L’industrie du tourisme ouvre ses portes aux futurs employés
L’industrie du tourisme met sur pied de nouvelles initiatives pour pallier la pénurie de main-d’œuvre affligeant ce secteur durement touché par la pandémie. Ce sont 34 000 personnes qui doivent être recrutées dans la province, alors que 14% des postes sont vacants.
Voilà pourquoi jusqu’au 6 mai, le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT) organise des portes ouvertes dans l’espoir d’en convaincre des chercheurs d’emploi à joindre les rangs de «l’industrie du bonheur», comme l’appelle le président-directeur général de l’Alliance du tourisme, Martin Soucy.
À Montréal, dix entreprises participent aux portes ouvertes, dont La Ronde, qui cherchait notamment à pourvoir 1000 postes pour la saison estivale 2023, en date du 23 février. L’agence de voyages Authentik Canada, le Casino de Montréal, les Croisières AML, l’hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth et Vélo Québec prennent également part à l’événement.
Le Groupe Écorécréo, qui opère des activités sportives et récréatives dans le Vieux-Port, sera également de la partie, tout comme Spiritours, une agence d’organisation de voyage, et l’organisme de voyages d’aventures Terres d’Aventures/Karavanier/Allibert.
Les portes ouvertes dans ce contexte, ça permet de mettre en valeur pour vrai le futur travailleur et même le travailleur actuel de notre secteur économique.
Martin Soucy, PDG de l’Alliance du tourisme
Ces entreprises offrent chacune des visites et des présentations des services offerts, en plus d’expliquer les conditions d’emploi.
Moins d’employés, moins de chambres disponibles
L’Hôtel Saint-Sulpice, situé dans le Vieux-Port de Montréal, également de la partie, compte 5% de ses postes encore à combler, explique son directeur général, Marc Dandeneau. Ces quelques derniers postes de premières lignes sont cruciaux pour permettre à l’hôtel et son restaurant de fonctionner à pleine capacité. Le manque de préposés aux chambres pourrait avoir un impact important sur le rendement de l’entreprise.
«Si on ne peut pas faire l’entretien ménager de toutes les chambres qu’on a, on ne peut pas toutes les louer», explique M. Dandeneau, illustrant comment le manque de main-d’œuvre peut affecter les entreprises locales.
Il cherche également à pourvoir des postes de concierge d’hôtel, de réceptionniste et de valet, en plus de différents postes qui lui permettront d’ouvrir le restaurant de l’hôtel 7 jours sur 7. Il souligne que c’est en recrutant du nouveau personnel qu’il pourra enlever un poids de sur les épaules de ses employés actuels.
Quels avantages à travailler en tourisme?
C’est avec la passion dans le regard que M. Soucy parle de son expérience dans le milieu, qu’il n’a pas quitté depuis son premier emploi, à l’accueil du parc national d’Oka, à 16 ans. Il a progressé rapidement dans l’industrie, et affirme qu’aujourd’hui, cette progression serait encore plus rapide.
Le grand défi des employeurs actuellement est la rétention des employés. Les propriétaires et gestionnaires font des pieds et des mains pour que l’atmosphère de travail donne l’envie de rester. À l’Hôtel Saint-Sulpice, par exemple, un «Comité bonheur» à été mis sur pied pour organiser des activités mensuelles pour les employés. On parle de journée de massages, de sortie au mini putt ou de barbecue, pour n’en nommer que quelques-unes.
Bien que l’Hôtel Saint-Sulpice soit un environnement de travail non syndiqué, l’employeur «s’inspire de l’environnement syndical» pour s’assurer que tout se passe bien sur le plancher. Des Comités de relation de travail sont donc organisés, lors desquels «ce sont seulement les employés qui se prononcent sur ce qui va bien et ce qui va moins bien».
Les horaires flexibles et saisonniers que permet l’industrie poussent les jeunes à se scolariser. Bien que ce ne soit pas une obligation, M. Soucy souligne l’importance d’avoir au moins un diplôme d’études secondaires et d’embaucher des employés qui se scolarisent «pour continuer d’offrir un service professionnel».
C’est sans compter les salaires, qui auraient augmenté entre 15% et 20% depuis la pandémie, dit M. Soucy.
Le directeur général du CQRHT, Xavier Gret, parle pour sa part d’une augmentation de 23% depuis 2017. Une carte avantage sera également offerte aux employés de l’industrie dans 13 régions du Québec, leur permettant d’avoir rabais et autres avantages ailleurs dans le secteur.
Les impacts de la pénurie sur le secteur
Le secteur contribue à la vitalité économique de l’ensemble des régions du Québec, explique le PDG de l’Alliance du tourisme, Martin Soucy. «En ce moment, c’est une des plus affectées par la pénurie de main-d’œuvre.»
Mais plutôt que de parler de pénurie de main-d’œuvre, celui-ci préfère parler de «réalité de la main-d’œuvre», puisque «la pénurie, on va l’avoir pour une dizaine d’années. C’est un phénomène qui était prévisible même avant la pandémie», soutient-il.
Mais la pandémie ayant mis tout le secteur à l’arrêt, plusieurs travailleurs expérimentés se sont vus obligés de quitter l’industrie, et ils ne sont pas tous revenus. Ce sont entre autres ces personnes que tentent d’aller chercher les employeurs du milieu, raconte le directeur général du CQRHT, Xavier Gret. Dans sa mire se trouvent également les étudiants et les jeunes retraités, en plus des ex-détenus et des personnes ayant des handicaps.
Malgré cela, le PDG de l’Alliance du tourisme ne semble pas trop inquiet puisque le secteur aurait réussi à se redresser. «Ça va très bien, le Québec performe mieux que les autres provinces canadiennes dans la relance et en termes de rayonnement international», affirme-t-il.
Et c’est la métropole qui écope le moins de la pénurie de main-d’œuvre, à l’échelle de la province. Donc, pour les jeunes Montréalais voulant découvrir de nouveaux horizons, plusieurs entreprises à l’extérieur de la métropole offre maintenant l’hébergement et pour d’autres, les coûts de déplacement et d’hébergement peuvent être partiellement remboursés. Les options sont multiples pour «découvrir de nouveaux horizons», conclut M. Soucy.