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Débuts difficiles pour des policiers noirs au SPVM

Photo: Jean Numa Goudou - Métro

Ils ont entre 10 à 30 ans d’expérience dans la fonction policière à Montréal et ont été marqués, au fer rouge, par des faits au cours de leur carrière qu’ils n’oublieront jamais. Il y a une trentaine d’années, être Noir au sein du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n’était pas aussi simple, racontent ces policiers qui ont gravi des échelons.

Plusieurs policiers ont témoigné de leur début dans le métier dans le cadre d’une activité du Réseau des employés noirs et afros descendants (RENA) du SPVM. Voici leur histoire.

Mépris et jugement

Edvard Michel Casséus est aujourd’hui commandant. Dans les années 90, il est ingénieur civil et travaille en tant que tel, à Montréal. Mais, le métier de policier le passionne et décide d’y accéder par l’entremise du programme conventionnel, en 1995.

Le commandant Edvard Michel Casséus

Je me souviens, dit-il, lorsque je patrouillais, les gens se tournaient la tête et disaient : un Noir au volant de l’autopatrouille! Il n’est pas assis en arrière!

Edvard Michel Casséus, commandant de police au SPVM

Il prenait tout cela avec stoïcisme et continuait à faire son travail. Mais ce qui l’a le plus marqué a été lorsqu’il répondait à des appels et qu’il arrivait devant la porte et s’identifiait comme policier et qu’on lui disait : «hein! Je ne te crois pas.»

Racisme et insultes

Un autre commandant du SVPM, Patrice Vilcius, policier depuis 28 ans, s’est fait signaler au service d’urgence de la police lors d’une intervention. Au cours de sa première année, M. Vilcius  a eu l’agréable occasion, dit-il, de patrouiller avec un de ses rares collègues noirs comme lui à l’époque, à Mont-Royal. Les deux policiers noirs répondaient à un appel dans une maison.

Le commandant Patrice Vilcius, au mitan, en blanc

À notre arrivée, voyant qu’on était noir, la résidente appelle le 911 en disant: il y a deux jeunes noirs déguisés en policier devant ma porte

Patrice Vilcius, commandant au SPVM

Les policiers ont dû fournir leur matricule, s’identifier au 911 qui a discuté avec la dame afin de les laisser effectuer leur travail. Patrice Vilcius a été agent d’infiltration avant de superviser cette section, a travaillé au sein de l’escouade antigang de rue, à la planification opérationnelle,  à l’escouade Eclipse, entre autres.

Questions blessantes

Un autre commandant, policier depuis près de trente ans également, Daki Thermidor s’est déjà fait demander «si on prenait n’importe qui maintenant au sein de la police». Alors qu’il était infiltré et prenait en filature un suspect, l’agent Thermidor s’embusque avec son véhicule pas loin d’une résidence. La propriétaire sort de sa maison plusieurs fois pour vérifier qui c’est.

Daki Thermidor dit avoir la certitude que la dame allait griller sa couverture et est allé lui expliquer qu’il était policier et qu’il travaillait sur une affaire. Et c’est alors qu’elle lui a sorti : «maintenant, on prend n’importe qui?»

Daki Thermidor

Relation de confiance

Ogino Yacinthe est policier depuis 22 ans. Il est actuellement sergent à la section support d’intervention spécialisée et instructeur à l’École nationale de police à Nicolet.

C’est sa rencontre avec Édouard Anglade, le premier policier noir du SPVM qui l’a inspiré dans un premier temps. Et l’attitude professionnelle d’un autre policier blanc l’a convaincu de rentrer dans la police.

Au début des années 90, il est un jeune noir du quartier Saint-Michel, à Montréal. Avec un cousin, il roulait dans une «minoune» lorsque cette dernière est tombée en panne en plein boulevard Saint-Michel au coin de Champ-Doré. Il voit arriver une patrouille.

L’instructeur Ogino Yacinthe

Mon cousin et moi, on s’est regardé avec nos préjugés de l’époque et on s’est dit : ouais, il va nous tapisser de tickets. Parce qu’il y avait beaucoup de tensions entre les Noirs et la police à l’époque.

Ogino Yacinthe, instructeur à l’école nationale de police, à Nicolet

«Mais, il nous a aidés à mettre le véhicule sur le bord de la route.  J’ai été surpris de son attitude professionnelle, c’était de la bienveillance et il a confirmé aussi mon choix», ajoute le policier d’expérience.

Selon Ogino Yacinthe, les jeunes noirs ne devraient pas hésiter à rejoindre les rangs de la police.

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