Batailles électorales: Montréal, des châteaux forts quasi imprenables
Le Parti québécois espère doubler le nombre de ses députés à Montréal au lendemain des élections provinciales, le 7 avril prochain. C’est un objectif qui pourrait s’avérer difficile à atteindre.
«Le grand drame de Montréal, c’est que Montréal ne bouge pas», a indiqué l’ancienne députée et analyste politique Liza Frulla. Elle attribue le peu de changements dans la députation montréalaise au fil des ans à la concentration d’anglophones, d’allophones et de francophones «habitués à côtoyer cette diversité» dans la métropole qui, traditionnellement, se range derrière
les libéraux.
Si l’objectif du PQ semblait à portée de main au début du mois, alors que les sondages lui donnaient 37% d’appuis, dont 45% au sein de l’électorat francophone, la remontée des libéraux, qui les place à 40% dans les intentions de vote, semble en voie d’anéantir ses espoirs.
«[La première ministre], Pauline Marois, pensait que l’enjeu serait la charte de la laïcité, a expliqué Mme Frulla. C’est un enjeu polarisant, mais à son avantage, puisqu’il ralliait les francophones qui sont répartis dans toutes les circonscriptions. Cet enjeu a été évincé par Pierre-Karl Péladeau qui a fait dévier la campagne sur un enjeu extrêmement polarisant [le référendum sur la souveraineté du Québec], au grand dam de Mme Marois. Tant qu’on va parler du référendum, les positions demeureront campées.»
Quelques circonscriptions pourraient malgré tout tomber du côté du Parti québécois (PQ), d’après le chargé de cours du Département de science politique de l’Université du Québec à Montréal André Lamoureux. «Dans Verdun et Saint-Henri–Sainte-Anne, Lorraine Pintal et Véronique Fournier ont de fortes chances de l’emporter, a-t-il dit. Or, si la hausse du vote du Parti libéral du Québec se consolide, ça ne sera pas possible de réaliser ces percées.»
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Le Parti libéral pourrait de son côté s’emparer de Crémazie, d’après Liza Frulla. Elle prédit une lutte serrée entre la ministre de l’Immigration, Diane de Courcy, et la présidente de la Commission politique nationale du PLQ, Marie Montpetit.
Pour gagner son pari, le PQ devra aussi composer avec Québec solidaire (QS), qui joue dans ses platebandes. Dans Sainte-Marie–Saint-Jacques, Manon Massé (QS) risque de donner des sueurs froides à l’adjoint parlementaire du PQ, Daniel Breton. Même chose dans Crémazie, avec André Frappier, et dans Laurier-Dorion, avec Andrés Fontecilla.
Québec solidaire devrait conserver les circonscriptions de Gouin et de Mercier représentées par Françoise David et Amir Khadir, mais il aura de la difficulté à faire de nouveaux gains, selon le responsable du site threehundredeight.com, spécialisé en projections électorales, Éric Grenier.
«Les sondages donnent Québec solidaire à environ 10% des intentions de vote pour l’ensemble de la province, mais à Montréal ils se situent encore autour de 12%, exactement comme en 2012, a-t-il rapporté. Il se pourrait très bien que leurs appuis soient en hausse seulement à l’extérieur de la métropole, et qu’ils aient déjà fait le plein de votes à Montréal.»
À 13% d’appuis dans les sondages, la Coalition avenir Québec (CAQ) n’est pas en position de faire une percée dans la métropole. Puisque le référendum est revenu à l’avant-plan dans les enjeux électoraux, les partisans de la CAQ pourraient avoir tendance à voter pour les libéraux, pense Liza Frulla.
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