Le président-directeur général de Tourisme Montréal, Yves Lalumière, en réaction au rapport
Une offre plus grande en hébergement permettrait ainsi que davantage de promoteurs récréotouristiques envisagent de faire leurs projets dans l’Est, renchérit le président-directeur général de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM), Jean-Denis Charest, en entrevue avec Métro.
«Réflexe Est»
Pierre Bellerose souhaite également que les critères des programmes d’aide gouvernementaux en tourisme et culture soient adaptés pour l’Est, «car plusieurs d’entre eux resserrent leurs critères lorsque les projets sont situés à Montréal nuisant ainsi aux promoteurs de l’est», peut-on lire dans le rapport.
Ce fut d’ailleurs le cas récemment concernant un programme pour appuyer la construction, la rénovation et la mise à niveau d’établissements hôteliers. Si des projets de nouveaux établissements hôteliers sont aussi admissibles, ils le sont seulement dans les régions touristiques «en déficit d’unités d’hébergement», ce qui n’inclut pas Montréal, déplore Jean-Denis Charest.
Dans un même ordre d’idée, le rapport propose que les organisations montréalaises en tourisme et culture se dotent d’un «réflexe Est» en incluant, dans leurs réflexions stratégiques en tourisme et culture, un chapitre distinct sur les enjeux de l’est de Montréal.
Un statut particulier?
Allant dans le même sens que Pierre Bellerose, Jean-Denis Charest affirme qu’il faut «reconnaître dans les programmes qu’on fait qu’il y a une spécificité à l’est de Papineau et donc, de permettre à ce secteur d’avoir accès aux programmes d’accélération en récréotourisme». Est-ce que cela signifie que l’est de Montréal devrait avoir un statut particulier, à l’instar de la métropole?
«Il faudrait regarder comment ça peut se matérialiser, mais clairement, ça fait partie d’une des actions qui peuvent être posées», dit-il.
Dans ses recommandations, Pierre Bellerose demande également qu’un fonds de relance/de démarrage récréotouristique de l’est de Montréal de 15 M$ sur trois ans soit créé.