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Nouveau campement d’itinérants sur l’avenue du Parc, une situation «inquiétante»

Un campement itinérant sur la rue Parc.
Un campement itinérant sur la rue Parc. Photo: Métro

Alors que la saison chaude vient à peine de débuter à Montréal, des campements d’itinérants se dressent déjà dans des endroits inusités de la métropole. Trois tentes, entre autres, sont apparues en début de semaine au coin des avenues du Parc et des Pins. Sans se prononcer sur ce campement spécifiquement, la directrice du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Annie Savage, s’avoue inquiète, mais pas surprise.

C’est inquiétant c’est sur. Il n’y a personne qui se dit: « ah quelle belle qualité de vie que de vivre entre deux artères ».

Annie Savage, directrice du RAPSIM.

La directrice du RAPSIM qualifie la naissance des campements d’un «symptôme du manque de réponse adaptée». Elle craint et critique le «démantèlement systématique» opéré par la Ville en vertu de ses règlements quand vient le temps de gérer ce phénomène. «Tout ce qu’on fait, c’est mettre à risque les personnes», dit-elle, puisqu’ils se reculent dans des secteurs plus cachés et isolés, loin de leurs réseaux et des travailleurs de rues.

L’organisme a officialisé sa posture en lien avec les campements lors du démantèlement du campement Notre-Dame en 2020, qui a marqué l’imaginaire des Montréalais et Montréalaises. «Si on est mal à l’aise de voir des gens vivre en campement, il faut investir. On ne peut pas se dire que comme on ne voit plus de tentes, il n’y a plus de problème», dit Mme Savage.

«Ce n’est pas nouveau, dit-elle, il y a plusieurs campements partout». Rien de neuf sous le soleil, donc. Le RAPSIM est le regroupement montréalais en itinérance en plus d’être la plus importante concertation régionale en itinérance au Québec. Plusieurs membres de ce regroupement pratiquent le travail de rues pour venir en aide aux personnes sans domicile directement sur le terrain.

Métro n’a pas pu s’entretenir avec les habitants du campement, mais tout indique qu’il s’agit d’un campement itinérant.

Le rôle de la Ville et des interventions policières

Selon une personne travaillant sur un chantier non loin du campement au coin des avenues du Parc et des Pins, qui a demandé à rester anonyme, «la police est passée au courant de la semaine pour parler avec les personnes» habitant dans les tentes. Une seule d’entre elles était sur les lieux.

Lorsque l’apparition d’une tente est signalée au service de police, «une évaluation est faite afin de déterminer s’il y a un risque imminent (incendie, circulation, criminalité). Si c’est le cas, la Ville de Montréal doit intervenir pour la sécurité de tous et toutes», a indiqué la responsable aux communications du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Caroline Labelle.

Celle-ci rappelle que la position du SPVM n’est pas décisionnelle dans le cas des campements urbains. Du côté de a Ville, on affirme agir au cas par cas pour déterminer le type d’action à privilégier.

Lorsqu’un campement est jugé non-sécuritaire, «les personnes sont informée qu’elle ne peuvent pas rester», indiquent les responsable au communication de la Ville. Ces personnes seraient ensuite redirigées vers les ressources disponibles.

Quant à ces ressources, la Ville renvoie la balle dans le camps du ministère de la Santé et des Servies sociaux. Dans le secteur concerné par le nouveau campement, celui-ci a ouvert un refuge à même l’Hôtel-Dieu, en 2011, fait savoir la Ville de Montréal.

Le Plateau-Mont-Royal et la Ville-Centre ont augmenté initiatives et les soutiens financiers aux organismes qui œuvrent auprès des personnes en situation d’itinérance. «Une brigade de travailleurs de proximité a notamment été mise en place dans le secteur de l’Hôtel-Dieu avec l’organisme Plein Milieu», rappelle la Ville.

Le corps policier agit «en soutien» quand vient le temps d’appliquer les règlements, explique-t-elle. Avant de démanteler les campements, ils attendent donc de recevoir une demande officielle des propriétaires des terrains touchés, qu’il s’agisse de la Ville ou des propriétaires privés.

Car bien qu’il y ait les consignes transversales officielles de la ville, il y a des dynamiques propres à chaque quartier. «Les policiers sur le terrain connaissent très bien les dynamiques et les manques d’alternatives. Ils savent que s’ils démantèlent [un campement], le monde vont avoir nulle part où aller», dit la directrice du RAPSIM, Mme Savage. Elle assure qu’il «semble y avoir une tolérance non officielle», à ce niveau.

Effectivement, le SPVM rappelle avoir entrepris «depuis longtemps» un virage visant à éviter la judiciarisation inutile des personnes en situation d’itinérance.

Notre philosophie d’opération s’appuie sur la collaboration avec nos partenaires et l’intervention en mode d’accompagnement – référence auprès des ressources communautaires

Caroline Labelle, responsable aux communication du SPVM.

Plusieurs équipes mixtes comme l’EMRII, l’ESUP, les Patrouilles conjointes autochtones, et l’EMIC patrouillent la ville pour «soutenir et aider les personnes itinérantes», fait savoir Mme Labelle.

Un manque d’alternatives

Le campement observé par Métro se trouve à un jet de pierre de l’Hôtel-Dieu et à quelques mètres de Milton-Parc. L’an dernier, l’ombudsman de la Ville de Montréal, Nadine Mailloux, qualifiait la situation itinérante dans ce secteur d’une «crise humanitaire» dans un rapport déposé début mai.

Elle émettait alors cinq recommandations pour que la Ville de Montréal et les autorités passent à l’action pour améliorer la situation dans le secteur. Les personnes à risque y sont principalement des Inuits.

La directrice du RAPSIM réitère la problématique liée au manque d’alternatives au démantèlement. Elle lance un appel à la Ville et à l’ensemble des acteurs institutionnels: «il faut réfléchir sérieusement au phénomène et à nos responsabilités. Si on n’est pas capables d’offrir de réelle alternative, comment on veut soutenir les personnes qui campent» dans l’espace public?

Les pouvoirs publics doivent investir massivement et rapidement. […] Aucun partenaire n’est en mesure de répondre parce que l’infrastructure nécessaire n’existe pas. On n’est pas équipé.

Annie Savage, directrice au RAPSIM

Le réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal demande à ce que les pouvoirs soutiennent les campements plutôt que les démanteler. «La Ville doit apporter son soutien dans son champ de conséquence», réclame la directrice de l’organisme. Elle mentionne les besoins de poubelles et d’installations sanitaires à proximité de ces campements.

«Les campements sont des initiatives autogérées, et de solidarisation. Si la Ville était en soutien plutôt que dans une approche de répression, on en serait ailleurs», juge Mme Savage.

Au moment où ces lignes sont écrites, la Ville de Montréal n’a pas donné de retour à Métro.

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