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Des parents indignés par le report d’une chirurgie majeure

Photo: Mario Beauregard/Métro

Aude Geia-Lavergne, 13 ans, est en état de choc. À 15 heures d’une chirurgie urgente qu’elle devait subir à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) mardi, la résidante de Gatineau a appris que l’opération était reportée en janvier faute de lits disponibles aux soins intensifs.

La chirurgie était pourtant planifiée depuis 2 mois et attendue depuis 14 mois. Aude a une scoliose prononcée, sa colonne vertébrale étant déviée à 70 degrés.

«Son positionnement pèse sur ses organes internes, a expliqué son père Matthieu Lavergne mercredi en entrevue avec Métro. Elle est essoufflée, elle a des douleurs. Il y a 14 mois, on nous a dit que c’était urgent de faire une chirurgie pour redresser sa colonne avant qu’elle ait sa poussée de croissance.»

Aude souffre également de neuropathie sensorielle, ce qui fait en sorte qu’elle n’a pas de goûter et d’odorat et très peu de toucher. La chirurgie jugée nécessaire pour améliorer l’état de la jeune patiente est longue et ultra spécialisée, si bien qu’il a été difficile d’obtenir un premier rendez-vous. Elle avait d’abord été prévue au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, à Ottawa, mais avait été annulée, selon M. Lavergne, parce que le chirurgien spécialisé de cet hôpital était parti travailler aux États-Unis. Aude a donc dû se tourner vers l’HME, où la chirurgie était à l’horaire du 8 décembre.

ACTU - Aude Geia-Lavergne, ACTU - Aude Geia-Lavergne dos

Les conséquences de l’annulation de cette chirurgie sont catastrophiques pour la famille, tout d’abord sur le plan psychologique. «Je suis triste et fâchée. Ça faisait longtemps que j’attendais cette opération», a témoigné Aude.

«Cette chirurgie, c’est environ sept heures au bloc opératoire, une quinzaine de jours d’hospitalisation et environ un mois de rééducation. Elle avait dû laisser l’école d’avance. Ça a été une grande préparation psychologique», a souligné M. Lavergne.

Les dégâts sont aussi importants sur le plan matériel. Planifiant devoir rester à Montréal avec leur fille jusqu’à la fin du mois de décembre, les parents d’Aude ont pris congé de leurs emplois respectifs, avec les pertes de salaire que cela implique. Ils ont aussi loué un appartement à Montréal et ne savent pas encore s’ils pourront se faire rembourser une partie du loyer. M. Lavergne juge qu’ils ont ainsi perdu de 3000$ à 4000$.

«C’est important que la population sache que le système de santé a ce genre de défaillances.» – Matthieu Lavergne

Les parents de la jeune fille sont indignés. Ils dénoncent le manque de coordination de l’hôpital. «Comment se fait-il que l’hôpital, qui sait depuis deux mois que cette opération aura lieu, n’a pas pu réserver un lit aux soins intensifs?», a questionné M. Lavergne.

Ce jour-là, tous les lits des soins intensifs, sauf un, étaient occupés par des cas aigus, a expliqué la responsable des communications de l’Hôpital de Montréal pour enfants, Stephanie Tsirgiotis. Lorsqu’un telle situation survient, les chirurgies planifiées doivent être reportées. «Un patient dont l’état se détériorait rapidement s’est vu donner la priorité», a informé Mme Tsirgiotis par courriel.

Selon l’avocat spécialisé en droit de la santé Jean-Pierre Ménard, il est possible que l’HME ait eu un cas de force majeure ce jour-là. Il estime toutefois que les hôpitaux devraient en temps normal se garder une marge de manœuvre pour faire face aux imprévus aux soins intensifs. «Les annulations de chirurgies sont de plus en plus fréquentes avec les coupures de services dans le réseau de la santé. C’est problématique», a ajouté Me Ménard.

L’opération d’Aude a été reportée au 4 janvier. «Par contre, on a pas de garantie qu’il y aura un lit disponible», a décrié M. Lavergne, qui craint de revivre ce cauchemar une deuxième fois.

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