Enfilez vos tuques et mitaines, l’hiver en classe arrive
Le mercure descend, l’hiver est à nos portes. Cette année, ce n’est pas un simple cocktail météo qui laisse présager l’arrivée de cette saison froide, mais bien un «cocktail épicé» de virus respiratoires. Et comme la grippe, le débat sur la ventilation dans les écoles refait surface l’hiver. Trop peu trop tard, diront certains professeurs qui devront ouvrir les fenêtres de leur classe et voir leurs élèves enfiler leur manteau.
Actuellement, la majorité des écoles québécoises doivent composer avec l’absence de ventilation mécanique dans les classes. Les enseignants sont donc contraints d’ouvrir les fenêtres, même par temps froid, pour permettre la circulation d’air et réduire la transmission par aérosol de virus respiratoires entre élèves.
Une solution boiteuse à un problème récurrent, selon la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). «Ça fait deux ans qu’on tape sur le clou.»
«Ne venez pas me redire qu’on ouvre les fenêtres et qu’on change l’air», prévient la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), Josée Scalabrini. Celle-ci exige plutôt que le gouvernement du Québec élabore un plan sur la qualité de l’air dans les écoles pour assurer la santé respiratoire des élèves et mettre fin au problème.
Une situation déplorable
L’année dernière, le gouvernement du Québec avait annoncé l’installation de 90 000 lecteurs de dioxyde de carbone dans les classes pour évaluer la qualité de l’air et réduire les risques de transmission de la COVID-19.
«Qu’est-ce qu’on fait à partir du moment où on découvre que l’air est vicié?, s’interroge la présidente de la FSE. Ce n’est pas normal qu’on demande aux élèves de mettre des tuques et des mitaines en classe parce qu’on décide d’aérer. Oui, il y en a qui ont sorti leur manteau l’hiver passé.»
Invité à réagir à ce sujet, le cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a déclaré par courriel que «les interventions posées par les enseignants sous recommandation du ministère, dont l’ouverture des fenêtres, ne doivent pas engendrer ce type de situation que nous déplorons. Il importe de maintenir un équilibre afin d’assurer une bonne température ambiante.»
Et s’il n’y a pas de fenêtres dans les classes, comme c’est le cas dans plusieurs écoles au Québec? «Différentes actions peuvent être posées dont l’installation d’échangeurs d’air, l’installation de systèmes de ventilation ou l’ajout de fenêtres. Nous mettons à la disposition des organismes scolaires les sommes nécessaires afin d’accomplir les travaux nécessaires», a-t-il souligné.
Le port du masque
En conférence de presse, la Santé publique a annoncé la semaine dernière que le port du masque n’était plus obligatoire, mais recommandé dans les lieux publics achalandés, à l’exception des écoles et garderies, étant donné la difficulté liée à l’application de cette mesure auprès de ce groupe, une explication avare en détails, selon la FSE.
«Depuis qu’on a commencé à vivre avec la COVID, chaque fois qu’il y a eu les plus grandes vagues, c’est quand il y avait des retours à l’école, que ce soit à l’automne, au retour des Fêtes, de la semaine de relâche. Les enseignants disent: “Nous, on ne comprend pas.” Ce n’est pas qu’on veut d’un masque, mais on dit que quand vous prenez des recommandations comme ça, pourquoi on ne nous explique pas les choses. Et les parents, à qui ils vont poser les questions? Aux enseignants», soutient Josée Scalabrini.
Autre irritant: l’exception à l’exception. Comme l’a précisé en point de presse le directeur national de la santé publique, le Dr Luc Boileau, si un élève a de la fièvre et est malade, il doit être confiné à la maison. Une fois l’enfant rétabli, la Santé publique recommande, dans ce cas précis, que celui-ci porte le masque en classe le temps que les symptômes s’estompent.
La FSE voit dans cette recommandation une absence de balises qui pourrait entraîner une application disparate de la consigne d’école en école. La fédération rapporte que certains établissements scolaires demandent à l’ensemble des élèves d’une classe de porter le masque lorsqu’un cas y est répertorié, alors que dans d’autres écoles, seuls les enfants infectés doivent se protéger.
«Comme les balises ne sont pas les mêmes partout, chaque milieu se fait présentement des règles. Ça devient compliqué.»
Quelques chiffres…
400 M$ : Le montant qu’aurait investi en deux ans le gouvernement du Québec en travaux d’entretien, d’optimisation et en ajout d’équipements afin d’assurer la bonne qualité de l’air dans les écoles.
225 M$ : L’investissement additionnel alloué pour l’année en cours.
35 000 : Le nombre de salles de classe dans lesquelles des travaux ont eu lieu.