Des coccinelles contre les infestations de pucerons
La Ville de Montréal fait actuellement des essais avec des larves de coccinelles afin de répondre aux plaintes des citoyens de divers arrondissements au sujet d’une substance collante qui s’écoule des tilleuls, la troisième espèce d’arbre en importance à Montréal, et qui atterrit sur leurs voitures et leurs balcons.
Cette substance collante est du miellat, la sève digérée et sécrétée par les pucerons présents en grande quantité sur les arbres.
La Direction de l’environnement a entrepris un projet-pilote dans l’arrondissement du Sud-Ouest, un des secteurs présumément les plus touchés, pour déterminer si l’introduction de la coccinelle à deux points, un ennemi naturel du puceron, peut faire diminuer significativement la population de cet insecte. Des employés de la Ville s’affairaient, mercredi, à déposer deux sacs contenant chacun une centaine de larves de coccinelle sur 12 arbres de la rue Jogues, entre le boulevard des Trinitaires et de la rue Allard.
Montréal serait ainsi la première ville québécoise à essayer cette méthode, selon Nicolas Debovic, conseiller à la planification de la Direction de l’environnement. Il a toutefois relevé des exemples de succès en France et en Suisse.
«Avant 2004, nous utilisions des pesticides pour faire face à ce problème, ceux-ci ont été par la suite interdits par l’entrée en vigueur du Règlement sur l’utilisation des pesticides, raconte M. Debovic. Maintenant, certains arrondissements envoient des jets d’eau savonneuse sur les arbres pour se débarrasser des bestioles.» Ce dernier système a toutefois l’inconvénient de tuer d’autres espèces en même temps que les pucerons. Certains pucerons peuvent également développer une résistance à ce traitement.
Maryse Barrette, agente de recherche à la Direction de l’environnement, juge que cette semaine était le moment idéal pour libérer les larves. Avec ses collègues, elle fait des prélèvements hebdomadaires depuis le 16 mai sur les tilleuls du projet-pilote pour quantifier l’évolution de la population de pucerons. Cette dernière a littéralement explosé dans les dernières semaines en raison de la chaleur. «Les pucerons se reproduisent de façon asexuée par temps chaud, et peuvent faire de 5 à 6 clones par jour», explique Mme Barrette.
Le dernier dépistage, effectué le 15 juillet, indique qu’il y avait un peu plus d’un puceron par deux feuilles prélevées. À l’échelle d’un arbre, cela représente des dizaines de milliers de pucerons. La Direction de l’environnement espère que les larves de coccinelle, qui peuvent manger chacune une soixantaine de larves par jour, permettront de garder le ratio sous la barre d’un puceron par feuille, ratio à partir duquel les écoulements de miellat deviennent problématiques.
Maryse Barrette et son équipe continueront de surveiller la situation jusqu’en septembre, et compareront les 12 arbres traités aux coccinelles à 12 autres, sur la même rue, ne l’ayant pas été. Si le résultat est positif, ils espèrent étendre cette lutte biologique à d’autres arrondissements.