La STM accusée de censure
Une publicité dénonçant les tarifs de la nouvelle refonte tarifaire aurait été censurée par la Société de transport de Montréal (STM), parce qu’elle «dénigrait le transport en commun».
L’Association pour le transport collectif de la Rive-Sud (ATCRS), un organisme faisant la promotion du transport en commun, entend contester devant les tribunaux la décision de la STM de ne pas publier son annonce dans le métro, qu’elle qualifie de «censure».
La publicité au cœur du litige dénonce l’écart, creusé par la récente refonte tarifaire de l’ARTM, entre le tarif unitaire d’un aller simple sur la Rive-Sud (5,25 $) et à Montréal (3,50$). Elle affiche «Longueuil : 5,25$; Montréal : 3,50$. Logique? Pas pour nous. Dénonçons la hausse imposée par l’ARTM».
L’organisme aurait entrepris des démarches afin d’afficher la publicité à la station de métro Longueuil–Université-de-Sherbrooke, mais cette demande aurait été rejetée au motif que la publicité «dénigre le transport en commun», selon une mise en demeure adressée à la STM le 30 juin.
«Or, cette annonce, loin de dénigrer le transport en commun, vise à le favoriser; elle dénonce une décision qui nuit à l’accessibilité financière du transport en commun à Longueuil», peut-on aussi y lire.
Le porte-parole et membre fondateur de l’ATCRS, Axel Fournier, a dénoncé l’ironie qu’une entreprise affichant des publicités issues d’une campagne de la CAQ dans laquelle une publicité se réjouit de la réduction du prix des permis de conduire puisse en même temps bannir la publicité d’une organisation visant à promouvoir le transport en commun.
«[La STM] doit comprendre qu’elle n’a pas le plein contrôle sur l’affichage [à ses stations]. Elle doit accepter un certain degré de débat politique», a-t-il fait entendre, en entrevue avec Métro.
La STM ne peut ignorer que la liberté d’affichage politique est garantie par la Charte canadiennes des droits et libertés et par la Charte des droits et libertés de la personne.
Extrait de la mise en demeure de l’ATCRS adressée à la STM
Ce n’est pas la première fois que la STM défraie la manchette pour ses publicités. En septembre 2021, une publicité d’une église chrétienne indiquant «Jésus t’aime» affichée sur ses autobus avait suscité de vives réactions. Le transporteur public avait alors défendu la décision d’afficher la publicité puisque ce droit est protégé par la Charte canadienne des droits et libertés.
La société Transgesco, qui est commanditée par la STM pour gérer l’affichage dans les stations, a accepté que certaines publicités plus édulcorées de l’ATCRS soient affichées dans la station Longueuil-Université-de-Sherbrooke, un compromis qui ne satisfait pas l’ATCRS.
L’affaire étant actuellement judiciarisée, la STM n’a pas souhaité la commenter.